Intervention de Hervé Marseille

Réunion du 31 janvier 2024 à 15h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Hervé MarseilleHervé Marseille :

Dans cette France où « tout est possible », le sentiment d’injustice habite aussi les classes moyennes, celles qui contribuent sans recevoir – vous l’avez vous-même relevé.

Cela ne peut plus durer et appelle de ma part deux remarques.

Premièrement, les fiscalités de l’immobilier et des successions sont les plus mal vécues par les classes moyennes. Votre ouverture dans leur direction doit être l’occasion d’évoluer en la matière.

Deuxièmement, la fraude sociale et fiscale est au cœur de leur malaise. Nos concitoyens méritants ne supportent plus de voir, d’un côté, des prestations sociales méticuleusement détournées et, de l’autre, une poignée d’entreprises voyous s’exiler pour échapper à toute contribution aux charges publiques ! §Il faut mener une guerre sans merci à la fraude et à l’évasion sous toutes leurs formes.

L’injustice se vit aussi, de plus en plus, au travers du logement. Nous alertons depuis des mois sur une crise imminente. Elle est désormais présente, et vous avez déclaré vouloir la prendre à bras-le-corps.

Cependant, il n’est pas certain que la simplification des normes, la réquisition des bâtiments vides ou l’intégration du logement intermédiaire dans les critères de la loi SRU suffiront. Ces mesures sont pertinentes et attendues, mais il manque plusieurs centaines de milliers de logements.

Comment dégager du foncier avec les problèmes suscités en particulier par le ZAN ? Vous l’avez souligné : il faudra adapter l’application de ce principe. Tout ne pourra pas reposer sur la seule densification !

La transition écologique soulève également un enjeu majeur de justice et d’équité. Aussi vitale et nécessaire qu’elle soit, cette transition fera des perdants.

Je pense en particulier aux petits propriétaires qui seront plombés par le diagnostic de performance énergétique (DPE) ou aux artisans que les zones à faibles émissions (ZFE) empêcheront de travailler.

Monsieur le Premier ministre, l’injustice se niche jusque dans les derniers jours de la vie. La dépendance est l’un des défis majeurs qu’il nous faut relever. Avec le vieillissement de la population, c’est toute la société qui doit se réinventer.

Nous ne pouvons plus procrastiner ! Notre modèle social et financier est au bord de l’implosion. C’est maintenant qu’il faut agir.

Enfin, les inégalités et les injustices sont intergénérationnelles, ce qui pose la question de la dette et des déficits.

S’il nous faut maîtriser la trajectoire de nos finances publiques, c’est pour recouvrer des marges de manœuvre, mais aussi pour rétablir une équité intergénérationnelle.

Or nous n’en prenons pas le chemin. Cette année, notre pays devra emprunter 285 milliards d’euros, soit plus que le PIB du Portugal ! Quant à la charge de la dette, elle devrait bondir de 50 % d’ici à 2027.

Maîtriser les dépenses, c’est faire des économies, mais c’est surtout faire des réformes de structure sans attendre le retour des vaches grasses.

Pour terminer, monsieur le Premier ministre, revenons, si vous me le permettez, à votre état civil. Nous pouvions attendre d’un jeune chef du Gouvernement qu’il nous ouvre sur le futur, qu’il nous parle d’intelligence artificielle, d’hydrogène vert, d’espace ou de génétique, en un mot de ce monde en transformation – pour ne pas dire en ébullition –, sur lequel nous devons nous repositionner.

Nous n’en avons pas parlé, parce que vous êtes rattrapé – nous le sommes tous – par les problèmes du passé que nous n’avons pas pu résoudre.

Pourtant, vous avez cherché à nous transmettre l’essentiel : l’optimisme et la détermination. Comme vous, nous savons que notre avenir sera européen ou ne sera pas. Cela n’interdit pas d’être critique vis-à-vis de l’Europe que nous avons construite, une Europe trop technocratique et loin de celle dont nous rêvions.

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