Monsieur le Premier ministre, vous avez surjoué le volontarisme dans votre déclaration de politique générale. Drapé dans la nouveauté qu’inspire votre nomination récente, vous semblez découvrir une situation dont ni vous ni Emmanuel Macron ne seriez aucunement responsables, un bilan dont vous ne seriez pas comptables.
Ainsi, sous couvert de modernité et de jeunesse, votre logiciel politique est daté et obsolète.
Mais voilà que la crise agricole, lancinante et menaçante depuis des décennies, vous saute à la figure. Elle témoigne des ravages du libre-échange, d’une politique bruxelloise déconnectée des réalités du monde paysan et de celle d’un gouvernement resté sourd aux cris de colère et de désespoir.
Tous ces maux, que le Rassemblement national dénonce depuis longtemps, vous semblez les découvrir aujourd’hui, alors que nos agriculteurs convergent vers Paris dans un mouvement pacifique et pleinement soutenu par les Français.
Monsieur le Premier ministre, vous avez appuyé, d’une manière ou d’une autre, tous ceux qui ont échoué depuis dix ans, qu’ils soient de gauche ou de droite. Vous avez été incapable, par idéologie et par conformisme, de résister à un libre-échange délirant.
Comment peut-on encore vous croire en sachant que la feuille de route ultralibérale continuera d’être déroulée dans les mois et les années à venir ? Comment pourrez-vous rétablir la confiance, alors que vous êtes comptable – d’aucuns diraient coupable – du malheur de nos paysans ?
Monsieur le Premier ministre, vous parlez d’action, vous multipliez les déplacements, mais vous ne pouvez rien faire parce que vous ne vous libérez pas d’entraves confortables, qui permettent de systématiquement rejeter la responsabilité de ses échecs sur d’autres.
C’est à Bruxelles que se décide notre politique agricole. C’est bien là que réside tout le problème français : le pouvoir politique n’existe plus ; il est dilué, abandonné par les politiques eux-mêmes. Nos compatriotes l’ont bien compris : Bruxelles décide et les Français subissent.
Ce qui caractérise le système, dont vous êtes l’un des tenants, c’est l’impuissance consentie. J’en veux pour preuve la question sécuritaire et migratoire, la poursuite en 2023 de l’immigration massive, la non-exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) – source de nombreux drames –, les émeutes qui ont enflammé le pays en juillet dernier…
Monsieur le Premier ministre, vous évoquiez hier, à juste titre, votre satisfaction de pouvoir, en 2024, être Premier ministre et homosexuel assumé. Permettez-moi de sortir de l’immédiateté et de vous poser une question : si le laxisme sécuritaire et migratoire perdure, pensez-vous que nous pourrons encore assumer notre homosexualité en 2034 ? Je l’espère !
Cette question me conduit à évoquer le drame que vivent nos compatriotes et qui s’aggrave chaque année un peu plus : sept ans de Macronie, c’est sept ans de précarité, d’incapacité à se projeter, de sacrifices et de compromis, parce que leur pouvoir d’achat est la cible de mesquineries permanentes et l’exutoire du « quoi qu’il en coûte ».
Monsieur le Premier ministre, vous avez dressé hier le portrait d’une France idéale ; mais être Français en 2024, c’est aussi avoir du mal à boucler ses fins, voire ses débuts de mois, et c’est aussi ne pas trouver de place dans un institut spécialisé pour y placer son enfant en situation de handicap.
Vos promesses, monsieur le Premier ministre, n’y changeront rien. Votre communication léchée ne nous fera pas oublier la réalité et votre bilan. Votre gouvernement demeure minoritaire, dans les Chambres comme dans le pays.
Monsieur le Premier ministre, prenons date : nous faisons le pari que, dans six mois, un an, voire deux ans, rien n’aura changé. Les Français veulent des personnes qui agissent au quotidien et non qui se contentent d’être les témoins du déclin.