Intervention de Aymeri de Montesquiou

Réunion du 8 mars 2011 à 9h30
Questions orales — Dates d'épandage des intrants

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

Monsieur le secrétaire d’État, l’interdiction européenne d’épandre les engrais sur une période strictement définie est absolument contraire au bon sens !

La Commission européenne connaît-elle la date des semis, la pluviométrie, la somme des températures, le développement de la céréale, le stade de nutrition et de traitement ? Dès lors, comment peut-elle décider d’interdire les épandages jusqu’à la date du 15 janvier en ne tenant compte ni du caractère fluctuant de ces paramètres d’une année sur l’autre ni du conditionnement des produits ?

L’azote, par exemple, est présenté soit en granules, soit sous forme liquide. Son épandage varie en fonction de la météorologie : s’il pleut, on ne peut utiliser l’azote liquide ; si le sol est trop sec, on ne peut employer les granules.

Cette stricte planification à objectif écologique est d’autant plus absurde qu’elle peut même provoquer des pics de pollution, car tous les agriculteurs sont ainsi amenés à épandre leurs engrais au même moment.

Si, en cas de récolte précoce et en fonction des régions, les dates d’épandage des engrais azotés peuvent être avancées par dérogation de la préfecture, la procédure est lourde et les délais sont longs, ce qui compromet toute réactivité, pourtant indispensable.

Courteline n’est pas mort : les agriculteurs doivent remplir des fiches techniques et y indiquer la dose et le type d’engrais utilisé, parcelle par parcelle ! De plus, ils devront suivre des stages de formation pour être habilités à épandre les pesticides.

Ne peut-on pas leur faire confiance et les considérer comme responsables ? Mieux que quiconque, ils savent à quel moment et de quelle façon utiliser les intrants, qui sont de plus en plus onéreux.

Monsieur le secrétaire d’État, l’agriculture est sans doute la profession qui a le plus évolué ces dernières années et qui s’est le mieux adaptée à la révolution technologique. N’infligez donc pas aux agriculteurs de nouvelles contraintes, qu’ils perçoivent comme du harcèlement administratif et qui viennent s’ajouter à toutes les difficultés qu’ils rencontrent.

M. le ministre de l’agriculture est-il prêt à traiter les agriculteurs en entrepreneurs responsables et à demander à la Commission de les laisser libres de gérer leur exploitation, avec bon sens et en respectant l’environnement, hors de ce carcan administratif, qui est source de dépenses inutiles et qui produit des effets contraires, au final, à l’objectif écologique recherché ? Les agriculteurs partagent les préoccupations écologiques. En outre, le coût des intrants est un facteur de modération supplémentaire.

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