Intervention de Anne-Marie Payet

Réunion du 11 juin 2008 à 15h00
Lutte contre les addictions — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de Anne-Marie PayetAnne-Marie Payet :

J’aimerais aussi, madame la ministre, que soit apportée une modification au code du travail de telle sorte que toutes les boissons alcoolisées autres que le vin, la bière, le cidre, le poiré, l’hydromel non additionné d’alcool, soient interdites dans les cantines d’entreprise.

Il y a quelques années, quand on faisait une différence entre les alcools forts et ceux dits « légers », cela pouvait se comprendre. Aujourd’hui, les campagnes de prévention ont appris à tous les Français, ce qui, d’ailleurs, ne leur a pas toujours plu, qu’il y avait la même quantité d’alcool pur dans un verre de whisky, de bière, de rhum ou de vin. Il convient donc de rectifier cet article du code du travail, surtout quand on sait que, dans les entreprises, l’alcool a une grande part dans les situations conflictuelles et surtout dans certains accidents du travail – 15 % à 25 % d’entre eux –, souvent inexpliqués.

À cet égard, un célèbre professeur de médecine disait : « Quand vous ne connaissez pas les causes, cherchez l’alcool ! »

De la même façon, la prise en charge des addictions, singulièrement de l’alcoolisme, est obsolète. C’est ce que révèle le rapport du professeur Nordmann que nous avons reçu et selon lequel la région parisienne compterait près de 2 millions d’alcoolo-dépendants, alors qu’il y a une insuffisance de lits de sevrage caractérisée.

Mais encore, on ne peut mener de politique globale de lutte contre l’alcoolisme si l’on ignore la nature et l’ampleur précises du phénomène. C’est pourtant aujourd’hui le cas : il est très difficile de répondre à la question de savoir combien de personnes sont touchées en France.

L’une des personnes que nous avons auditionnées a fait cette réflexion frappante : « Notre pays a beaucoup investi pour le risque virtuel qu’était la grippe aviaire, mais n’a pas fait d’étude générale sur l’addiction en général, et l’alcoolisme en particulier. » Pourtant, même si elles sont coûteuses, de telles études sont nécessaires à long terme afin d’adapter les politiques publiques.

Enfin, les politiques actuellement menées sont insuffisamment évaluées.

En matière de tabagisme, la situation n’est pas plus satisfaisante.

Responsable de 60 000 décès par an, le tabagisme actif représente la première cause de mortalité évitable.

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