Intervention de Nicole Borvo Cohen-Seat

Réunion du 1er juin 2011 à 14h30
Modernisation du congé maternité — Article 1er, amendement 1

Photo de Nicole Borvo Cohen-SeatNicole Borvo Cohen-Seat :

Je suis résolument hostile à la mesure de libéralisation proposée par les auteurs de l’amendement n° 1 rectifié bis. C’est le syndrome people : chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut. Le problème est que toutes les femmes ne sont pas des people

Je considère pour ma part que le législateur doit assurer aux femmes et aux enfants une protection absolue de leur santé.

Très souvent, dans la mesure où leur santé le permet, les femmes souhaitent réduire le congé prénatal pour prolonger le congé postnatal, eu égard aux difficultés qu’elles rencontrent pour faire garder leur jeune enfant et aux réticences qu’elles éprouvent à confier très tôt celui-ci à une structure d’accueil. Elles préfèrent donc rester avec leur nouveau-né le plus longtemps possible, ce qui plaide en faveur de l’allongement du congé de maternité.

Cela étant, si l’on laisse à la seule salariée le soin de répartir son congé de maternité avant et après l’accouchement, l’employeur risquera d’influencer sa décision, notamment pour l’inciter à cesser son activité le plus tard possible, sachant que peut-être elle ne reprendra pas son emploi après la naissance…

C’est là une mesure pro-patronat, visant les cadres de direction, qui va à l’encontre de la protection de la maternité.

En outre, on sait très bien que ne pas cesser l’activité professionnelle suffisamment longtemps avant la naissance favorise les accouchements prématurés, notamment chez les femmes qui effectuent de longs trajets pour se rendre sur leur lieu de travail. J’ajoute que cela a un coût pour la sécurité sociale, argument que vous devriez prendre en compte, vous qui êtes obnubilés par la réduction de la dépense publique !

Il est tout à fait illusoire d’invoquer la liberté des femmes en la matière, car une telle mesure ne profiterait qu’à un très petit nombre d’entre elles, appartenant à certaines catégories bien précises. Madame Procaccia, je vais à mon tour citer les paroles d’une chanson de Jean Ferrat : « Ma môme, elle joue pas les starlettes », comme certaines femmes qui font la une des journaux people, « elle travaille en usine à Créteil. » Les femmes qui travaillent debout toute la journée, en usine ou à Carrefour, n’ont aucune envie qu’on les pousse à rester à leur poste jusqu’au jour de leur accouchement ! §

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