Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nul ne peut ignorer, sur la façade méditerranéenne, les difficultés de la SNCM. C'est pourquoi notre collègue Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, qui s'est trouvé empêché de participer à cette séance pour des impératifs de calendrier, m'a prié d'apporter quelques précisions sur ce dossier qu'évoque notre collègue Robert Bret.
Voilà un an environ, lorsque Bruxelles a accepté, sur nos demandes insistantes, un premier plan de redressement, la Société nationale Corse-Méditerranée se trouvait au bord du dépôt de bilan.
Comme vous le savez, la Commission européenne n'était alors pas très enthousiaste pour autoriser ce renflouement de la compagnie par l'Etat français, craignant une distorsion de concurrence.
Nous avons fait valoir avec force - et nous n'étions pas les seuls - que la SNCM assurait un service public, ce qui n'était pas le cas de la principale société concurrente desservant la Corse.
Tenant compte de nos arguments, Bruxelles a autorisé l'Etat à recapitaliser les fonds propres de la compagnie, pour un montant de l'ordre de 70 millions d'euros selon M. Gaudin, de 68 millions selon M. Bret. Ainsi, la SNCM pouvait-elle repartir d'un bon pied.
Malheureusement, cet assainissement financier n'a pas fait disparaître tous les problèmes, avec le durcissement de la concurrence et la baisse des trafics sur la Corse en 2004.
On se souvient de la grève engagée par le syndicat des travailleurs corses à la fin de l'été, laquelle a conduit à la signature des accords du 18 septembre ; mais souvenons-nous aussi de la protestation des autres syndicats, qui a conduit à la signature du 23 septembre. Des difficultés demeurent donc.
Permettez-moi d'ajouter un commentaire personnel. Parlant de ce conflit, un journaliste m'a dit tout à l'heure, dans les couloirs, qu'il s'agissait du passé et que c'était oublié. Mais non, ce n'est pas oublié ! Que notre collègue Desessard veuille bien m'excuser mais j'ai trouvé qu'il était relativement indulgent pour certains aspects de ce conflit entre syndicats. Nous avons eu le privilège d'assister à la démonstration unique et sans précédent d'un cas de discrimination positive. Cela n'a pas été si bien accepté par les syndicats, qui se sont eux-mêmes opposés à la signature du premier accord.
Il ne faut pas oublier que, si la promotion du travail local fait partie de toutes les ambitions régionales, il s'agissait, en l'espèce, de quelque chose de parfaitement inacceptable. Je dois dire que j'en ai été personnellement scandalisé, mon cher collègue, et j'ai été heureux de la réaction des syndicats majoritaires, qui ont réussi, en peu de temps, à trouver un autre équilibre dans la discussion.
Il est toutefois évident que Bruxelles n'autorisera pas l'Etat à intervenir dans la société tant que la SNCM n'aura pas fait la démonstration de sa viabilité.
Or cette démonstration doit, au point où nous en sommes, être administrée par les travailleurs de l'entreprise. Il nous semble donc que les salariés de la SNCM auraient tout intérêt à faire preuve d'une grande sagesse en renonçant notamment à l'usage des grèves à répétition - particulièrement graves sur un itinéraire de ce genre - qui ont considérablement terni l'image de la compagnie, lourdement entravé son redressement financier et sont peut-être à l'origine d'un certain nombre de ralentissements de la fréquentation.
De fait, alors qu'à l'issue du renflouement, la SNCM annonçait 3 millions d'euros de bénéfice pour l'exercice 2004, celui-ci devrait se terminer avec une perte de 30 millions, dont 8 millions sont directement imputables aux derniers conflits.
Nous tenons autant que les salariés de la SNCM à ce service public de liaison entre la Corse et le continent ; nous avons montré que nous étions capables de nous battre pour le maintenir et pour assurer la pérennité de la société. Nous avons fortement soutenu cette société, alors fragilisée, lors du renouvellement de l'appel d'offres, ce qui était essentiel.
Dorénavant, c'est aux salariés de retrouver, eux aussi, le chemin du redressement de leur compagnie en lui redonnant de l'attractivité. Pour cela, ils doivent pouvoir compter sur le soutien de l'ensemble des protagonistes.