Intervention de Jean-Marc Pastor

Réunion du 16 avril 2008 à 15h00
Organismes génétiquement modifiés — Discussion d'un projet de loi en deuxième lecture

Photo de Jean-Marc PastorJean-Marc Pastor :

Voilà autant de questions qui se posent toujours à nous et sur lesquelles notre société a bien besoin de réponses. En effet, c’est ce travail qui doit apporter les éclairages nécessaires, afin de faciliter les réponses aux interrogations de notre société sur ce sujet.

Outre ces éléments qui pourraient apparaître comme positifs pour l’homme, il existe aussi des éléments moins connus ou même des approches à risque qui nous imposent une immense prudence. Ainsi, le BT, dont nous avons déjà parlé, est l’objet d’interrogations fortes ; sans doute convient-il de le manier avec plus de modération, et en tout cas de poursuivre la recherche.

Pour les PGM, deux questions subsistent. Après le Grenelle de l’environnement, tout le monde était convaincu qu’il fallait garantir le choix de cultures avec ou sans OGM, et surtout protéger les agriculteurs qui souhaitaient produire sans OGM.

Qu’en est-il dans le texte qui nous est proposé aujourd’hui ? L’Assemblée nationale a adopté un amendement visant à protéger clairement les cultures non OGM, en phase avec vos propres conclusions sur le Grenelle de l’environnement, monsieur le ministre d’État, et c’est heureux !

Comment imaginer dans un tel contexte la culture des PGM en pleine nature sans un encadrement, sans un protocole de culture, de distance, le tout dans la plus grande transparence, avec un suivi fondé sur le principe des commissions locales d’information ? Il faut aller jusqu’au bout de l’information et arrêter de fonctionner caché, comme cela a été le cas jusqu’à maintenant !

Je ne peux passer sous silence le fait que nous affilions l’agriculteur à une firme : une fois qu’il aura enclenché le processus, il n’y aura pas de retour possible.

Le projet de loi porte sur les OGM, et pas uniquement sur les PGM.

Voilà quelques années, Jean Bizet et moi-même avons pu observer aux États-Unis le transfert du gène laitier bovin sur le chromosome d’une truie. Les femelles auxquelles celle-ci a donné naissance produisent trois fois plus de lait qu’une truie non OGM.

Cet exemple illustre à la fois la performance scientifique, qui est assez exceptionnelle, et la porte ouverte à tout, et surtout au pire, que l’on voit se dessiner. En effet, demain, qui maîtrisera les abus ? Comment l’homme, qui se trouve être l’un des maillons du règne animal, va-t-il pouvoir maîtriser cette avancée ? Rien dans le projet de loi n’évoque ce sujet, pourtant essentiel, mes chers collègues.

Vous me direz que les progrès scientifiques suscitent toujours des retours en arrière, des inquiétudes ; Pasteur lui-même a failli se faire lyncher. Mais la situation n’était pas la même.

Si nous ne mettons pas des barrières fortes, l’humanité peut basculer : l’argent et le business aux commandes – aujourd’hui Monsanto, demain une autre firme –, la dérive éthique, la pollution environnementale… Monsieur le ministre d’État, vous avez vous-même évoqué les risques de contamination ; ceux-ci doivent nous obliger à constituer des barrières, des protections.

Le rôle du législateur devant toute avancée scientifique est de s’assurer que cette dernière est bien maîtrisée par l’homme, et au service de l’homme.

Faisons tout pour cela ! Que l’opérateur public puisse rester maître de la commande, afin d’éviter que, demain, une poignée d’individus ne s’accapare le monde.

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