J’imagine que vous témoignerez de nos difficultés languedociennes, mon cher collègue !
À l’heure actuelle, dans certaines de nos régions, les vignerons perdent jusqu’à 1 000 euros par hectare. Ce n’est pas tenable. M. Rainaud ne vous dira pas le contraire. D’ailleurs, des pans entiers de notre économie sont en train de disparaître ; des secteurs entiers sont en train de mourir.
Les mots peuvent être plus durs encore, monsieur le ministre. Ainsi, les viticulteurs concernés vous diraient : « Nous sommes en train de crever dans l’indifférence générale ! »
Savez-vous à combien s’élevait, en 1982, la recette correspondant à la vente d’un hectolitre de vin de pays, tous frais de vinification déduits ? À 208 francs, c’est-à-dire à 31, 70 euros nets. Savez-vous à combien s’est élevée cette recette pour un même hectolitre, tous frais de vinification déduits, en 2007, soit vingt-cinq ans plus tard ? À 30 euros !
Concernant le prévisionnel 2008, tout porte à penser que la recette se situera autour de 27 euros, une fois déduits les frais de vinification, plus importants encore en raison de la suppression des contrats de stockage et autres prestations, et de la hausse des coûts divers de productions.
Tout est dit : la très grande majorité des viticulteurs est dans le rouge… c’est-à-dire en déficit.
La seule issue, pour de nombreux vignerons, faute de soutien, c’est parfois le RMI, très souvent l’arrachage, parfois même l’abandon définitif. Certains arrachent sans prime, monsieur le ministre ! C’est à un véritable sacrifice que se livrent d’innombrables vignerons : pour pouvoir simplement vivre, ils sacrifient leur propre potentiel de production.
La crise est en train de faire le « sale travail », c’est-à-dire de rayer des secteurs entiers de la carte viticole de certaines régions.
La désespérance des vignerons est telle que les représentants de la profession vous demandent, monsieur le ministre – c’est tout dire ! –, de prendre toutes initiatives auprès des instances européennes afin qu’une rallonge financière soit accordée pour satisfaire des demandes d’arrachage définitif de plus en plus nombreuses. Ils sollicitent également une année supplémentaire d’application de cette mesure d’arrachage, un véritable crève-cœur pour eux et, en même temps, une nécessité impérieuse. C’est ainsi. Ils n’ont plus d’autre choix.
En l’absence de véritables soutiens financiers et à cause d’une crise qui les enfonce chaque jour davantage dans la précarité, la seule alternative dont ils disposent pour sauver leurs exploitations, c’est d’arracher certaines parcelles pour obtenir un peu de trésorerie.
Quelle suite, monsieur le ministre, comptez-vous donner à cette demande ?
Je veux également revenir sur la décision de supprimer, d’ici à quelques années, les restrictions de plantation via le régime des droits de plantations. Cette mesure, contre laquelle nous nous étions élevés lors de notre rencontre avec Mme Fischer-Bohl, à Bruxelles, risque de faire la part belle à de grands groupes financiers et d’aboutir à une concentration des exploitations viticoles au détriment des petits producteurs indépendants et des coopératives.