Le mieux est parfois l’ennemi du bien ! Voici en effet que l’on nous invite, dans le cadre des missions de service public de la télévision et de la radiodiffusion, à prévoir qu’un effort particulier doit être accompli pour la défense et l’illustration des langues et cultures régionales.
À en croire certains, notamment certains auteurs de l’amendement ayant conduit à l’introduction de cette notion dans le texte, on pourrait penser que rien n’est fait aujourd’hui pour la promotion de la diversité culturelle par le service public de télévision et de radiodiffusion.
Or le rapport au fond souligne que la loi de 1986 confie cette mission jusqu’alors à la seule chaîne RFO, chargée d’assurer, en application de l’article 44, « la promotion de la langue française ainsi que celle des langues et cultures régionales ». Par ailleurs, le cahier des missions et des charges de France 3 prévoit que la « société contribue à l’expression des principales langues régionales parlées sur le territoire métropolitain ».
De même, Radio France doit non seulement contribuer à la « promotion et à l’illustration de la langue française » et veiller à la qualité du langage employé dans ses programmes, mais également faire en sorte que ses stations locales « contribuent à l’expression des langues régionales ».
Chaque année, un bilan de l’emploi des langues régionales dans les médias est présenté au Parlement dans le Rapport annuel au Parlement sur l’emploi de la langue française, établi par la délégation générale à la langue française et aux langues de France. Je vous renvoie au bilan ainsi établi, qui montre des résultats non négligeables en la matière.
En clair, nous ne partons pas de rien et nous ne sommes pas tout à fait persuadés de la nécessité d’aller plus loin en matière de promotion de ces langues et cultures régionales.
Que l’on ne s’y trompe pas, l’objet de cet article, en ce domaine comme en beaucoup d’autres, est bien de participer à la remise en cause de ce principe essentiel de la République que constitue l’unité du pays construite autour d’une langue commune à tous, à savoir le français.
Retourner au local et valoriser ce qui constitue un particularisme revient, de fait, à remettre en question les fondements de l’unité républicaine du pays.
Sauf à l’écrire dans la Constitution, mais je ne crois pas que ce soit le cas, la France n’est pas un État fédéral. D’ailleurs, il est des États fédéraux dans lesquels la même langue est commune à tous.
Et ce qui fait sens pour l’unité nationale est souvent la langue commune à tous, l’outil dont tout le monde se sert pour comprendre et être compris de l’autre, dans la richesse de son altérité.
Les langues et cultures régionales n’ont rien à gagner d’une sorte de spécification et d’un repli identitaire susceptibles de remettre en cause ce qui réunit l’ensemble de la collectivité des habitants de notre pays.
Et s’il faut faire des efforts particuliers pour la valorisation de ces cultures, dans le cadre d’un échange mutuel avec la culture nationale dans sa diversité, pourquoi les limiter au seul secteur de l’audiovisuel public ?
En l’occurrence, TF1 ou M6 peuvent continuer, d’une part, à nous abreuver d’émissions au contenu plus ou moins discutable sans avoir à produire le moindre effort sur le sujet qui nous préoccupe actuellement et, d’autre part, à soumettre la langue française à moult violences et outrances verbales, tout en ne risquant que la réprimande vite oubliée du CSA !
Prenons garde de ne pas trop charger la barque du service public de l’audiovisuel, sinon elle finira par couler ! N’adoptons pas des dispositions qui n’apportent rien à l’existant et dont la portée normative est sans doute très éloignée de ce qui est indispensable.
Par conséquent, nous ne voterons pas cet article.