Intervention de Yves Pozzo di Borgo

Réunion du 30 janvier 2009 à 9h45
Mise en œuvre du grenelle de l'environnement — Article 13

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo :

Soit, madame Blandin, mais je m’adresse à nos collègues de province, pour qu’ils comprennent bien ce qu’est la vie des Franciliens.

D’ailleurs, on a fait une enquête, certes informelle, auprès de nos concitoyens qui vivent en première ou en deuxième couronne et qui prennent leur voiture le matin aux heures de pointe pour aller travailler, quitte à faire au volant quarante, cinquante ou soixante kilomètres, à l’aller comme au retour. La plupart d’entre eux répondent : « Nous préférons faire une heure et demie de trajet assis dans notre voiture à écouter la radio plutôt que prendre des trains ou des RER bondés. » C’est là un élément très important à verser à notre débat.

Comment quelqu'un qui vient travailler à Paris – n’oubliez pas, mes chers collègues, que notre économie l’exige – dès cinq ou six heures du matin, c'est-à-dire à l’heure où les métros sont bondés, peut-il se justifier auprès de son employeur lorsqu’il arrive plusieurs fois par semaine en retard à cause de défaillances sur les transports en commun, tous modes de transport confondus, surtout dans une période économique difficile, où la pression sur l’emploi est forte ?

Le nombre de voyageurs sur le réseau francilien dépasse celui des usagers des TGV sur l’ensemble du territoire ! Six trains sur dix exploités chaque jour roulent en région parisienne.

Entre 1999 et 2007, le trafic aurait augmenté de plus de 23 %, alors que le matériel ne suit pas, faute d’investissements suffisants, et l’âge des trains serait, si mes informations sont exactes, de vingt-trois ans en moyenne. Les TER eux-mêmes ont vu leur vitesse moyenne diminuer de 10 % par manque d’entretien du réseau.

Les usagers des transports en commun franciliens sont unanimes : les retards sont de plus en plus fréquents et les trains en nombre insuffisant. Au moindre problème, et il n’en manque pas, les voyageurs s’agglutinent sur les quais, trop nombreux pour entrer dans les voitures des trains suivants, ce qui accroît d’autant la durée du transport réellement supportée par les usagers. Les conséquences sont multiples : retards innombrables et vies professionnelles dégradées, certains employeurs évitant même de recruter des « banlieusards ».

En ce qui concerne les retards, l’expérience des usagers ne correspond pas du tout aux statistiques données par la SNCF ou la RATP. Ces deux organismes reconnaissent que les Transiliens, les trains du réseau de l’Île-de-France, accusent un retard qui s’aggrave d’année en année, puisque leur taux de ponctualité est passé de 90, 5 % en 2007 à 88 % en 2008. Or, dans ces pourcentages, seuls les trains qui partent sont pris en compte, et non ceux qui restent sur les voies de garage pour un problème de chauffeur ou une cause mécanique !

En outre, les usagers des transports en commun vivent de plus en plus mal leurs conditions de transport, qui sont très dégradées, parfois à la limite du supportable, alors que des hausses tarifaires sur les tickets mensuels sont d’ores et déjà annoncées pour le mois de juillet prochain. L’incompréhension est grande, monsieur le ministre !

À l’heure du Grenelle de l’environnement, alors que la place des transports en commun est appelée à croître encore, il est indispensable de prendre en compte les demandes des usagers.

Tel est le sens de notre amendement.

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