Intervention de Martial Bourquin

Réunion du 1er mars 2011 à 9h30
Questions orales — Situation des allocataires de l'allocation équivalent retraite

Photo de Martial BourquinMartial Bourquin :

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ma question concerne les 45 000 allocataires de l’allocation équivalent retraite ou AER.

Depuis 2008, des dizaines de milliers de nos concitoyens, aux carrières souvent longues et pénibles, sont partis en retraite anticipée dans le cadre de plans de départ dits volontaires validés par les directions départementales du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle.

Ces personnes ont quitté leur emploi parce qu’on le leur a demandé et qu’on les a persuadées qu’elles allaient toucher à l’issue de la période d’indemnisation de chômage l’allocation équivalent retraite, soit environ 1 000 euros par mois.

Or ces salariés ont découvert non seulement que l’AER n’existait plus, mais aussi qu’ils pourraient tout au plus prétendre à l’ASS, l’allocation de solidarité spécifique, qui représente 450 euros par mois.

Madame la secrétaire d’État, le différentiel de plus de 500 euros dans les revenus d’un ménage moyen, ce n’est pas de l’argent de poche. Les allocataires de l’AER ne sont pas des chômeurs surpayés, comme j’ai pu l’entendre dire. Cette somme représente simplement la différence qui existe parfois entre la précarité et la dignité humaine.

Après différentes interventions appuyées du groupe socialiste, le Gouvernement a accepté de prolonger le dispositif de l’AER en 2009, puis en 2010. Pour l’année 2011, année qualifiée de sortie de crise par certains, non seulement vous avez donné une fin de non-recevoir à nos demandes de prolongation du dispositif, en discussion budgétaire, mais, cerise sur le gâteau, la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites a prolongé le supplice de ces anciens salariés de deux ans en rétablissant l’obligation de rechercher un emploi.

Or rechercher un emploi dans la situation actuelle – le nombre de seniors de plus de 50 ans en quête d’emploi a augmenté de 16, 3 % en 2011 alors que le chômage de longue durée a bondi de 20 % en 2010 – s’apparente à un véritable exploit. Dans ces conditions, c’est un abandon de première classe que de laisser ainsi tomber des personnes qui ont quarante ans de travail pénible derrière elles.

Nous savons que des négociations sont en cours avec les représentants de ces ex-salariés. Il ne s’agirait pas de prolonger le dispositif existant mais d’en inventer un autre.

En tout état de cause, madame la secrétaire d’État, nous demandons que cette allocation, sous quelque forme que ce soit, soit rétablie, et ce de façon rétroactive. Le Gouvernement a, en quelque sorte, mis ces personnes dans une situation de précarité ; c’est donc à lui de les en sortir.

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