Intervention de Jean-Paul Virapoullé

Réunion du 16 janvier 2007 à 16h10
Article 77 de la constitution — Adoption d'un projet de loi constitutionnelle

Photo de Jean-Paul VirapoulléJean-Paul Virapoullé :

Ces accords - je le dis ici avec beaucoup de conviction à nos amis de Nouvelle-Calédonie, qu'ils soient loyalistes ou indépendantistes - vont permettre à la Nouvelle-Calédonie d'atteindre une autonomie beaucoup plus forte que l'autonomie institutionnelle.

Vous voulez mieux gérer vos affaires vous-mêmes. C'est le propre de tout élu, qu'il soit élu de Bretagne, de la Réunion ou de Nouvelle-Calédonie. C'est vrai que la distance, l'histoire, celle de votre peuplement notamment, attisent cette volonté. Mais souvenez-vous que l'autonomie institutionnelle dépend également de la qualité des compétences que vous devez établir localement.

Ces accords sont bons parce qu'ils ont incité à la formation des hommes et parce qu'ils ont permis à ceux qui étaient exclus des responsabilités d'y accéder. Mais s'ils sont bons, c'est aussi parce qu'ils ont permis au temps de passer et aux vérités d'aujourd'hui d'éclairer la route de demain.

En 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, toutes les anciennes colonies criaient : « Vive l'indépendance ! », parce qu'elles y croyaient et voyaient en elle l'accession au bonheur absolu. Mais regardez le résultat aujourd'hui ! Regardez dans quel état se trouvent l'Afrique, Madagascar !

Que reste-t-il aujourd'hui de la notion d'indépendance, même pour un grand pays comme la France ?

Sommes-nous indépendants ? Non ! Nous sommes dépendants des directives communautaires. Nous sommes dépendants d'un ensemble communautaire auquel nous appartenons. Nous sommes dépendants des accords de l'Organisation mondiale du commerce ! Nous sommes dépendants des règles internationales et des accords que nous avons signés. L'indépendance absolue n'existe pas !

Quand vous aurez conquis votre souveraineté, si vous le souhaitez, vous serez, sachez-le, les appâts de puissances nouvelles qui ne sont pas, elles, les nations des droits de l'homme, celles qui protègent les plus faibles, celles qui ont su, comme notre nation, marquer, à travers l'histoire, par leur Constitution, le respect des droits de l'homme. Vous serez les otages de nouvelles puissances, qui seront plus soucieuses du nickel néo-calédonien que des droits des Calédoniens.

C'est la raison pour laquelle, monsieur le ministre, le groupe de l'UMP va voter cette réforme. Ce n'est pas un vote de résignation, parce que nous avons confiance en la Nouvelle-Calédonie et dans les Calédoniens.

Nous le savons et nous le souhaitons : de la souffrance de l'histoire, vous voulez tirer, demain, une nation unie, réconciliée et prospère au sein de la République française.

Notre vote est un vote de confiance. C'est aussi un vote de paix, un vote de fraternité.

Comment des accords politiques aussi importants que ceux de Matignon et de Nouméa pourraient-ils souffrir aujourd'hui un soupçon de légitimité, alors que les votes de demain, ceux de 2013 et de 2014, permettront à la Nouvelle-Calédonie de choisir son destin ? N'introduisons pas dans ces votes une contestation quant à la composition du corps électoral qui risquerait de faire renaître des tensions dont des vies humaines ont déjà été les victimes !

Confiance, paix et fraternité, tel est le sens du vote du groupe de l'UMP.

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