Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, pour 2005, les crédits du ministère des affaires étrangères dédiés à l'action culturelle extérieure progresseront de 0, 6 %, ce qui, en euros constants, l'inflation étant estimée à 1, 8 %, représente, en réalité, une diminution des ressources.
Ce n'est malheureusement pas un accident : la tendance à la baisse de ces ressources est, en effet, ancienne, et le passif s'accumule. C'est d'autant plus regrettable que la diplomatie d'influence que vous entendez promouvoir à juste titre, messieurs les ministres, devrait pouvoir trouver, dans les différents instruments de l'action culturelle extérieure, un point d'appui particulièrement adapté.
L'action culturelle est un secteur où il est possible d'atteindre en peu de temps des résultats inespérés.
Tel est le cas de l'accueil des étudiants étrangers en France : il s'agit là d'un outil d'influence fondamental. Depuis le lancement du plan de relance de 1998, grâce à une continuité d'action exemplaire, le nombre d'étudiants étrangers en France s'est accru de 60 %.
Par quelles actions et avec quels moyens budgétaires comptez-vous démultiplier ces premiers résultats ?
Un autre point d'appui pourrait être la renaissance de notre réseau de centres et instituts culturels, complété par celui de l'Alliance française, que votre ministère subventionne.
Ce réseau fait l'objet d'une rationalisation dont certaines orientations sont les bienvenues : il en va ainsi du renforcement des moyens dans des postes prioritaires, l'Algérie, la Chine ou Israël, notamment. De même, la suppression des « doublons » que constitue la présence, dans la même ville, d'un centre culturel et d'un établissement de l'Alliance française, relève du bon sens. La difficulté réside, cependant, dans l'exécution, qui pourrait être fatale aux deux institutions.
Si les moyens nécessaires ne sont pas au rendez-vous, le risque est grand que, dans cinq ans, les centres soient, certes, moins nombreux, mais dans le même état d'inanition que certains de ceux que l'on ferme aujourd'hui.
Or les subventions et les effectifs du réseau sont en diminution régulière chaque année - je tiens à souligner que ce recul ne date pas du changement de gouvernement - d'où ma deuxième question : quelle est la stratégie du ministère des affaires étrangères à l'égard de notre réseau culturel, sachant qu'aucune amélioration de la qualité ne résulte jamais nécessairement d'une réduction des moyens ?
Ma troisième question est relative à l'audiovisuel extérieur, sur l'évolution duquel je tiens à attirer votre attention, messieurs les ministres, car elle nous préoccupe.
Je rappelle, dans mon rapport écrit, les progrès importants réalisés par nos opérateurs dans ce domaine, en particulier par TV5, dont le dernier responsable, Serge Adda, a effectué un travail remarquable. Un mois après sa disparition, je tiens, aujourd'hui, à rendre un hommage ému à ce Tunisien, à ce « juif arabe », ainsi qu'il aimait à se qualifier lui-même, de formation française, qui, au fil de sa vie, partagea sa carrière professionnelle entre les deux pays, et sut donner à TV5 la dimension pluriculturelle francophone qui fait son succès.
Permettez-moi d'en venir au projet de chaîne d'information internationale. Je suis de ceux qui, depuis le début, considèrent que le projet initial, mariant difficilement des secteurs audiovisuels public et privé sans vocation internationale pour une chaîne trop ambitieuse et mal financée, devrait être revu.
Or, Le Figaro d'hier annonçait que cette chaîne serait montée grâce à un financement d'une trentaine de millions d'euros voté dans le prochain collectif budgétaire.
C'est une mauvaise nouvelle, messieurs les ministres : le schéma n'est pas réaliste, ni du point de vue éditorial, ni du point de vue de la commercialisation. Comment, par ailleurs, garantir son financement dans la durée ? Comment garantir TV5 et CFI contre l'effet d'éviction de cette chaîne ? Pourquoi, après tout, faire ce cadeau à TF 1 ?
Il est un quatrième secteur dans lequel il faut progresser : celui de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, l'AEFE.
Sans m'attarder sur la dotation budgétaire de l'Agence pour 2005, qui baisse du fait de la diminution des expatriés et de la réforme des rémunérations des résidents, j'aborderai le plan du Gouvernement pour l'enseignement français à l'étranger, présenté par vous-même, monsieur le ministre délégué, le 3 novembre dernier en conseil des ministres.
Ce plan ambitieux a pour objet de favoriser l'ouverture aux langues et cultures des pays d'accueil, de faire de ces écoles des lieux de formation des futurs citoyens européens : ces grandes orientations sont positives.
Je retiens aussi, toutefois, que ce plan sera réalisé sans mobilisation des fonds publics. Comment, monsieur le ministre, l'Agence pourra-t-elle réaliser les objectifs que vous lui assignez ? N'y a-t-il pas à craindre que le réseau de l'Agence ne s'engage vers une inégalité croissante de la qualité de la pédagogie offerte aux enfants selon les capacités d'autofinancement des écoles ?
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, en tant que rapporteur pour avis, j'indique que la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a donné un avis favorable à l'adoption des crédits du ministère des affaires étrangères pour 2005.