Intervention de Jean-Pierre Bel

Réunion du 1er octobre 2011 à 15h00
Allocution de m. le président du sénat

Photo de Jean-Pierre BelJean-Pierre Bel, président :

J’ai aussi une pensée pour ces grandes personnalités qui en ce jour quittent le Sénat, parmi lesquelles – vous m’excuserez de ne pouvoir toutes les mentionner – Pierre Mauroy, Robert Badinter, Louis Mermaz, Jack Ralite, Dominique Voynet et Josselin de Rohan, qui fut mon président à la commission des affaires étrangères et de la défense. J’ai une pensée particulière pour notre collègue Guy Fischer. J’adresse un salut fraternel à Claude Estier.

L’exercice des responsabilités publiques requiert pudeur et retenue.

Je veux néanmoins vous dire mon émotion, mon émotion forte au moment de m’installer dans ce fauteuil, qui représente l’une des fonctions les plus éminentes de l’État : émotion d’avoir obtenu votre confiance, d’avoir été élu par mes pairs à la présidence de la Haute Assemblée.

Je veux remercier particulièrement mes amis socialistes, communistes, radicaux de gauche, écologistes, divers gauche, tous ceux qui m’ont accompagné. Je veux également remercier chacune et chacun d’entre vous, quelle que soit votre appartenance politique, quel qu’ait été votre choix à l’heure du vote.

Peut-être vais-je prendre de grands risques en vous disant quelle est également mon émotion en pensant aux miens.

L’histoire de ma famille paternelle, racontée tout au long de mon enfance, ce sont des personnages qui, dans le Tarn, entre Albi et Carmaux, ont connu, côtoyé et, surtout, partagé les combats de Jean Jaurès, le grand Jaurès inspirateur de mon engagement et de mes convictions.

Je pense à mon grand-père maternel, cheminot, mort dans le bombardement de la gare Saint-Charles, à Marseille.

Je pense à mon père, à sa sœur et à ses frères, qui furent très jeunes, dès le début, en première ligne des combats de la Résistance.

Je pense à ma mère, employée des PTT, qui éleva quatre enfants dans notre petit HLM de la Cité Empalot-Daste, à Toulouse.

Je pense à ma femme, qui fait mon bonheur.

Je pense à mes trois filles, Julie, Marie et Alyssa, qui sont la fierté de ma vie.

Je pense à mes maîtres, à ces instituteurs de l’école laïque, à mon grand professeur de la faculté de droit de Toulouse, Jean-Arnaud Mazères, qui le premier me fit une grande confiance.

À l’heure où j’accède à la présidence de la Haute Assemblée, je veux placer mon propos à la fois sous le signe de la République, dont je suis un enfant, et de la promesse républicaine, que nous devons tenir pour les générations futures.

République des territoires, dont nous sommes les représentants, dont nous aimons la douce musique, mais dont nous avons entendu aussi la colère profonde d’avoir été stigmatisés, désorientés, peut-être aussi abandonnés face à leurs immenses difficultés. Mes chers collègues, je sais votre attachement fort aux territoires que vous représentez. Vous connaissez le mien, indéfectible, pour l’Ariège, cette terre qui m’a tout donné et où bat en permanence mon cœur.

Ces territoires font notre fierté ; ils innovent par des politiques volontaristes et modernes en s’ouvrant à la participation des citoyens ; ils sont les moteurs du développement économique par leurs investissements et contribuent à maintenir la vie et les populations.

République laïque bien sûr, dont nous devons chaque jour défendre les principes fondateurs, sans outrance, sans exclusive, sans stigmatisation, pour que chacun trouve sa place au cœur du pacte républicain né de la Révolution française.

République du vivre-ensemble, parce que seule la sérénité peut répondre au fracas du monde, et parce que seul le devoir de responsabilité doit s’imposer à tous.

Je ne serai jamais là pour servir un clan ou une clientèle : c’est contraire à ma vision de la politique et à ma nature.

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