Monsieur le ministre, votre administration a des ressources, et nous souhaiterions les retrouver dans son fonctionnement quotidien.
Trois travers anciens expliquent qu'il n'en soit pas toujours ainsi.
Tout d'abord, est fort regrettable cette espèce de cascade du mépris qui rejaillit du haut vers le bas et décourage tout le monde, qu'il s'agisse des agents, des recrutés locaux, les usagers français des consulats, souvent, et les demandeurs de visa, presque toujours.
A ce propos, je vous rappelle la situation des recrutés locaux : ils assument des responsabilités grandissantes. Quelles mesures effectives prendrez-vous, monsieur le ministre, pour qu'ils bénéficient enfin de la considération, de la rémunération et des perspectives de carrière sans lesquelles leur sort restera celui d'une piétaille méprisée ?
Ensuite, le ministère des affaires étrangères continue de trop méconnaître les métiers. Dès lors qu'un fonctionnaire a passé le concours, il est censé voltiger avec élégance et efficacité du consulaire au culturel, de la gestion à la diplomatie, des ressources humaines au multilatéral. Un travail réellement productif supposerait tout de même des compétences dominantes. Au-delà de la bivalence, de la trivalence, on sombre dans l'amateurisme !
Enfin, la mobilité des personnes est une nécessité, mais elle est probablement excessive. Le mouvement est trop rapide. A quoi bon s'investir, à quoi bon acquérir de nouvelles compétences si elles ne sont ensuite ni reconnues ni utilisées ?
Je demande donc que le ministère des affaires étrangères se donne les moyens d'être bon dans le quotidien comme il sait être excellent dans l'urgence. Voilà ce que ces agents et les Français de l'étranger qu'il administre attendent de l'impulsion que vous lui donnerez, monsieur le ministre.
J'aborderai maintenant nos interrogations quant à l'avenir de l'aide publique française au développement.
Le CICID du 20 juillet 2004 a confié à l'Agence française de développement, qui reste une banque, l'essentiel de notre aide publique au développement, sur des sujets aussi sensibles que l'éducation et la santé.
Il ne s'agit pas seulement là d'un changement technique, monsieur le ministre : c'est un changement de conception de l'aide. On voit bien quelles sont les racines de ce choix. Le contexte de l'aide publique au développement a changé du fait de la mondialisation.
Pour rester dans le mouvement mondial, pour s'inscrire dans les perspectives du Millénaire, la France aligne sa coopération bilatérale sur les pratiques des bailleurs de fonds multilatéraux, qu'il s'agisse de la Banque mondiale ou du Fonds européen de développement. La France délègue donc son APD à un opérateur-pivot, ce qui est bien, mais cet opérateur fonctionne déjà totalement selon les normes de ces bailleurs, ce qu'il est permis de juger moins bien.
En effet, sans être le moins du monde nostalgique de la coopération de substitution ni de l'aide-projet, j'estime que leurs atouts méritent d'être sauvegardés. Je m'adresse là tout particulièrement à M. le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie : le grand mérite de l'aide-projet, c'est la proximité, la visibilité et le profit qui est directement sensible pour les populations.
L'aide-programme, version Banque mondiale, nous la connaissons aussi, et ses performances ne nous impressionnent pas vraiment : logique d'efficacité essentiellement comptable, mesurée à la quantité et à la rapidité des décaissements, ce qui suppose de ne faire que de gros projets ; coût élevé de la logistique centrale ...