Intervention de Guy Fischer

Réunion du 15 octobre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 24 bis

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

Le métier d’enseignant a particulièrement évolué. La précarité grandissante que subissent les familles a des conséquences indéniables pour les enfants. L’accroissement de toutes les violences, la dégradation des quartiers populaires et les craintes considérables quant à l’avenir des jeunes passent aujourd’hui les grilles des lycées. Ceux-ci ne sont pas des sanctuaires, des lieux hors du temps ou des difficultés sociales. Les enseignants, qui jouent un rôle fondamental, sont en première ligne, face à une génération pour qui l’avenir s’accorde, pour un certain nombre, avec précarité, galère, mépris ou misère.

Tout cela se répercute sur les enseignants, comme l’atteste la montée en charge des dispositifs chargés de traiter les difficultés enseignantes : les cellules d’écoute, les directions des ressources humaines, les psychologues du travail se multiplient et appuient des professionnels qui ont, eux-mêmes, de plus en plus besoin d’une aide professionnelle. Est-il besoin de rappeler des expériences récentes, notamment le dossier France Télécom ? Cette souffrance est d’autant plus forte que le domaine d’intervention des professionnels est complexe ou exposé aux critères que je viens de mentionner.

Cette réflexion nous conduit tout naturellement à nous interroger sur la signification de cet article 24 bis qui supprime la bonification dont bénéficient les professeurs de l’enseignement technique. Cette mesure est d’autant plus regrettable que vous menez une politique désastreuse à l’égard de l’enseignement professionnel.

Selon une étude en date de 2004, « les difficultés liées aux tensions du métier mènent à une réelle souffrance, quand les enseignants ne supportent plus la situation sans pouvoir en changer. On peut l’exprimer de la façon suivante : “ je ne peux continuer comme ça et mais je ne peux changer ”. Cette absence d’issue est un véritable marqueur de cette souffrance ordinaire. Cette impossibilité d’issue se manifeste clairement dans le corps depuis le fait de s’isoler […] à des somatisations diverses. Les enseignants mettent ainsi l’accent sur les manifestations physiques de leurs tensions ».

Or, nous le savons, c’est dans l’enseignement professionnel que l’on retrouve les enfants des classes populaires, le plus souvent d’origine immigrée.

Cet article 24 bis va donc pénaliser ces professeurs, …

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