La situation des enseignants des lycées professionnels et technologiques me préoccupe et je considère que cet article porte un véritable coup à leurs retraites.
Cet article 24 bis porte atteinte au droit à la retraite de manière générale, comme le reste du projet de loi, mais il constitue surtout un coup de plus assené à l’enseignement technologique et professionnel. Il tend à supprimer purement et simplement les bonifications de retraites accordées aux enseignants des lycées professionnels. Celles-ci résultaient pourtant directement des spécificités du métier et de son mode de recrutement. En effet, ces bonifications sont accordées au titre de l’expérience professionnelle antérieure, et extérieure à l’enseignement, effectuée dans le domaine de l’industrie.
Il faut ici rappeler que cette activité professionnelle dans l’industrie est tout simplement exigée pour être recruté à ces postes : à hauteur de cinq ans pour les titulaires d’un diplôme de niveau III, et même de sept ans pour les titulaires d’un diplôme de niveau IV. Cette expérience est une condition sine qua non pour se présenter au concours.
Rien ne saurait justifier une telle atteinte à une profession exigeante et difficile. Supprimer cette bonification de retraite, c’est dissuader encore davantage l’orientation vers des métiers de l’enseignement professionnel et technologique, et c’est mal récompenser les efforts fournis quotidiennement par ces professeurs qui s’en trouveront découragés. Avec un recrutement exigeant et un métier souvent éprouvant, la suppression d’une contrepartie accordée dans le calcul des retraites ne saurait qu’aggraver la situation de ces professeurs.
Pourtant, l’enseignement professionnel et technologique, tout comme ses acteurs qui le font vivre, élèves et professeurs, mériterait la plus grande attention. Ces derniers devraient constituer le cœur de notre réflexion globale sur l’éducation nationale.
Le lycée professionnel et technologique doit faire face à des difficultés réelles et cumulatives. Malgré la volonté affichée de revalorisation de ses filières, il reste toujours, et fort injustement, associé à un discours de dévalorisation. Il est avant tout considéré comme une voie de relégation pour des élèves en échec scolaire n’ayant pas réussi au sein de la voie consacrée, celle du lycée général. Les filières de notre système éducatif sont fortement hiérarchisées au détriment des filières technologiques et professionnelles et, de ce fait, les élèves qui fréquentent les établissements professionnels et technologiques s’y retrouvent souvent orientés de force et par l’échec. Or, il est extrêmement difficile de sortir de cette spirale.
Cette concentration d’élèves en difficulté, qui se retrouvent là souvent par hasard et sans connaissance réelle des objectifs de la filière qu’ils intègrent, ne favorise pas l’exercice de l’activité des professeurs, ni l’apprentissage de l’enseignement dispensé. Le cumul des difficultés scolaires, des lacunes non comblées au collège et de l’orientation imposée jouent sur le manque de motivation des élèves auquel doivent faire face leurs enseignants. Ces filières stigmatisantes et peu valorisantes pour les élèves influent sur l’exercice du métier d’enseignant et ne le rendent ni aisé ni particulièrement attractif.
Je souhaite pour ma part lutter contre ce phénomène et faire de l’enseignement professionnel et technologique une voie d’excellence reconnue, avec ses spécificités. Je ne peux dès lors que m’interroger sur le contenu de cet article.