Une autre question sur ce même thème devant être posée tout à l’heure, ma réponse s’articulera selon deux parties.
Madame la sénatrice, comme toutes les grandes questions historiques, la question que vous soulevez touche très profondément chacun de nos compatriotes. Permettez-moi, à ce titre, de commencer mon propos en évoquant un souvenir personnel.
À 13 ans, au seuil de l’adolescence, j’ai joué dans un film au côté d’une jeune comédienne dont je suis tombé éperdument amoureux. À l’issue du tournage, le visage de cette femme absolument exquise, aux qualités humaines et intellectuelles remarquables, est apparu en première page de France-Soir : elle venait d’être arrêtée, pour avoir été à la tête d’un réseau de porteurs de valises. Pour l’enfant de 13 ans que j’étais, ce fut un grand choc, suivi quelques mois plus tard par celui des événements du 17 octobre 1961.
Ce fut l’une des innombrables meurtrissures provoquées par la guerre d’Algérie. Dans cet hémicycle, chacun d’entre nous, à un moment ou à un autre, a été touché personnellement par cette période tragique et passionnelle de notre histoire.
Il est vrai que, durant des années, il a été difficile de savoir ce qui s’était exactement passé le 17 octobre 1961. Cela étant, madame la sénatrice, lorsqu’on voulait savoir, on le pouvait. Certes, tout le monde ne partageait pas cette volonté de savoir, mais on ne peut pas prétendre que, pendant toutes ces années, il a été impossible de consulter des documents. Personnellement, j’ai toujours su ce qui s’était passé le 17 octobre 1961, parce que ce sujet m’intéressait particulièrement.
Cinquante ans après, toutes les archives sont ouvertes et peuvent être consultées. Les dispositions réglementaires nécessaires ont été prises et, désormais, le devoir de mémoire peut s’effectuer.