Monsieur le ministre de la culture, la réponse que vous avez faite à Mme Nicole Borvo Cohen-Seat m’a déçu.
En effet, reconnaître officiellement des faits avérés, largement admis par les historiens, par la société civile, par des maires qui, dans toute la France, ont commémoré ce moment dramatique de notre histoire, devrait être une évidence. Cela est tellement important pour les familles des victimes de cette tuerie survenue en plein Paris, un certain 17 octobre 1961, pour leurs enfants et petits-enfants qui, français, aspirent à se sentir bien dans leur pays, la France, et dans une République à laquelle ils veulent pouvoir croire pleinement !
Oui, monsieur le ministre, nous attendons quelques mots de votre part, simplement pour dire ce qui a été, et cela vaudrait reconnaissance officielle. Dites-les ! Sortez de la langue de bois, de cette froideur qui se veut celle d’une raison d’État que, cinquante ans après les faits, il est encore moins acceptable qu’alors d’invoquer pour justifier le silence ! Faites preuve d’humanité, d’un véritable sens de la République !
Depuis ce fameux communiqué établissant le bilan officiel à deux morts au lendemain des faits, voilà un demi-siècle, aucune parole officielle n’a été prononcée par la République pour reconnaître le massacre d’au moins plusieurs dizaines de manifestants algériens pacifiques, perpétré par des policiers de notre État démocratique sur ordre du sinistre Maurice Papon, alors préfet de police de la Seine.
Celles et ceux qui demandent cette reconnaissance ne sont animés d’aucun désir de vengeance, n’appellent nullement à la repentance ; ils veulent simplement, comme nous-mêmes, la vérité !
Bien sûr, certains voudront toujours instrumentaliser l’histoire pour enfermer chacun dans de fausses identités et de vraies haines.
Pour notre part, nous vous demandons aujourd’hui solennellement de rompre le silence qui entretient les blessures, de prononcer des paroles de fraternité ; cela sera ressenti profondément comme un acte de paix, tourné vers l’avenir.
Faites-le ici, au Sénat, …