Mon intervention rejoindra celles des orateurs qui m’ont précédée.
La suppression de la publicité sur les chaînes publiques a des conséquences néfastes pour les antennes locales et régionales puisqu’elle s’accompagne de l’abandon des décrochages locaux.
Par ailleurs, une telle mesure oblige France Télévisions à trouver des financements et à « consommer » toutes les tranches horaires rentables pour y placer de la publicité au détriment des rediffusions locales. Ces tranches horaires seront-elles réellement rentables ? J’en doute : la presse d’hier s’est fait l’écho de l’effondrement du marché de la publicité à la télévision.
De plus, une telle mesure prive arbitrairement les téléspectateurs d’un rendez-vous informatif essentiel. À titre d’exemple, dans mon département, le Finistère, près de 70 000 téléspectateurs suivaient avec assiduité la deuxième diffusion des éditions locales à 19 heures 57, performance qui démontre, si cela était nécessaire, l’attachement de nos concitoyens à une information de proximité de qualité, témoin essentiel de la richesse de nos territoires et élément incontournable de la démocratie dans nos régions.
Pour les personnels des antennes de France 3, la situation n’est pas non plus des plus brillantes. La direction générale de la chaîne leur demande de produire chaque jour huit minutes de programme de remplacement à effectif et moyens constants, alors que l’on sait parfaitement que les équipes travaillent déjà à flux tendu. Il s’agit non plus d’une mission de service public, mais d’un remake de Mission impossible !
Pour les antennes locales, nous craignons une dégradation des conditions de travail, une chute d’audience sur les créneaux les plus porteurs, une perte de la diversité économique, sociale, culturelle et informative de ces émissions et, à terme, sans doute une réorganisation des rédactions qui, faute de bons résultats d’audience devront se séparer de leurs collaborateurs.
En ce qui concerne le financement, outre le fait que la compensation par l’État ne sera pas intégrale, les ressources prévues par le projet de loi, à savoir les deux taxes, notamment la taxe sur les services fournis par les opérateurs de communications électroniques, les fournisseurs d’accès à internet, qui aura inévitablement des conséquences négatives pour le client – ne permettront pas à France Télévisions de réaliser ses missions de service public en toute liberté et indépendance, comme le prévoit la Constitution.
Ma demande rejoint celle de nombreux collègues parlementaires et maires de trente-huit régions, droite, gauche et centre confondus, comme l’attestent les copies que j’ai avec moi de lettres ou de communiqués.
J’espère, mes chers collègues, que vous confirmerez devant la Haute Assemblée ce que vous avez écrit : « Cette décision de supprimer le décrochage de 19 heures 57 place la direction en totale contradiction avec le projet de loi qui demande à France 3 de se “ recentrer ” sur ses programmes locaux et régionaux. […]Ces déprogrammations vont à l’encontre du besoin de lien social et territorial pourtant essentiel dans un monde global. »
Aussi, permettez-moi de vous faire une proposition. Il est encore possible de diffuser des messages publicitaires spécifiques, d’appellation générique, porteurs d’une éthique. Pourquoi ne pas associer la rediffusion des éditions locales des journaux télévisés à quelques messages publicitaires de ce type à 20 heures 25, après l’émission de très grande écoute et pour laquelle l’audience a été très forte, et, bien entendu, reporter le début de la soirée à 20 heures 40 ? France Télévisions disposerait ainsi de recettes supplémentaires pour assurer le fonctionnement du service public et, alors, qu’elle serait belle la vie dans nos régions !