... non seulement les parties prenantes, Israël et les Palestiniens, mais encore l’Égypte, la Syrie, ou le Qatar, qui sont des médiateurs indispensables.
Cette ouverture nous donne un rôle et une responsabilité particuliers. Cela ne veut pas dire que nous dialoguons avec n’importe qui, et à n’importe quelle condition. Nous avons du dialogue une conception exigeante. Le dialogue, c’est le moyen de favoriser la paix et la modération. C’est une opération réciproque, où chacun doit faire un effort. Mais on ne peut dialoguer avec ceux dont l’ambition principale et avouée est de détruire le processus de paix !
Nous n’ignorons pas la réalité du Hamas, ni son succès électoral, ni son poids dans l’opinion palestinienne. Nous sommes prêts à engager avec lui un dialogue officiel dès qu’il renoncera à la violence, qu’il souscrira aux accords conclus par l’Organisation de libération de la Palestine, l’OLP, et reconnaîtra Israël, comme nous le demande l’OLP elle-même. Nous avons dès à présent des contacts indirects pour lui faire passer des messages via des pays comme la Norvège, la Russie, la Turquie, la Syrie, le Qatar ou l’Égypte.
Notez-le : nous ne sommes pas en compétition avec les pays que je viens de citer ; nous menons des actions complémentaires. Qui fera la paix n’aura pas gagné, mais aura contribué à l’effort général, que nous souhaitons voir produire des résultats le plus rapidement possible.
Le 6 janvier, à l’issue de cette tournée au Moyen-Orient, les Présidents français et égyptien ont présenté, à Charm El-Cheikh, une initiative de paix fondée sur trois éléments principaux, qui reprennent et développent les paramètres définis par les Vingt-sept à Paris, une semaine auparavant.
Il s’agit, d’abord, de la cessation immédiate des hostilités en vue de l’ouverture d’un ou de plusieurs corridors humanitaires permettant l’acheminement effectif de l’aide jusqu’aux populations.
Il s’agit, ensuite, de l’invitation au Caire, sans délai, des parties israélienne et palestinienne pour discuter des garanties de sécurité susceptibles d’éviter une répétition de l’escalade et de permettre la levée du blocus, notamment en ce qui concerne l’arrêt de la contrebande d’armes vers le Hamas.
Il s’agit, enfin, de la relance des efforts égyptiens en vue d’obtenir une réconciliation palestinienne, indispensable à la relance du processus de paix.
Cette démarche doit aussi aboutir à la libération tant attendue de prisonniers palestiniens et israéliens.
Une telle initiative a reçu un accueil positif de la part du Président palestinien comme des autorités israéliennes. Mais elle a surtout provoqué un contexte favorable à des avancées ; j’en retiendrai trois.
Premièrement, l’annonce par Israël d’une trêve quotidienne de trois heures, afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. C’est, bien sûr, insuffisant, je le sais, mais c’est déjà une petite avancée, et cela n’aurait pas été possible sans l’initiative franco-égyptienne.
Deuxièmement, la reprise des discussions entre l’Égypte et le Hamas, et le déplacement d’une délégation du Hamas au Caire.
Troisièmement, le déplacement du collaborateur du ministre de la défense israélien, Ehud Barak, le général Amos Gilad en Égypte rencontrant le général Suleiman, et la reprise des négociations israélo-égyptiennes sur le contrôle de la frontière avec Gaza et la contrebande d’armes.
Voilà ce que furent nos efforts sur le terrain. Et nous poursuivons jour après jour nos contacts, nos avancées, nos reculs. Nous affinons nos plans collectifs. Mais il restait à donner à cette initiative une reconnaissance plus large et une force plus grande avec le vote d’une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies.
Le 8 janvier, nous avons obtenu cette résolution, qui est importante. Le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, a utilisé le mot « historique ». C’est la première fois depuis 2004 que le Conseil de sécurité vote, sur ce conflit du Moyen-Orient, une résolution qui ne soit pas dénuée de substance. C’est la première fois que nos partenaires arabes acceptent de voter un texte qui condamne le terrorisme, qui dénonce aussi la contrebande d’armes, qui demande la garantie de la sécurité d’Israël par un cessez-le-feu durable, en même temps que la réouverture de Gaza.
Nous n’avons pas obtenu le vote des Américains, auquel on pouvait pourtant croire jusqu’au dernier moment. Mais nous avons évité le veto, ce qui constitue une avancée significative. D’autant que Mme Rice a déclaré publiquement et fortement qu’elle soutenait le texte et ses objectifs. C’est notre premier motif de très faible satisfaction : avoir rassemblé la communauté internationale autour d’une ligne équilibrée et modérée, qui est la condition indispensable du retour à la paix.
Cette ligne équilibrée se décline en une proposition concrète de sortie de crise, les principaux paramètres envisagés par les Européens le 30 décembre, puis développés par l’initiative franco-égyptienne du 6 janvier rappelée par le Président de la République : cessez-le-feu immédiat et durable conduisant à un retrait israélien et à l’ouverture de corridors humanitaires ; négociations des conditions d’un cessez-le-feu permanent et durable grâce à la lutte contre la contrebande d’armes et la réouverture de Gaza ; relance du processus politique de paix.
D’aucuns disent que cette résolution ne sert à rien, puisqu’elle n’est pas suivie d’effets et que les combats continuent. Certes, les combats continuent, hélas ! mais la résolution 1860 fait peser sur les belligérants une pression supplémentaire ; on l’a vu aujourd’hui même, avec l’entretien entre M. Ban Ki-moon et M. Moubarak. Le poids de la communauté internationale est d’autant plus grand que cette communauté est rassemblée : quatorze voix pour, une abstention. Si nous n’avons pas eu le vote des États-Unis, du moins avons-nous obtenu l’abstention doublée d’une déclaration de soutien du texte et de ses objectifs. Le secrétaire général de l’ONU se rendra sept jours au Moyen-Orient, après l’Assemblée générale extraordinaire qui aura lieu demain à New York.