Israël savait qu’en bombardant, malgré les protestations de la Croix-Rouge internationale, de Médecins Sans Frontières et des ONG, ce tout petit territoire où sont emprisonnés un million et demi de Palestiniens, il y aurait des centaines de morts – plus d’un millier à l’heure actuelle.
Le Hamas sait que projeter la destruction d’Israël n’est admissible pour aucun pays.
Israël sait qu’en massacrant les Palestiniens de Gaza, il affaiblit considérablement le président Mahmoud Abbas, son seul interlocuteur, et qu’il va provoquer une vague de haine dans tous les pays musulmans.
Comment la communauté internationale a-t-elle pu tolérer cet engrenage ? Elle n’est pas là pour comptabiliser les exactions de chaque camp. Elle doit mettre fin à une épouvantable tuerie et garantir la sécurité d’Israël. Elle doit faire preuve de plus de courage en faisant respecter ses décisions et passer du rôle de spectateur à celui d’acteur.
Jamais le Hamas et Israël ne parviendront à la paix s’ils n’y sont pas contraints, car, par leurs actions délibérées, tous deux ont choisi la guerre.
L’État d’Israël fut créé par une décision internationale dans des conditions terribles, les Palestiniens ont eu leur Oradour-sur-Glane. Cependant, la décision des Nations unies est opposable à tous et une garantie internationale doit être donnée à Israël.
Il faut absolument que la réciproque soit vraie et que soient appliquées toutes les résolutions des Nations unies, même celles qui ne sont pas favorables à Israël, y compris celles qui prévoient le retour aux frontières de 1967. Aujourd’hui, aucune ne l’est.
La communauté internationale ne peut accepter les massacres de Gaza et le risque d’une déstabilisation, qui pourrait entraîner des conséquences géopolitiques importantes, des pays arabes et musulmans, dont les peuples dénoncent l’apathie de leurs gouvernants. Elle ne peut tolérer non plus qu’Israël soit menacé en permanence.
Elle a commis une grande faute en ne reconnaissant pas le résultat des élections de 2006, pourtant organisées sous son contrôle, qui ont donné au Hamas 42 % des sièges au Conseil législatif palestinien.
Elle a commis une grande faute en refusant un gouvernement de coalition où figurait le Hamas, tout en sachant qu’elle allait de ce fait même engendrer un sentiment d’injustice plus fort que toute réflexion rationnelle.
La communauté internationale a les moyens financiers et commerciaux de faire pression sur Israël. Elle a aussi les moyens politiques de faire pression sur les pays qui aideraient le Hamas. Elle a d’ailleurs commencé à s’engager dans cette voie lorsqu’elle a voulu mettre en place à la frontière entre Gaza et l’Égypte, pour empêcher l’entrée des armes destinées au Hamas, une force militaire turque, venant donc d’un pays musulman aux liens étroits avec Israël.
Pour avoir une chance de trouver une issue à ce conflit, nous ne devons pas nous cacher la réalité : il est évident que la religion joue un rôle. La lutte pour Jérusalem, ville non stratégique mais ville symbole, en est la preuve. L’internationalisation des lieux saints est certainement une solution susceptible de contribuer à la paix.
L’expérience a montré que seules les concessions des négociateurs au passé le plus violent pouvaient être acceptées par leur peuple. Menahem Begin et Yasser Arafat furent, à l’origine, des terroristes. Il faudra donc négocier avec le Hamas, qui, tout en refusant de reconnaître l’existence d’Israël, accepte l’existence de deux États.
Un objectif doit être d’obtenir un cessez-le-feu reconductible de six mois pour mettre en application la feuille de route du roi Abdallah d’Arabie Saoudite, soutenue par la communauté internationale.