Intervention de Josette Durrieu

Réunion du 14 janvier 2009 à 21h30
Situation au proche-orient — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Josette DurrieuJosette Durrieu :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous le soulignons les uns après les autres : la situation est tragique et l’effroi règne à Gaza, où l’on compte plus d’un millier de morts et de très nombreux blessés, des horreurs étant commises de part et d’autre.

On a parlé de Sderot. Je m’y suis moi-même rendue, j’ai vu et entendu les roquettes Qassam s’abattre sur la ville, terrorisant les habitants. La population d’Israël souffre.

Il n’en demeure pas moins que l’utilisation d’armes nouvelles est indigne. Je pense aux obus à phosphore blanc et aux bombes DIME, ces boules de carbone qui se consument et qui brûlent tout. On en voit des images terribles. Cela est insupportable !

Incontestablement, l’émotion nous gagne. Pour autant, elle ne doit pas altérer l’objectivité de notre analyse politique et des opinions ou des avis que nous sommes susceptibles d’exprimer.

Je voudrais, en ce qui me concerne, m’interroger, d’une part, sur le rôle et la responsabilité de la communauté internationale, et, d’autre part, sur l’issue du conflit : la paix est-elle envisageable ? Qui, réellement, la veut ?

Monsieur le ministre, vous avez souligné tout à l’heure les efforts de la communauté internationale, ceux de la France. Cependant, la communauté internationale est diverse, et sa responsabilité me semble lourde et grave.

Trois États ont une grande influence dans la région : les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Les États-Unis et M. Bush ont considéré que ce conflit n’était pas central et ont apporté un soutien permanent et total à Israël et à sa politique.

Les Britanniques ont joué et jouent encore un rôle historique dans cette partie du Moyen-Orient. M. Blair a inscrit son action dans cette continuité mais brille aujourd’hui par son absence…

L’Allemagne, enfin, écrasée par le poids de l’Holocauste, affiche un soutien permanent, sans doute compréhensible, à Israël.

De son côté, notre pays a joué un rôle et a fait entendre sa voix.

La France de Chirac avait pris une position forte. J’étais à Ramallah en 2005, au moment de l’élection d’Abou Mazen, et j’ai gardé le souvenir des murs de la ville tapissés d’affiches représentant Yasser Arafat et Jacques Chirac.

Aujourd’hui, monsieur le ministre, la France de Sarkozy mène une politique différente. Vous avez pris, cela est vrai, un certain nombre d’initiatives, s’agissant notamment du plan de paix franco-égyptien. La France a affirmé sa présence, dans le cadre de la présidence de l’Union européenne et de celle du Conseil de sécurité des Nations unies. Les actions auxquelles il a été déjà fait référence ce soir me semblent tout à fait opportunes et se révéleront, je l’espère, efficaces.

Toutefois, nous n’avons pas compris cette politique du rehaussement sans conditions des relations entre l’Union européenne et Israël. Était-ce vraiment là le meilleur signal à envoyer ? Monsieur le ministre, permettez-nous d’en douter. D’ailleurs, nombre de membres du Parlement européen ont émis des réserves à ce sujet.

Il convient également de citer l’action du Quartet pour le Proche-Orient, qui regroupe les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’ONU.

Monsieur le ministre, dans ce débat, il a beaucoup été question des résolutions de l’ONU. Cependant, même si on parvient à obtenir que les États-Unis s’abstiennent, elles ne sont pas forcément appliquées, à l’instar de la dernière d’entre elles, la résolution 1860, et le droit international est bafoué.

Je voudrais maintenant insister avec force sur ce que je considère comme une erreur majeure commise par la communauté internationale en 2006.

L’année précédente, Mahmoud Abbas, président du comité exécutif de l’OLP et porteur d’un certain espoir, avait été élu président de l’Autorité palestinienne dans des conditions tout à fait normales, tandis que le Hamas gagnait les élections municipales.

En 2006 se tinrent les élections législatives, marquées par un face-à-face entre le Fatah et le Hamas. Ces élections voulues, observées – j’ai fait partie des observateurs – et validées par la communauté internationale furent remportées par le Hamas, ce qui a été vécu comme un événement dramatique, terrible ! Qu’a fait alors la communauté internationale ? Elle a refusé le verdict des urnes…

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