Le blocus a été renforcé, sur le plan politique, par la communauté internationale : je ne connais personne qui ait alors protesté, pas même les Norvégiens, qui entretiennent pourtant des rapports avec le Hamas et participent maintenant à la médiation. Nous avons été très choqués par l’affrontement entre le Hamas et l’OLP. Souvenez-vous-en, nous n’étions pas responsables !
Monsieur Chevènement, vous nous conseillez de demander à Barack Obama de recentrer la politique des États-Unis sur le Proche-Orient : c’est exactement ce que nous avons fait dans le document transatlantique paraphrasé hier par Mme Hillary Clinton ! Mais nous ne décidons pas pour le Président Obama.
Vous avez évoqué l’Afghanistan ; c’est un autre problème.
Je comprends aussi le désir, exprimé collectivement, que nous parlions avec le Hamas. Cependant, la position officielle de la France est de n’entretenir des relations avec le Hamas, comme je l’ai dit dans mon discours introductif, qu’à trois conditions : que ce mouvement accepte les résolutions négociées par l’OLP – dont le représentant authentique, le président élu, est M. Abou Mazen – ; qu’il reconnaisse l’État d’Israël, comme le fait l’OLP ; qu’il renonce à la violence comme moyen d’expression politique. Ce n’est ni impossible ni inenvisageable !
Mme Cerisier-ben Guiga m’a demandé pourquoi nous n’avions pas soutenu le gouvernement d’union nationale. Nous l’avons soutenu ! Simplement, nous n’avons pas réussi à convaincre nos partenaires de l’Union européenne, puis le coup d’État a eu lieu.
Je répondrai au président du groupe sénatorial d’amitié France-Israël que nous sommes tous attentifs à la sécurité d’Israël et que nous pensons, très naïvement si j’ose dire, que celle-ci ne sera assurée qu’avec la création d’un État palestinien, ainsi qu’il l’a lui-même indiqué. Nous nous sommes battus pour cela, nous avons beaucoup agi, avant la conférence de Paris, pour l’existence d’un État palestinien viable, et de notre point de vue, je l’affirme, cela reste la seule solution envisageable. Par ailleurs, nous nous sommes toujours élevés officiellement contre la poursuite de la colonisation.
Bien sûr, le Hamas utilise la population civile comme un bouclier. Malheureusement, toutes les guerres se font maintenant contre les civils, et les militaires ne sont plus l’objectif unique. Ce n’est pas une raison pour accepter ce qui se passe à Gaza, et nous le refusons !
Si on ne lutte pas contre la contrebande d’armes, le calme n’a aucune chance d’être rétabli. Il existe neuf cents tunnels, ou sept cents, ou six cent cinquante… Nous n’arriverons à rien sans un contrôle suffisant. Lorsque nous en parlons à nos amis égyptiens, ils répondent qu’ils les contrôlent comme ils le peuvent. Il ne semble pas que ce soit complètement efficace ; en tout cas, c’est ce que nous constatons dans la réalité, et l’allongement de la portée des roquettes, hélas ! nous le confirme.
Monsieur de Montesquiou, je vous rappellerai l’élection présidentielle de 2005, les élections législatives de 2006, le débat de 2007, l’accord entre l’OLP et le Hamas pour un gouvernement d’union nationale négocié sous l’égide des Saoudiens juste avant que le coup d’État ne surprenne tout le monde, et d’abord les Saoudiens.
Il est vrai que, depuis juin 2007, nous ne nous sommes plus exprimés et que nous ne sommes pas plus intervenus que les autres, en particulier pas plus qu’aucun membre de l’Union européenne.
Vous avez par ailleurs abordé la plupart des questions. La garantie internationale de sécurité que M. de Montesquiou proposait a été donnée à Israël par toutes les résolutions des Nations unies ; chaque fois, Israël a dû lutter pour ses frontières. Je condamne évidemment toutes les violences, mais constatons que, depuis soixante ans qu’Israël existe, il ne lui a pas été facile de s’imposer face à un milieu hostile. Si les choses devaient évoluer, nous en serions tous heureux, et je pense que c’est exactement ce que vous souhaitez.
Begin et Shamir ont été des terroristes, je le sais ! Est-ce à dire que l’action terroriste précède l’action légale et gouvernementale ? En tout cas, c’est un constat : ils ont été des terroristes, et c’est ainsi qu’ils ont imposé Israël. Est-ce vrai pour le Hamas contre l’OLP ? Je ne le crois pas, mais, bien entendu, je reconnais cette évolution.