Ce que vous avez demandé, monsieur le ministre, je m’y tiens, mais cela manque de sérieux.
Vous avancez le principe de responsabilité pour justifier le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Cette réforme est inspirée par une logique comptable dont mes collègues, sur ces travées, ont déjà démontré les limites.
Mais cet argument comptable ne doit pas justifier l’adoption de mesures injustes socialement, pénalisant les populations souvent les plus fragiles économiquement, notamment les femmes et les populations d’outre-mer.
Vous faites porter l’effort de solidarité de la retraite par répartition sur les populations qui, d’une certaine manière, sont les plus méritantes. Une telle attitude est paradoxale au regard des valeurs traditionnellement défendues par la droite, à savoir la défense de tous ceux qui ont commencé à travailler jeunes et de ceux qui ont eux des carrières professionnelles morcelées. Est-ce là l’action du Gouvernement envers ces populations ?
Nous le répétons à chacune de nos interventions, avec mes collègues de l’outre-mer, nos territoires cumulent les handicaps socio-économiques, exacerbés par rapport à ceux de la métropole. Je citerai le chômage massif en outre-mer, la faiblesse du niveau des salaires, et donc des pensions de retraites, par rapport à la métropole, et le scandale de la cherté des prix dans les DOM. D’ailleurs, malgré les conclusions du comité interministériel de l’outre-mer et les engagements présidentiels pris voilà un an, nous attendons toujours la publication des décrets à ce sujet. Encore une fois, de beaux discours…
Sans entrer dans la polémique, mais pour dénoncer une réalité qui s’impose à nous, je tiens à dire que le contexte historique de nos territoires ultramarins et le déroulement morcelé des carrières professionnelles, interrompues par de nombreuses périodes de chômage, ne permettent pas à une grande majorité de salariés ultramarins de rassembler les annuités de travail nécessaires. Cela leur inflige des pensions encore plus faibles que celles, déjà affaiblies, de la métropole.
Pour tenir compte de l’amélioration de l’espérance de vie, vous proposez l’égalité face à l’âge légal de départ à la retraite. Mais l’égalité ne se confondant pas avec l’équité, ce report de 60 à 62 ans aggravera les disparités face au droit à la retraite, disparités qui seront, je le rappelle, dramatiquement accentuées en outre-mer.