Cet amendement a pour objet de prévoir très explicitement que l’offre médicale de premier recours soit prise en compte par le schéma régional d’organisation des soins. Il s’agit pour nous de faire écho aux préoccupations et aux difficultés des territoires où cette offre n’est désormais disponible que très partiellement, voire bientôt plus du tout dans certains cas.
La population est extrêmement sensible à cette situation et s’inquiète des conséquences qui ne manqueront pas d’en découler un jour ou l’autre. J’en veux pour preuve les résultats d’une enquête sur les services à la population menée dans le département des Côtes-d’Armor : 72 % des personnes interrogées placent en tête des services au public prioritaires les médecins de premier recours. Ce chiffre se passe de commentaire !
Or, les aides à l’installation des professionnels de santé dans les zones déficitaires en médecins n’ont pas, à ce jour, produit de résultats significatifs ou se sont même révélées inopérantes.
Il paraît admis que le schéma régional d’organisation des soins doit prioritairement répondre aux besoins de santé rencontrés ou exprimés à l’échelle des territoires. Chacun a conscience de l’existence de disparités, voire d’inégalités territoriales, en matière tant d’offre de soins de proximité que de pathologies. De nombreuses régions sont aujourd’hui menacées par la démédicalisation rampante ; d’aucuns évoquent déjà des déserts médicaux, s’agissant notamment des généralistes. Ainsi, à l’heure actuelle, dans le Centre-Ouest-Bretagne, 56 % des médecins généralistes ont plus de 55 ans, 34 % plus de 60 ans, et le remplacement des médecins qui partent à la retraite n’est d’ores et déjà plus assuré. En clair, ce territoire comptera un tiers de médecins de moins qu’aujourd’hui d’ici à cinq ans ! Ce sont là des données objectives.
Dès lors, comment faire face à cette carence ? Il appartient manifestement au schéma régional d’organisation des soins de prendre en compte une situation dont tout indique qu’elle ne peut que s’aggraver et, bien évidemment, d’y apporter des réponses.
D’un point de vue général, l’augmentation du numerus clausus constituerait une première réponse à la désertification médicale. Si les médecins ne sont pas en nombre suffisant, rien n’est possible.
Sans doute faudrait-il aussi que des mesures fortes d’accompagnement permettent le regroupement de ces professionnels de santé au sein de maisons médicales de proximité.
Enfin, il faudrait que les médecins puissent consacrer le meilleur de leur temps à l’exercice de leur métier plutôt qu’à des tâches administratives qui les accaparent désormais, de leur propre aveu, bien au-delà du raisonnable !
Il est urgent de passer aux actes. Il y va de l’égalité d’accès aux soins de base pour nos concitoyens, qui est aussi un aspect essentiel de l’aménagement du territoire national. Nul ne saurait être pénalisé du fait de son lieu de résidence ! On ne peut abandonner une partie de la population française, qui connaît déjà et connaîtra encore davantage à l’avenir, à défaut de mesures volontaristes, des difficultés pour se soigner.
L’amendement que nous vous proposons d’adopter, mes chers collègues, vise à permettre une meilleure prise en compte de la réalité de chaque situation territoriale. Sans doute n’est-il pas vain de rappeler, en conclusion, que le Préambule de notre Constitution dispose que la Nation garantit à tous la protection de la santé.