Intervention de Guy Fischer

Réunion du 26 novembre 2009 à 10h00
Financement de la sécurité sociale pour 2010 — Adoption des conclusions modifiées du rapport d'une commission mixte paritaire

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

Nous contestons le terme de « généreux » ! S’il est vrai que notre système fait partie de ceux qui accompagnent le mieux les malades chroniques, celui-ci est non pas généreux, mais solidaire, monsieur le rapporteur !

Au-delà d’une simple querelle sémantique, c’est bien d’une différence de conception qu’il s’agit, et chacun sait ici qu’il est plus facile de s’attaquer à une mesure présentée comme généreuse que solidaire !

Sur ce sujet, nous sommes donc confortés – et nous le déplorons ! – dans nos craintes. Remarquez bien qu’il ne s’agit pas là de la première, ni de la seule attaque à l’encontre de mesures solidaires !

Aussi, concernant la branche retraite, nous ne pouvons accepter la manière avec laquelle votre gouvernement a supprimé – car c’est bien de cela qu’il s’agit ! – la majoration des durées d’assurance dont bénéficiaient les femmes depuis 1976.

Cette majoration avait pourtant comme objectif de compenser les inégalités salariales dont elles sont victimes, des inégalités qui persistent encore aujourd’hui : le salaire des femmes équivaut en moyenne à 73 % de celui des hommes et les retraites des femmes ne représentent toujours aujourd'hui que 62 % de celles des hommes ! Au final, 50 % des femmes à la retraite touchent moins de 900 euros.

En décidant de ne garantir aux femmes que quatre trimestres supplémentaires, vous prenez le risque de les priver totalement ou partiellement des quatre trimestres restants, ce qui aura nécessairement un impact sur leur niveau de retraite.

Et ce mauvais coup est malheureusement à ajouter à la suppression de l’allocation équivalent retraite et à la réintégration d’une condition d’âge pour bénéficier de la pension de réversion.

En deux ans, vous avez bel et bien pris trois mesures visant à réduire le montant des pensions des femmes, touchant ainsi leur pouvoir d’achat et leur qualité de vie. Ces mesures, qui sont contraires à nos valeurs, augurent mal l’avenir, notamment le débat sur les retraites que nous aurons en 2010.

La voie est, en réalité, toute dictée : allongement pour tous de la durée de cotisation !

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRC-SPG seront, madame la ministre, monsieur le ministre, très vigilants et mobilisés, notamment sur la question de la reconnaissance de la pénibilité.

Pour ce qui est de la branche accidents du travail- maladies professionnelles, nous considérons que d’importants efforts restent à faire.

Par respect pour les victimes, et parce que vous refusez toujours l’instauration d’une réparation intégrale, il faudrait fixer le montant de l’ACAATA, l’allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante, à 100 % du SMIC, et il serait tout aussi juste de permettre aux couples pacsés de bénéficier, au même titre que les couples mariés, de la rente viagère.

Il aurait d’ailleurs été nécessaire de rétablir la contribution au FCAATA, le Fonds de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante, que vous avez supprimée l’année dernière.

Nous considérons que cette contribution doit être supportée non par toutes les entreprises, mais exclusivement par celles qui ont exposé leurs salariés à l’amiante.

Enfin, en ce qui concerne la branche famille, nos regrets sont grands.

Vous avez refusé d’étendre la pension de réversion aux couples pacsés et de moduler l’allocation de rentrée scolaire en fonction du niveau d’étude et de la nature de l’enseignement poursuivi ! Pourtant, tout le monde le sait, une rentrée scolaire dans un enseignement professionnel coûte entre deux et trois fois plus cher qu’une rentrée dans l’enseignement général parce qu’il faut financer le trousseau et le matériel.

En réalité, les mesures nouvelles pour la branche famille, qui verra ses crédits gelés alors même que la crise appelle plus de solidarité, se résument à l’extension du prêt pour l’amélioration de l’habitat aux assistants maternels et au regroupement des assistantes maternelles.

Ce mode de garde, s’il peut constituer un complément à la garde collective en crèche, ne doit pas avoir vocation à la remplacer, et ce pour une bonne raison : les familles, particulièrement monoparentales, sont très attachées à la garde collective.

Ainsi, 65 % des familles interrogées sur les améliorations à apporter à notre système de garde réclament l’augmentation du nombre de crèches, loin devant l’augmentation du nombre d’assistants maternels.

Aujourd’hui, 350 000 places supplémentaires seraient nécessaires. En raison de ce déficit grave, seul un bébé sur dix peut être accueilli en crèche ou en halte-garderie.

Pour changer la donne, il faut modifier radicalement le cours des politiques familiales et changer d’échelle.

Par ailleurs, nous continuons, comme de très nombreux acteurs de la politique familiale, à demander l’octroi des allocations familiales dès le premier enfant, car c’est bien dès la naissance de cet enfant que les frais augmentent.

Madame la ministre, monsieur le ministre, à l’heure où, s’ouvre, sous l’impulsion de votre gouvernement, un débat sur l’identité nationale, …

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