Dans un cadre urbain déserté par les parents, les enfants et les adolescents découvrent rapidement qu'un profil délinquant est susceptible de leur offrir une intégration au sein du quartier et une rétribution qu'ils jugent hors d'atteinte dans la légalité. Leur premier rapport avec l'argent est souvent délictuel. L'école de la rue les entretient dans l'illusion que le crime paie. La rue concurrence alors l'école.
J'en viens maintenant à l'école, deuxième cercle de proximité après la famille. Elle éprouve de grandes difficultés à transmettre le savoir à ces jeunes qui, très rapidement, se sentent exclus par le système. Ils peinent à maîtriser les disciplines de base et ne peuvent recevoir d'aide de leurs parents. Ces derniers ont subi eux-mêmes un échec à l'école et en gardent parfois amertume et défiance.
Cette école, en particulier le collège, ne les intègre plus et n'est plus un sanctuaire les mettant à l'abri de la violence. À force de vouloir faire entrer tous les enfants dans un moule unique, l'école a fini par exclure plus gravement qu'auparavant une partie de ceux qui lui sont confiés.