Au terme de nos débats, rien n’étant venu modifier ce texte, vous comprendrez que le groupe CRC-SPG maintienne son vote négatif.
Par-delà l’ensemble des arguments que j’ai déjà développés, je souhaite brièvement, dans cette explication de vote, ajouter de nouvelles raisons qui justifient ce vote contre.
La première est liée au fait que, dorénavant, les stades des clubs de la Ligue 1 seront très hétérogènes et favoriseront des recettes dont les niveaux seront fort différenciés.
Ainsi, je le crois, vont se creuser de plus en plus des écarts favorisant véritablement deux catégories de clubs. Le foot de haut niveau à deux vitesses se met en place. Je ne suis pas sûr que cela va renforcer l’attractivité de notre championnat national.
D’autre part, on annonce partout que la rentabilité de ces nouveaux équipements ne pourra être trouvée que par l’augmentation de la fréquentation des matchs et par l’organisation en leur sein de nouvelles activités, telles que des spectacles.
Mais sommes-nous réellement assurés de ces potentialités de spectateurs sportifs sans que cela entraîne de fortes hausses du prix des places ? Sommes-nous réellement assurés de disposer de suffisamment d’activités culturelles de ce type pour rentabiliser ces nouveaux stades ? Je ne le crois pas.
Quand je dis « rentabiliser », c’est bien en termes financiers et non du point de vue social, car les investisseurs privés qui vont mettre de l’argent attendent un retour sur investissement et des dividendes.
De ce fait, les collectivités locales risquent à l’avenir d’être les pompiers qui viendront sauver ces stades.
De plus, dans certaines régions, les stades viendront en concurrence des salles de spectacles de type « zénith ».
Enfin, là où l’on va construire de nouveaux stades, que deviendront les anciens, dont la gestion sera à la charge exclusive des collectivités locales ?
En fait, aucune étude d’impact sérieuse n’a été faite.
Un autre point nous préoccupe. En plus du Stade de France et du Parc des princes, la région d’Île-de-France devrait voir à l’avenir la réalisation d’un nouveau stade à Nanterre et la fédération de rugby lance un appel d’offres pour la réalisation d’un stade de rugby pouvant, lui aussi, être construit dans cette région. À cela s’ajoute la rénovation des stades existants. Cela ne fait-il pas trop ? N’assiste-t-on pas à la formation d’une bulle inflationniste, qui risque fort d’éclater et qui finalement coûtera cher à la collectivité ?
Par ailleurs, – c’est important – ces équipements sont exclusivement réalisés au profit de deux sports. Pour les autres, il n’y a rien. N’est-ce pas la preuve que nous manquons cruellement d’une vision nationale ?
Madame la ministre, ne devriez-vous pas permettre et impulser la réflexion commune et la mise en cohérence qui semblent manquer aujourd’hui ?
Laisser le marché s’occuper de l’aménagement pour assurer une couverture optimale de notre territoire dans le domaine des équipements sportifs est, je crois, dangereux et illusoire. C’est la concurrence qui sévit alors, et non le développement harmonieux et durable.
Cette question des stades et des équipements sportifs montre bien la nécessité d’un vrai ministère des sports, avec de véritables moyens, qui ne joue pas seulement les arbitres illusoires et ne se satisfait pas seulement de ses missions régaliennes.
Selon nous, la puissance publique doit impulser une vraie politique publique en faveur du sport dans son ensemble et sur tout le territoire. Cela nous fait cruellement défaut aujourd’hui.