Intervention de Marie-Anne Montchamp

Réunion du 21 octobre 2004 à 15h00
Droits des personnes handicapées — Articles additionnels avant l'article 27, amendement 242

Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat :

Comme je m'y étais engagée lors de l'examen du projet de loi en première lecture, tant devant le Sénat que devant l'Assemblée nationale, après avoir pris connaissance des analyses et propositions contenues dans le rapport de la mission Briet-Jamet et après avoir entendu les avis et suggestions des groupes de concertation réunis par Hubert Falco et moi-même, je soumets à votre Haute Assemblée cet amendement n° 242 rectifié visant à mettre en place le dispositif institutionnel.

Désormais, la CNSA exercera trois fonctions principales.

Tout d'abord, elle assurera une fonction contributive auprès des conseils généraux afin de conforter la « solvabilisation » de la demande des personnes âgées et handicapées. Ainsi, la CNSA apportera les compléments nécessaires à la délivrance de l'APA, d'une part, à l'octroi de la prestation de compensation des personnes handicapées, d'autre part.

Ensuite, la CNSA sera chargée d'une fonction de répartition des crédits de l'assurance-maladie finançant l'offre médicosociale sous forme d'établissements et services, dans le souci de résorber les inégalités régionales et départementales observées. La CNSA répartira donc, sous la forme d'enveloppes régionales et départementales, l'intégralité des ONDAM consacrés aux personnes âgées et handicapées, ainsi que la part des recettes du jour férié affectées à la médicalisation des établissements et services des deux secteurs.

Enfin, la CNSA exercera une fonction de tête de réseau et d'expertise technique, confortant et harmonisant l'application des politiques menées dans le champ du handicap et de la gérontologie. Elle conduira notamment des travaux sur les référentiels, grilles et barèmes d'évaluation des déficiences, incapacités et dépendances, ainsi que sur les outils d'évaluation des besoins individuels. Elle contribuera aussi à des actions de recherche et de coopération internationale.

Par ailleurs, je vous propose - mais nous aurons l'occasion d'en débattre - de créer, dans chaque région, un nouvel outil de régulation et de programmation financière rationalisant la montée en charge des dotations affectées au développement des établissements et services relevant en tout ou partie d'une tarification préfectorale.

Cet outil dénommé « programme interdépartemental de prise en charge des handicaps et de la perte d'autonomie » dresserait, pour les établissements et services précités, une liste des priorités financières en tenant compte à la fois du contenu des schémas départementaux d'organisation sociale et médicosociale pour le handicap et la gérontologie et de la nécessaire articulation du sanitaire et du médicosocial.

La CNSA tiendra largement compte de cette programmation financière régionale pour fixer la dimension des enveloppes régionales et départementales de crédits, dans le souci, notamment, de répartir équitablement les moyens de résorber ainsi les disparités de l'offre médicosociale entre départements d'une même région.

Ce programme interdépartemental sera élaboré par la DRASS, arrêté par le préfet de région, après avis des comités départementaux consultatifs des personnes handicapées, des comités départementaux des retraités et personnes âgées et des sections compétentes du comité régional de l'organisation sociale et médicosociale incluant l'ensemble des exécutifs départementaux.

Enfin, la maison départementale des personnes handicapées sera mise en oeuvre sous l'autorité du président du conseil général.

Afin de garantir l'égalité de traitement et permettre un travail en partenariat, il vous est proposé de retenir un cadre juridique commun à toutes les maisons départementales. Nous l'avons évoqué dans le cadre de la discussion générale : le choix d'un GIP résulte de la volonté de mise en commun exprimée par tous les acteurs que j'ai consultés.

Ce GIP assurerait la gestion de la maison départementale. Son conseil d'administration comprendrait tous ceux qui contribuent à son fonctionnement, notamment l'Etat, le département, les organismes de sécurité sociale et des représentants des personnes handicapées désignées par le CDCPH.

La commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées serait également présidée par le président du conseil général, mais distincte de la maison départementale qui assure son fonctionnement. Les équipes pluridisciplinaires seront mises en place par la maison départementale.

La prestation de compensation sera attribuée par la commission et servie par le département qui, en plus de l'actuelle ACTP, recevra des dotations en provenance de la CNSA.

Ainsi, le dispositif dont nous allons débattre reposera sur trois pôles principaux de compétence.

Premier pôle : une gestion de proximité coordonnée par le président du conseil général, qui organisera la distribution des allocations et des aides nécessaires aux personnes âgées et, grâce à la maison départementale des personnes handicapées et à la commission des droits, aux personnes handicapées.

Deuxième pôle : une programmation financière régionale des créations de places en établissements et services sociaux et médicosociaux pour personnes handicapées et personnes âgées, coordonnée par le préfet de région.

Enfin, troisième pôle : un pilotage opérationnel national de la politique de gérontologie et du handicap par la CNSA, qui devient le bras armé de l'État pour coordonner les différentes composantes du dispositif, au sein duquel les associations prendront toute leur place.

Vous noterez que la réforme proposée par le Gouvernement concilie deux exigences principales : tout d'abord, une plus grande décentralisation, en faisant du département le chef de file de la « solvabilisation » de la demande des personnes âgées et des personnes handicapées ; ensuite, le maintien, tant attendu par les associations, de l'unicité de l'assurance-maladie, puisque le Parlement continuera à voter les ONDAM médicosociaux des personnes âgées et des personnes handicapées, en dégageant chaque année les mesures nouvelles nécessaires pour conforter notre politique médicalisée d'accueil en institution et de maintien à domicile comme en milieu ouvert.

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