Intervention de Jacky Le Menn

Réunion du 11 octobre 2010 à 10h00
Réforme des retraites — Article 6 priorité suite, amendement 1200

Photo de Jacky Le MennJacky Le Menn :

Monsieur le ministre, nous sommes au cœur d’une situation qui touche la moitié de notre population : les femmes.

Le sous-amendement n° 1200 de Mme Jacqueline Panis, tel qu’il a été présenté par la présidente de la délégation aux droits des femmes, est important parce qu’il se situe au cœur d’un problème de société.

Qu’on le veuille ou non, ce problème, compte tenu de notre culture, se posera encore de nombreuses années : les femmes supportent, s’agissant de la vie de famille, du ménage et de la domesticité, une charge beaucoup plus importante que les hommes. Telle est la réalité.

De même, pour les enfants, qu’ils soient en bas âge ou plus âgés – les adolescents et préadolescents connaissent parfois des problèmes –, les femmes sont en première ligne. Elles sont parfois, et même très souvent, obligées d’arrêter leur activité professionnelle pour faire face à des situations difficiles.

Enfin, en ce qui concerne la question du cinquième risque et de la dépendance – nous aurons à en discuter dans les mois à venir –, les femmes vont également être mises fortement à contribution.

La population vieillit et, malgré des pathologies parfois extrêmement lourdes, 87 % des personnes âgées aspirent à rester plus longtemps chez elles : Un entourage familial est alors nécessaire.

Une telle solution revient d’ailleurs moins cher qu’une installation dans une maison de retraite, un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes, EHPAD, ou autre.

Mais – ne nous faisons pas d’illusions –, ce seront les femmes qui supporteront cette charge de manière massive. Et c’est là non pas une question politique, un clivage entre la droite, le centre et la gauche, mais un fait de société visible.

Vendredi soir, nous avons discuté très longuement des problèmes du handicap, monsieur le ministre. Cette question est du même ordre.

Dans les années à venir, avec la montée du vieillissement, nous devrons faire face à un besoin de présence au domicile des personnes âgées, notamment de celles qui sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de pathologies connexes. Cette présence devra être assurée par des personnes très proches. Multiplier les intervenants reviendrait beaucoup plus cher.

La capacité des femmes à prendre en charge cet accompagnement doit être reconnue. On ne peut pas en plus les pénaliser parce qu’elles aident indirectement les finances publiques ! C’est une question de bon sens politique ! Mais il me semble parfois, monsieur le ministre, que ce bon sens a disparu.

À l’annonce du dépôt de l’amendement n° 1182 du Gouvernement sur ces problèmes, il nous a semblé que la raison faisait son chemin et que les membres du Gouvernement avaient aussi un cœur – c’est ce que nous pensions… –, ou du moins qu’ils avaient le sens des calculs.

Or, dans ce calcul, le retour sur investissement – c’est un vocabulaire que vous comprenez bien… – sera plus fort si l’on aide indirectement la population féminine lorsqu’elle s’occupe de ses vieux parents ou de ses vieux grands-parents. D’ailleurs, cela ne l’empêchera pas, auparavant, d’avoir plus d’enfants, le taux de natalité en France étant plus élevé que la moyenne européenne.

Ces femmes s’occupent de leurs parents, font deux ou trois journées en une, et travaillent quinze ou seize heures par jour. Et au moment de la retraite, on leur impose une décote qui ne leur laisse qu’une petite pension – d’ailleurs, pour le peu de temps qu’elles ont travaillé, les pensions sont déjà extrêmement faibles. Leur imposer encore des décotes, qui les conduiront à travailler jusqu’à 67 ans, est un mauvais coup porté à nos compagnes, aux femmes de France ! Nous nous opposons à une telle disposition.

En conséquence, nous apporterons nos voix au sous-amendement n° 1200 de Mme Jacqueline Panis.

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