Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre assemblée se préoccupe depuis longtemps de l'apprentissage des langues étrangères.
C'est un rôle important donné à notre école que de permettre aux jeunes Françaises et Français d'entrer en dialogue direct avec les jeunes d'autres pays. C'est également un élément important dans un cursus professionnel et l'on sait l'importance qu'accordent les entreprises à la connaissance des langues dans les curriculum vitae qui leur sont adressés.
A deux reprises, en 1994 et en 2003, le Sénat a rédigé des rapports sur l'enseignement des langues étrangères en France qui, à chaque fois, ont été adoptés à l'unanimité par la commission des affaires culturelles de notre assemblée. Il est bon de le noter.
Aussi tenons-nous à insister sur la nécessité pour les jeunes Français de suivre ce qui apparaît comme une norme pour les jeunes Européens : bien connaître, outre leur langue nationale, bien évidemment, deux autres langues. C'est un élément d'ouverture sur le monde.
Monsieur le ministre, le rapport Thélot, que vous avez récemment commandé, a traité de ce problème, mais ses conclusions nous ont un peu surpris.
Il part d'un constat que nous ne discutons pas : l'enseignement des langues étrangères en France doit être revu, les résultats n'étant sans doute pas exactement ceux que nous attendons. Mais, partant de cela, il conclut que, dans ces conditions, il faut obligatoirement, dès le primaire, apprendre l'anglais.
Cette façon de présenter le problème nous paraît réductrice. Dans nos préconisations, nous insistions, au contraire, sur la nécessité de diversifier l'apprentissage des langues étrangères, non pas, comme certains le disent, pour nier l'importance de la langue anglaise au XXIe siècle - il est assurément difficile pour un jeune, actuellement, de ne pas posséder une certaine maîtrise de cette langue - mais parce que, parallèlement à la plus ou moins bonne connaissance de cette langue que tout le monde dans l'avenir possédera, il est également très important, car c'est un élément déterminant pour l'entrée dans la vie professionnelle, de maîtriser une autre langue.
Monsieur le ministre, vous comprendrez qu'aujourd'hui, à l'occasion de ce débat budgétaire, nous vous demandions de préciser quelles sont vos intentions pour rénover l'apprentissage des langues étrangères, tout en respectant le droit des jeunes - et des parents - de choisir les langues étrangères qu'ils ont envie d'apprendre. Comment entendez-vous organiser pour tous les jeunes Français l'apprentissage de deux langues étrangères à un certain niveau, d'une façon qui soit plus efficace et qui permette, à travers cette diversité dont nous donnerons ainsi l'exemple dans le domaine linguistique, de montrer que la France est exemplaire dans sa volonté de respecter la diversité culturelle ?