Intervention de François Fillon

Réunion du 7 décembre 2004 à 21h30
Loi de finances pour 2005 — I. - enseignement scolaire

François Fillon, ministre :

Autrement dit, ce n'est pas, me semble-t-il, en luttant contre les « textos » que l'on pourra résoudre le problème de l'illettrisme ; cela ne pourra se faire qu'en rétablissant le rôle des dictées, des récitations, ou en faisant apprendre les règles de grammaire. Il n'y a là, je crois, rien de nostalgique, et je n'ai d'ailleurs fait, en proposant ce dispositif, que reprendre les conclusions d'une commission présidée par M. René Rémond qui regrettait l'insuffisance de ces méthodes que certains considéreront comme classiques, ce qui, de mon point de vue, est plutôt un compliment, en matière d'enseignement de la langue française.

S'agissant de la réforme de la formation des maîtres, j'ai eu l'occasion tout à l'heure de m'exprimer assez longuement sur la nouvelle structure que je propose.

Quant au contenu de la formation, elle pourrait se résumer à trois volets.

Il s'agit, en premier lieu, du volet disciplinaire : la connaissance des programmes que les enseignants devront enseigner, puisque l'apprentissage de la discipline est, lui, acquis pendant la période universitaire, avant l'IUFM .

Il s'agit, en deuxième lieu, du volet pédagogique : connaître la diversité des élèves, apprendre à leur apprendre, apprendre à se faire respecter.

Enfin, vient un troisième volet que j'intitulerai le service public : quels sont les devoirs des fonctionnaires ? Quelles doivent être les relations avec les parents et avec le monde extérieur - les collectivités locales, la sphère économique.

Tels sont les trois axes de la formation des maîtres rénovée que je vous proposerai.

S'agissant de la mise en place des assistants d'éducation, vous me donnez, monsieur le sénateur, l'occasion de répondre à plusieurs questions qui ont été posées et auxquelles je n'ai pas encore répondu.

Tout d'abord, tous les postes de MI-SE qui ont été supprimés ont été remplacés par des postes d'assistants d'éducation.

Ces postes ont été conçus à travers un dispositif qui laisse au chef d'établissement la responsabilité du recrutement. Vous avez été nombreux, mesdames, messieurs les sénateurs, à souhaiter que le chef d'établissement ait plus d'autorité, plus d'autonomie, qu'il puisse constituer son équipe et faire les choix correspondant aux besoins de l'établissement.

De ce point de vue, une liberté supplémentaire a été donnée aux chefs d'établissement, et je ne vois pas de raison de s'inquiéter du fait que certains d'entre eux, surtout si leur établissement pose de sérieuses difficultés, décident de recourir à des recrutements qui ne font pas forcément appel à des étudiants.

Quand, dans des établissements très difficiles, l'on se trouve confronté, par exemple, à des problèmes de racket ou de trafic de drogue, il n'est peut-être pas inutile de disposer d'un certain nombre de professionnels recrutés dans des conditions statutaires qui n'ont rien à voir avec le dispositif des emplois-jeunes.

Enfin, monsieur le sénateur, vous posez la question : pourquoi pas un maître supplémentaire, un « maître volant » ?

En proposant, dans le projet de loi d'orientation, la mise en place d'heures de soutien - trois heures par semaine pour tous les élèves qui en auront besoin - sous la forme d'un contrat individuel de réussite éducative, je réponds finalement à votre question. En effet, il s'agira bien de moyens supplémentaires qu'il conviendra de mettre en oeuvre pour que ces heures de soutien soient assurées soit à l'intérieur des établissements, soit par des équipes extérieures aux établissements.

Par conséquent, monsieur le sénateur, cet objectif, que d'ailleurs nous partageons, montre bien, me semble-t-il, que nous n'avons en rien une vision comptable de l'organisation de l'éducation nationale. Notre volonté est de mettre les moyens publics là où ils sont efficaces.

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