Pour ma part, je n'ai pas employé le terme « distribution », j'ai simplement présenté ce que devrait être la position des gouvernants d'aujourd'hui, d'hier et de demain, de ceux qui ont en charge la gestion de la vie publique et qui devraient donc s'intéresser à la détresse de millions de nos concitoyens.
Il ne s'agit donc pas de « distribuer » un treizième mois, car cela prêterait à sourire. Il s'agit simplement de mettre l'accent sur une période particulière de l'année, à savoir les fêtes de fin d'année. En effet, si la misère est à peu près « égale » tout au long de l'année, chacun peut au moins convenir, car c'est incontestable, qu'elle revêt à cette période un caractère particulièrement insupportable. Pour ne pas l'admettre, il faudrait non seulement s'enfermer chez soi, mais aussi éteindre la télévision, qui va bientôt diffuser à nouveau des reportages sur « ces pauvres malheureux qui dorment dans la rue » et dont on se moque toute l'année, il faut bien le reconnaître.
Madame la ministre, vous avez évoqué un programme de renforcement des places d'hébergement d'urgence. A cette fin, des stations de métro seront utilisées ainsi que certains autocars qui ont été mis à la réforme. Cela ne masque pas la terrible et implacable vérité : des millions de personnes n'ont rien et se trouvent, avec leurs enfants, dans des situations inextricables.
Les fêtes de fin d'année sont considérées comme des périodes « dépensières ». Ceux qui disposent de revenus normaux - je ne parle pas de revenus importants -, font un geste et acceptent de payer un petit extra pour faire plaisir à leurs familles, notamment à leur enfants.
Or c'est bien de cette situation qu'il faut discuter, et de rien d'autre. Apparemment, une telle mesure coûterait un milliard d'euros. J'en conviens, mais je ne suis ni banquier ni comptable des finances publiques, même si je m'y intéresse. A mes yeux, une telle mesure, c'est de l'argent bien dépensé et bien placé. Encore une fois, il s'agit de se préoccuper du sort de millions de personnes, adultes et enfants, qui connaissent des situations épouvantables.
D'ailleurs, pour soulager la misère, nous ne pouvons nous satisfaire de la seule action des associations caritatives, qu'il s'agisse notamment du Secours populaire, du Secours catholique ou de la CroixRouge, lesquelles, grâce au bénévolat, accomplissent des choses incroyables, voire des miracles.
A cet égard, l'Etat doit assumer son rôle de garant d'une certaine égalité sur le territoire national et prendre en compte ces difficultés tant qu'elles ne seront pas résolues.
Madame la ministre, vous espérez, pour demain, le retour à l'emploi des personnes en difficulté afin qu'elles puissent régler leurs problèmes. Nous le souhaitons tous, mais nous pensons que le plan Borloo ne le permettra pas. Au demeurant, c'est un autre débat : si, demain, tout le monde retrouve du travail, notre proposition n'aura plus lieu d'être et nous en serons tous ravis, mais cela n'arrivera ni demain ni, malheureusement, après-demain, car la masse des gens potentiellement concernée est trop importante.
En l'espèce, nous proposons de verser, non pas un treizième mois, mais une aide financière dont le nom reste à déterminer. Au reste, qu'il s'agisse d'une « indemnité », d'une « allocation de fin d'année » ou d'autre chose, finalement, cela n'a aucune importance.
Quoi qu'il en soit, il est du devoir du Gouvernement de répondre à l'attente de nombreuses personnes. J'attends donc de vous, madame la ministre, que vous y répondiez, avec votre collègue M. Larcher.