Intervention de Michel Billout

Réunion du 1er juillet 2010 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Bilan du g20

Photo de Michel BilloutMichel Billout :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s’adresse à M. le Premier ministre.

Dans le climat politique délétère que connaît notre pays, le sommet du G20 qui s’est tenu à Toronto est passé presque inaperçu. Pourtant, après celui de Londres, il devait enfin y être pris de véritables décisions concernant la régulation du capitalisme, qui traverse aujourd’hui la pire crise qu’il ait connue.

Il était question, notamment, de décider la taxation des transactions financières et des banques, lesquelles n’ont dû leur salut qu’à l’injection massive de capitaux publics, sans aucune contrepartie, particulièrement en France, ou encore d’évoquer une nouvelle gouvernance économique mondiale.

Mais, comme d’habitude, à l’exception de la mise en garde du Président Obama à l’Union Européenne contre des mesures d’austérité susceptibles de paralyser la croissance, tout cela n’aura été que vœux pieux et pures déclarations d’intentions. Moralisation et régulation du capitalisme ne font toujours pas l’objet d’un début de mise en œuvre !

Et qu’on ne nous parle pas de la toute petite taxe sur les activités bancaires que pourraient mettre en place la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne ! Mme Lagarde a elle-même annoncé au Wall Street Journal que son produit ne représenterait que quelques centaines de millions d’euros, soit approximativement le coût d’organisation de la réunion du G8 et du G20 à Toronto…

On nous promet maintenant de faire mieux lors du prochain sommet de Séoul, organisé cette fois sous présidence française. Mais comment la présidence française peut-elle garantir que le G20 s’attaquera enfin aux injustices les plus flagrantes du système capitaliste, à savoir les paradis fiscaux, l’évasion fiscale, les spéculations financières, tout ce qui ruine les États et exige des populations des sacrifices énormes pour le plus grand profit des fortunés de ce monde ?

Car, pour prétendre vouloir moraliser le capitalisme, ne faut-il pas faire la démonstration de l’indépendance des principaux dirigeants à l’égard des grandes puissances financières ? Quand nombre de ministres du Gouvernement français sont pris la main dans le pot de confiture ou quand leurs liens intimes avec la finance sont mis au grand jour, quelle crédibilité la France peut-elle avoir à l’égard de ses partenaires ? Quelle image donne-t-elle aux pays les plus pauvres de la planète ?

Monsieur le Premier ministre, pour pouvoir moraliser le capitalisme, ne faut-il pas exiger notamment des membres de son gouvernement l’absence de tout lien avec les intérêts les plus égoïstes et partisans, c'est-à-dire l’absence de tout conflit d’intérêts ? Si vous pensez que tel est le cas, quelles mesures comptez-vous prendre en ce sens avant que la France n’accède à la présidence du G20 ?

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