À Shanghai, il y a 30 millions d’habitants ! Comparaison n’est pas raison, la preuve en est !
Je ne vais pas voter l’amendement de notre collègue Sueur. Nous sommes, en effet, contre la création des métropoles, non pas parce que nous sommes contre une réalité – l’existence de métropoles – mais parce que la création des métropoles telle que prévue par votre projet, qui, de fait, érige celles-ci au rang de collectivités, est l’expression d’une pensée technocratique du développement. Elle reflète, en tout cas, une vision du développement de notre pays que nous ne partageons pas.
Il en est de la Silicon Valley, chère aux uns et aux autres, comme il en était de notre organisation territoriale. La Silicon Valley n’est pas organisée en métropole sur le plan administratif.
Notre organisation territoriale a son histoire avec ses inconvénients, notamment son caractère ultra-centralisateur. Néanmoins, elle n’a pas empêché le développement de notre pays quand se conjuguaient des politiques audacieuses, tant sur le plan de l’économie que sur celui de la recherche publique. Au terme de cette histoire singulière et au fil des investissements publics massifs, une grande partie du territoire s’est développée.
Si elle n’est pas exempte de critiques, ne serait-ce qu’en raison du contraste relevé par certains entre l’Île-de-France et « le désert français », il n’en demeure pas moins que le développement économique de la France a été une réalité. Il ne s’agit donc pas d’une organisation qui en serait restée à ce qu’elle était en 1789, comme l’a dit M. Dallier. Figurez-vous qu’au XXème siècle, le développement de notre pays a été harmonieux et relativement égalitaire !
Les structures tout à fait nouvelles que vous voulez instaurer reflètent vos choix en faveur de quelques pôles de « développement » destinés à accueillir des entreprises privées qui tireront une rentabilité maximale de l’argent public drainé sur les lieux.
Il vous reste à prouver que ce choix sera positif pour le développement des populations, parce que c’est l’aspect qui nous intéresse les uns et les autres – en tout cas, qui nous intéresse, nous. Compte tenu de la faiblesse des politiques publiques, il aura, à coup sûr, pour conséquence la désertification et le recul de toutes les localités qui ne seront pas à proximité des métropoles.
Voilà la réalité. Il faudrait réfléchir un peu plus avant de faire la leçon sur ceux qui seraient pour le xviiie siècle et ceux qui seraient pour le xxiie, voire pour le xxiiie siècle !