Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce débat porte sur la politique étrangère de la France, mais notre pays devant assurer la présidence de l’Union européenne dans moins de cinquante jours, vous me permettrez d’évoquer la politique étrangère de l’Europe.
La présidence française, la douzième depuis les débuts de la construction européenne, et peut-être la dernière sous cette forme, intervient à un moment charnière.
En effet, le traité de Lisbonne devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2009, si tous les États membres ont achevé à cette date leur procédure de ratification – et j’espère que l’Irlande suivra.
La première priorité de la présidence française sera donc d’achever le processus de ratification et de préparer la mise en œuvre des principales innovations de ce traité.
À cet égard, vous pourrez peut-être nous dire, monsieur le ministre, quelle est la position française concernant la physionomie du futur service européen d’action extérieure, car j’ai cru comprendre qu’il existait de fortes divergences entre les États membres sur le positionnement de ce service, le périmètre de son action ou encore le nombre de ses agents.
Parmi les priorités de la présidence française, le renforcement de la politique étrangère et de défense commune occupe une place particulière. C’est en effet l’un des domaines qui suscite, vis-à-vis de l’Europe, le plus d’attentes chez les citoyens.
Or, si des progrès ont été réalisés ces dernières années, les États européens ne parviennent toujours pas à parler d’une seule voix face aux États-Unis ou aux nouvelles puissances émergentes, comme la Russie ou la Chine.
Qu’il s’agisse du Kosovo, de l’attitude à adopter à l’égard de la Chine ou encore de l’installation d’éléments du système de défense antimissiles américain en Pologne et en République tchèque, les vingt-sept États membres de l’Union européenne paraissent impuissants à définir une approche commune.
L’Union européenne ne parviendra à faire entendre sa voix sur la scène internationale que s’il existe une réelle unité entre les Européens.
Une nouvelle fois, l’Union européenne se retrouve en première ligne dans la région des Balkans. La stabilité de cette région, que vous connaissez bien, monsieur le ministre, constitue un véritable test pour la crédibilité de son action.
Elle doit donc concentrer ses efforts pour maintenir la paix entre les communautés et offrir une perspective européenne, qui paraît seule en mesure de freiner le retour des nationalismes.
Au Proche-Orient, alors qu’elle est membre à part entière du Quartet et qu’elle est de loin le premier contributeur en matière d’aide aux territoires palestiniens, l’Union européenne se retrouve à l’écart du processus politique des négociations entre Israël et les Palestiniens. On fait appel à l’Europe pour augmenter l’aide aux Palestiniens, mais lorsqu’il s’agit des questions politiques, elle est étrangement absente, les États-Unis jouant un rôle quasi exclusif.
Alors que notre pays est fortement impliqué dans la région, notamment au Liban, comment, monsieur le ministre, l’Union européenne compte-t-elle agir et exister politiquement pour contribuer à résoudre ce conflit qui peut avoir des conséquences majeures pour la sécurité internationale ?
Si l’Union européenne veut jouer un rôle accru sur la scène internationale, il est également indispensable qu’elle renforce ses liens avec la Russie.
En sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie est, en effet, pour l’Union européenne, un partenaire privilégié en matière de politique étrangère.
Ainsi la Russie joue-t-elle, vous le savez bien, monsieur le ministre, un rôle stabilisateur important dans la crise iranienne. Elle apporte son soutien à l’opération de l’OTAN en Afghanistan et elle vient de faire un geste fort en mettant à la disposition de l’Union européenne quatre de ses hélicoptères pour mener une opération au Tchad et en République centrafricaine, où les troupes de l’OTAN sont absentes.