Intervention de Adrien Gouteyron

Réunion du 14 mai 2008 à 16h00
Politique étrangère de la france — Suite d'un débat organisé à l'initiative d'une commission

Photo de Adrien GouteyronAdrien Gouteyron :

Dans le budget de l’action extérieure de l’État, il nous faut maîtriser tout risque inflationniste pour éviter de sacrifier l’essentiel : les ressources humaines nécessaires à une diplomatie politique, économique et culturelle d’excellence.

Le second écueil du Livre blanc serait de résumer notre diplomatie à une pure logique de moyens, alors qu’elle est fondamentalement une politique de puissance. Globalement, nous n’avons aucunement à rougir en regardant les chiffres de notre investissement budgétaire dans notre action extérieure par rapport à nos voisins.

Le futur lecteur du Livre blanc que je suis aspire à trouver dans ce document des objectifs clairs, un chemin vers des résultats tangibles que nous devons atteindre, un renouveau profond de certains instruments – je pense en particulier à la diffusion culturelle à l’étranger – et un recentrage sur des priorités essentielles. Ainsi, monsieur le ministre, laissons les questions d’immigration et de visas au ministère qui en a la charge.

C’est seulement ensuite, me semble-t-il, qu’il convient de dessiner une organisation plus efficace, non pas du seul Quai d’Orsay, mais de l’ensemble de l’action extérieure de l’État, et d’en présenter les conséquences budgétaires. Dans tout domaine de l’action de l’État, ce sont les objectifs qui sont premiers. Dès lors qu’ils sont clairement exprimés, le budget devrait n’être qu’une conséquence.

Pour que cette démarche aboutisse, il nous faut absolument entrer dans une culture d’évaluation des résultats de nos actions. Monsieur le ministre, nous savons, vous et moi, que les diplomates ont une sainte horreur des indicateurs de performance. Néanmoins, sans démarche d’évaluation et sans contrôle de gestion performant, nous ne pourrons pas réussir une réforme vers le haut de l’action extérieure de l’État.

Or, pour moi, comme pour nous tous, sans doute, la diplomatie n’est pas une nostalgie, où nous cultiverions le souvenir de Lafayette à Washington, la mémoire de l’Entente cordiale à Londres et celle de la Pologne d’avant-guerre à Varsovie, elle constitue l’expression de ce qui fait la force et le talent de notre pays, tel qu’il est aujourd’hui.

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