La dynamisation de la filière bois, pour répondre à la demande de ressources renouvelables, avait été inscrite dans le Grenelle I à l’engagement n° 77.
Il était prévu que cette revalorisation de la forêt française prenne en compte la dimension multifonctionnelle de la forêt, tout particulièrement sa dimension écologique, en permettant d’enrayer la perte de biodiversité.
Cet engagement n’a finalement fait l’objet d’aucune traduction dans la loi « Grenelle II » et la dynamisation de la forêt se retrouve incluse dans un projet de loi sur l’agriculture. Le changement dans l’esprit des mesures proposées est à l’avenant, et la forêt est envisagée comme un simple « champ à bois » dont on chercherait à augmenter la productivité.
C’est méconnaître totalement les rythmes forestiers, qui se placent sur des échelles de temps beaucoup plus longues que les rythmes agricoles. De plus, selon le rapport du Centre d’analyse stratégique sur la valeur de la biodiversité, le bois ne représenterait que 10 % de la valeur économique de la forêt. Il ne s’agit donc pas d’hypothéquer les 90 % restants ni de compromettre la capacité des forêts à assurer l’ensemble des services environnementaux dont dépend la société : lutte contre l’effet de serre, protection des sols et des eaux, prévention des risques naturels, préservation de la diversité biologique.
Les plans pluriannuels régionaux de développement forestier portés par cet alinéa 5 sont positifs en ce qu’ils introduisent l’approche territoriale de la proposition du Grenelle, nécessaire à l’appropriation collective des projets. Mais la rédaction actuelle introduit un déséquilibre entre les différentes fonctions de la forêt, en consacrant la production et la valorisation économique du bois comme objectif premier et en renvoyant au second plan la question de la durabilité et de la préservation des fonctions écologiques de la forêt.
La rédaction que nous proposons à travers cet amendement vise à rééquilibrer les objectifs en consacrant la gestion durable, et non pas la valorisation économique du bois, comme principe directeur des plans pluriannuels régionaux de développement forestier.