Avec l’article 15, nous abordons le point essentiel de la formation des étudiants en médecine et de leur répartition territoriale.
Cet article entend répondre à une angoisse diffuse sur les zones du territoire de la République.
C’est d’abord l’inquiétude de nos concitoyens, en particulier dans certains secteurs, qui appréhendent de devoir parcourir de nombreux kilomètres en voiture pour pouvoir être soignés convenablement.
C’est aussi celle des élus et des forces vives qui ont peur pour l’attractivité de leur territoire. Ce projet de loi est relatif aux patients, mais aussi aux territoires. Il faut en tenir compte. Chacun sait que, pour les familles, comme pour les entreprises d’ailleurs, le choix d’une installation sur un territoire donné est naturellement conditionné par des critères de bien-être.
À ce sujet, madame la ministre, votre texte comporte des mesures positives, en particulier la coopération, les stages, le guichet unique et potentiellement les maisons de santé pluridisciplinaires.
Cela étant, à mon avis, comme l’ont dit les précédents orateurs, il ne va pas suffisamment loin. On ne règle pas de tels problèmes à distance, et l’on peut craindre que la névrose, voire la psychose, qui s’est emparée de la population n’aille grandissant.
Certaines zones périurbaines ou rurales souffrent d’un déficit en matière de démographie médicale, paradoxalement pour des raisons différentes. En milieu rural, les médecins craignent le surmenage et l’éloignement ; en milieu urbain ou périurbain et dans les banlieues parfois difficiles, c’est l’environnement et le style de vie qui n’ont rien d’attrayant.
Dans mon propre département, si la cote d’alerte n’a pas encore été atteinte pour l’instant, certains secteurs sont déjà en manque. D’ici à 2012, plusieurs autres devraient s’y ajouter, et à cette même date, seize nouveaux cantons – on sera passé de trois à seize en quatre ans – n’auront plus que deux à quatre médecins en activité. Autant dire que nous nous trouvons là devant un effet boule-de-neige…
Plusieurs fermetures de cabinet, faute de repreneur, sont révélatrices d’un fait : les jeunes médecins, du moins un grand nombre d’entre eux, ne veulent pas s’installer en zone rurale, pour diverses raisons. À l’issue de leurs études, ils attendent souvent dix ans pour s’établir, et, pendant ce temps, ils assurent des remplacements. Leur moyenne d’âge au moment de leur installation est de trente-huit à quarante ans, …