La séance, suspendue à douze heures cinquante-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Gérard Larcher.
La séance est reprise.
L’ordre du jour appelle les réponses à des questions d’actualité au Gouvernement.
Je rappelle que l’auteur de la question de même que la ou le ministre pour sa réponse disposent chacun de deux minutes trente.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
Je profite de cette occasion pour vous dire, monsieur le ministre, combien je suis sensible à votre présence aujourd'hui devant la Haute Assemblée, présence dont je vous remercie d’autant plus qu’il semblerait que vous ayez des occupations sur d’autres fronts…
Exclamations sur les travées de l ’ UMP.
Sourires sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées du groupe socialiste.
Vous savez que sévit actuellement une crise considérable chez les producteurs laitiers.
Cette crise se traduit, en définitive, par une grande colère et par une non moins grande détresse, que les producteurs ont manifestées la semaine dernière.
Que se passe-t-il ?
La baisse de 30 % du prix du lait est inacceptable, intolérable et même lamentable !
M. François Fortassin. L’absence de solidarité entre les différents maillons de la filière a quelque chose d’indécent, voire de suicidaire.
M. Jean-Pierre Sueur applaudit
Il faut savoir que la traite, deux fois par jour, est une contrainte considérable. De la même façon, les investissements sont très lourds et il faut rappeler que, pour obtenir un élevage laitier de qualité, il faut souvent dix ans.
Voilà donc une filière d’excellence qui risque, dans les années à venir, d’être mise à mal, et ce par manque de solidarité !
Lorsque l’on constate une diminution de 30 % du prix du lait qui se traduit à peine par une diminution de 3 % ou de 4 % du prix des produits laitiers, j’ai envie de dire : cherchez l’erreur !
Nous attendons donc, monsieur le ministre, que le gouvernement de la France prenne un certain nombre de mesures très fortes pour pérenniser la filière laitière.
Nous produisons en France l’un des meilleurs laits au monde ; nous ne pouvons donc pas laisser les choses en l’état au prétexte qu’il y a des règles européennes.
Certes, nous devons respecter ces règles, mais nous devons aussi montrer quelle est l’indépendance de la France en la matière !
Applaudissements sur les travées du RDSE et du groupe socialiste, ainsi que sur les travées de l ’ Union centriste et de l ’ UMP.
M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche. Vous n’avez pas à me remercier d’être présent, monsieur Fortassin : le Gouvernement est à la disposition du Parlement.
Très bien ! et applaudissements sur les travées de l’UMP.
Je n’oublie pas non plus que j’ai eu l’honneur de siéger dans cette Haute Assemblée.
Puisque vous êtes le premier à m’interroger, mais que quatre autres de vos collègues m’interrogeront eux aussi sur le même sujet, j’essaierai d’organiser mes réponses de façon qu’elles se complètent, pour éviter de me répéter. J’aborderai donc progressivement les différentes dimensions de cette crise laitière.
Vous me permettrez aussi d’ajouter, monsieur Fortassin, que, quand on est ministre de l’agriculture et de la pêche, on a la charge de deux secteurs qui sont, historiquement, les deux grandes politiques économiques conduites par l’Europe. Celle-ci, par conséquent, n’est jamais très loin.
Mesdames, messieurs les sénateurs, nous nous trouvons dans une situation de crise et de blocage. J’ai eu l’occasion de dire, et je le répète devant vous, que les prix annoncés pour la livraison du mois d’avril ne sont pas supportables pour les producteurs.
Je ne trouve pas normal que des producteurs livrent leur lait et ne connaissent le prix de leur travail qu’un mois et demi plus tard !
Face à cette situation de blocage, qu’avons-nous fait ? Vous le savez bien, mesdames, messieurs les sénateurs, ce n’est pas le Gouvernement qui fixe le prix du lait.
Nous avons toutefois pris nos responsabilités, Luc Chatel et moi-même, en désignant la semaine dernière deux médiateurs, MM. Philippe de Guénin et Pierre Lepetit, pour encourager la reprise de la négociation.
J’ai appelé, au même moment, les différents acteurs de cette filière – producteurs, coopératives, industriels – à renouer le dialogue, car cela fait des mois qu’ils ne se parlent plus.
Ce matin même, nous avons de nouveau pris nos responsabilités : en accord avec le Premier ministre, j’ai adressé à l’interprofession, par l’intermédiaire du président du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, une proposition qui permet de bâtir un nouveau cadre de régulation.
Je pense pouvoir dire qu’à partir de ce texte, que je tiens à votre disposition, producteurs et coopératives industrielles peuvent travailler à un nouvel accord.
Pourquoi faire cette proposition aujourd’hui ? Parce que, depuis le vote, en décembre 2008, d’une loi que vous avez donc vous-mêmes adoptée, mesdames, messieurs les sénateurs, les discussions sont bloquées.
Il fallait, par cette proposition visant à instaurer une nouvelle régulation, encourager l’apparition d’un nouvel état d’esprit. Je forme le vœu, monsieur Fortassin, qu’à partir de ce cadre préconisé par le Gouvernement le dialogue puisse reprendre dans les jours qui viennent, qu’il se poursuive et qu’il aboutisse.
J’espère en particulier qu’un accord sera trouvé entre les différents acteurs de cette filière si importante, sur l’établissement d’un prix juste.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.
crise dans l'industrie laitière
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
Elle porte, elle aussi, sur le prix du lait. Le fait que la même question soit posée sur toutes les travées de cet hémicycle signale la gravité de la situation que connaissent aujourd’hui les producteurs de lait.
Tous les mois, la « paie du lait » – j’emploie à dessein cette expression, qui est utilisée par les intéressés eux-mêmes – apporte aux agriculteurs des ressources régulières qui leur permettent de vivre.
Donc, depuis la dernière « paie du lait », l’inquiétude et la colère s’emparent des producteurs laitiers, tant la baisse du prix du lait a été forte.
Comme vous l’avez justement souligné, monsieur le ministre, les producteurs laitiers sont tout de même les seuls qui livrent leur production en ne connaissant son prix que le quinze du mois suivant !
C’est les mettre dans une situation de dépendance qui est aujourd’hui particulièrement grave, même s’il est vrai que, depuis l’injonction de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, la DGCCRF, la politique interprofessionnelle de détermination du prix du lait a cessé d’être. Par ailleurs, l’amendement que nous avons voté en décembre 2008 n’a pas permis d’organiser de nouvelles négociations interprofessionnelles pour fixer le prix du lait.
Cette absence de régulation pouvait probablement se justifier dans une période où le prix du lait et la consommation augmentaient. Mais, on le voit bien, pour le lait comme pour le reste, la crise économique tue la déréglementation.
On a donc besoin de retrouver un minimum de réglementation. On ne peut pas livrer l’agriculture à la déréglementation, parce qu’il s’agit de secteur d’activité particulier.
Vous venez d’annoncer des mesures, monsieur le ministre, mais nous attendons encore…
… que vous nous disiez jusqu’où le Gouvernement est prêt à aller pour redonner confiance aux producteurs laitiers de ce pays. (Applaudissements sur les travées de l ’ Union centriste et de l ’ UMP, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Monsieur Mercier, vous m’avez souvent entendu exprimer dans cet hémicycle une conviction profonde et que j’emporterai…
… toujours avec moi : on ne peut livrer ni l’alimentation, ni l’agriculture en général – la filière laitière en particulier – à la seule loi du marché.
Je ne me résoudrai pas, que ce soit au niveau européen ou au niveau national, à ce que la loi du marché, qui est souvent celle du moins-disant en matière économique, sociale et environnementale, soit la règle.
Voilà pourquoi je me bats, et continuerai à le faire, en faveur d’une régulation européenne.
Voilà pourquoi, en accord avec le Premier ministre, nous avons pris la décision d’encourager, par la proposition que j’évoquais précédemment, l’émergence d’un nouveau cadre de régulation au niveau national.
Je rappelle, mesdames, messieurs les sénateurs, qu’auparavant, dans le cadre d’une interprofession, il y avait un risque juridique. Nous avons évalué ce risque au regard de la loi européenne sur la concurrence comme au regard de la loi nationale.
Le cadre que vous avez voté à l’unanimité – aussi bien au Sénat qu’à l’Assemblée nationale – donne davantage de garanties juridiques. Nous travaillons à l’intérieur de ce cadre et nous impulsons la négociation, comme nous l’avons fait avec la désignation des médiateurs et la proposition de régulation formulée ce matin. Celle-ci vise à fixer un cap pour que les prix annuels soient plus justes. À partir de ce cap, que doit déterminer le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, les discussions pourraient s’engager.
Il me semble que la proposition que j’ai adressée ce matin à M. Brichart, le président du CNIEL, donne à l’interprofession les moyens de construire, si du moins elle en a la volonté, une relation contractuelle durable, sur la base d’indices de prix qu’elle peut désormais élaborer.
Il reviendra aux producteurs et aux industriels de décliner, dans le cadre de contrats, les modalités de calcul du prix du lait. Naturellement, celles-ci seront propres à chaque entreprise.
Pour sécuriser les relations entre les producteurs et les industriels, il faut des engagements sur les volumes, sur les calendriers de livraison, sur les conditions de règlement – vous les avez vous-même évoquées, comme je l’avais fait tout à l’heure – et sur les modalités de renégociation ou de résiliation des contrats.
Je pense pouvoir dire, lucidement et tout en restant prudent, car cette discussion est extrêmement difficile, que notre proposition va donner de la visibilité et de la sécurité à une filière qui en a absolument besoin.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique.
Lundi, M. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, vante les mérites du télétravail pendant les congés de maladie et les congés de maternité.
Ah ! sur les travées de l ’ UMP.
Mardi, à huit heures, M. Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP et ancien ministre du travail, trouve que l’idée est fameuse.
Mardi, à midi, M. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, reconnaît que, sur cette question, il n’a pas d’avis.
Mercredi, à quinze heures, à l’Assemblée nationale, madame la secrétaire d’État, vous précisez que le Gouvernement ne défendra pas cet amendement.
Quelle cacophonie !
Vives exclamations sur les travées de l ’ UMP.
Rires sur les travées de l ’ UMP.
Est-ce la vérité du lundi ou celle du mardi ? Devrons-nous attendre la fin des élections européennes pour connaître la vérité du Gouvernement sur ce sujet ?
Pourtant, qu’avez-vous à reprocher finalement au porte-parole de l’UMP ? Sa proposition s’inscrit dans le droit fil de la pensée présidentielle : travailler plus pour gagner plus, y compris le dimanche, …
travailler plus, sous couvert de volontariat.
Mais de quelle liberté s’agit-il ? Quelle est cette liberté…
… qui consiste à renoncer à ses droits, en particulier au droit de se soigner ou d’élever ses enfants ? Quelle est cette liberté qui consiste à devoir s’opposer à son employeur pour tenter de refuser le télétravail qu’il souhaite ?
Mais il y a un autre sujet de scandale, monsieur le Premier ministre, madame la secrétaire d’État.
L’UNEDIC nous annonce aujourd’hui…
M. Alain Anziani. … que la France comptera 639 000 chômeurs de plus en 2009.
Exclamations sur les travées de l ’ UMP.
Ma question est simple : qu’est-ce qui vous inquiète tant dans la proposition de M. Lefebvre ? Le contenu ou le moment ?
M. Alain Anziani. N’avez-vous pas tremblé en vous remémorant l’épisode de la TVA sociale, lors des dernières élections législatives ?
Protestations sur les travées de l ’ UMP.
M. Alain Anziani. Vous avez corrigé l’amendement de M. Lefebvre ? Vous auriez mieux fait de réviser votre politique !
Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.
Monsieur le sénateur, vous m’interrogez sur un amendement qui a été déposé puis retiré par le député Frédéric Lefebvre…
… sur la proposition de loi pour faciliter le maintien et la création d’emplois.
Cet amendement avait été rejeté par la commission des affaires sociales…
… et, comme vous l’avez relevé, le Gouvernement avait émis un avis défavorable.
Les intentions de Frédéric Lefebvre…
… ont maintenant été clarifiées : il s’agissait de faire en sorte que le salarié garde un lien avec le monde professionnel pendant le congé de maladie et le congé de maternité et, ce faisant, d’affirmer clairement que le télétravail ne peut être que volontaire, de crainte que ne s’instaure une formule de télétravail qui, elle, ne le serait pas.
Cela dit, les arguments contre cet amendement étaient très puissants.
D’abord, sur la méthode, un tel sujet aurait dû d’abord être débattu avec les organisations syndicales.
Ensuite, sur le fond, un congé de maladie ou un congé de maternité sert à se remettre d’une maladie ou à commencer à élever un enfant.
Enfin, sur la faisabilité, il est très difficile de s’assurer que le salarié est réellement volontaire, et rien n’aurait été pire qu’un télétravail subi.
Telle est la raison pour laquelle – je le dis sans ambiguïté – l’avis du Gouvernement était, est et sera défavorable sur ce type d’amendement.
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État. Afin de mettre un terme à la polémique, j’ai proposé qu’une étude comparative puisse être réalisée avec les autres pays de l’Union européenne sur les conditions dans lesquelles les personnes en congé de maladie et les personnes en congé de maternité sont protégées contre un télétravail abusif.
Applaudissementssur les travées de l’UMP et de l’Union centriste.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche ; elle concerne tout particulièrement la crise laitière qui met en péril des milliers d’exploitations agricoles et l’économie de nos régions rurales.
Aujourd’hui, tout encourage les transformateurs et la grande distribution à aller encore plus loin pour pressurer les producteurs de lait et abuser les consommateurs. La France libérale et l’Europe libérale ont soigneusement préparé ce contexte de crise et légalisé ces comportements inqualifiables.
En effet, l’Europe et l’État français ont décidé d’interdire la régulation des prix par la voie d’un accord interprofessionnel.
Ainsi, la loi de modernisation de l’économie livre les producteurs pieds et poings liés aux appétits des transformateurs et des grandes et moyennes surfaces, les GMS.
La révision de la PAC conduit à toujours plus de dérégulation, à toujours moins d’aides, le tout dans le cadre de l’OMC pour qui la loi de la jungle du commerce doit régner partout.
La suppression programmée des quotas laitiers répond aux attentes des pays européens les plus libéraux et réjouit la commissaire européenne à l’agriculture, Mme Mariann Fischer Boel, qui se contente d’expliquer la crise laitière par la crise de la consommation.
Le journal Ouest France vous citait mardi dernier, monsieur le ministre, et écrivait : « Il tonne aujourd’hui contre le prix insupportable du lait, mais il avalisait il y a un an la fin du système de régulation minimale des prix ».
Avec votre gouvernement, vous avez façonné et cautionné toutes ces orientations européennes et vous êtes pris à contre-pied, la main dans le sac, pourrait-on dire, à quelques jours du scrutin européen, par les contraintes du traité de Lisbonne vis-à-vis de la concurrence « libre et non faussée ».
M. Jean-Pierre Michel applaudit.
Quels que soient l’issue des négociations d’aujourd’hui et les indices de tendance du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, vous savez comme moi que rien ne sera réglé durablement.
Monsieur le ministre, mes questions sont précises.
Est-il possible, oui ou non, de garantir des prix rémunérateurs aux producteurs laitiers ?
Votre gouvernement envisage-t-il de légiférer pour prendre des mesures fiscales et commerciales coercitives s’agissant des marges des intermédiaires et, surtout, celles de la grande distribution ?
Le gagnant-gagnant producteurs-consommateurs est-il pour demain ou pour jamais ?
Il est temps de parler vrai et d’agir juste, monsieur le ministre : vous êtes attendu !
Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.
M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Le Cam, le Gouvernement est attendu, certes, mais encore faut-il qu’il le soit de manière sincère et sans procès d’intention !
Applaudissementssur les travées de l’UMP.
Je ne peux pas vous laisser dire que la révision de la PAC, si c’est bien le bilan de santé que vous évoquez, aurait conduit à diminuer les aides, à déréguler. Ce n’est pas vrai, monsieur Le Cam.
Nous avons, durant ce bilan de santé, maintenu la totalité des outils de régulation. La preuve, c’est qu’on les utilise tous en ce moment, y compris d’ailleurs, je le dis, sans vouloir polémiquer, à vos collègues du groupe socialiste, des outils qu’ils voudraient supprimer – c’est ce que j’entends actuellement dans le débat européen –, comme les restitutions, qui constituent des soutiens aux exportations, ainsi que le stockage et l’intervention.
Par ailleurs, s’agissant des décisions que j’ai annoncées, même s’il existe des difficultés dans tel ou tel secteur, on a bien voulu sur toutes les travées ici me donner acte d’une plus grande justice dans la répartition des aides agricoles.
Monsieur Le Cam, les aides pour les productions animales à l’herbe seront multipliées par quatre.
Cela intéresse en partie le secteur de l’élevage laitier.
J’ai proposé également 45 millions d’euros supplémentaires pour soutenir la production laitière dans les zones de piémont et de montagne.
Je répondrai maintenant rapidement à vos questions, monsieur Le Cam.
Premièrement, si pour vous garantir les prix signifie que le Gouvernement fixe le prix, n’ayez pas trop de nostalgie, car nous ne sommes plus dans une économie administrée, monsieur Le Cam !
Rires et applaudissements sur les travées de l’UMP
Luc Chatel et moi-même avons pris la décision de nommer des médiateurs et de proposer ce nouveau cadre de régulation.
Si vous entendez par garantir les prix le fait que l’État doit définir un cadre donnant aux agriculteurs, qui livrent aujourd’hui leur lait sans en connaître le prix, les moyens de parvenir à plus de visibilité, à plus de dignité aussi, les moyens d’être respectés et de négocier, alors, oui, je vous approuve, et c’est exactement ce que nous avons voulu faire ce matin.
Deuxièmement, sur la transparence, Luc Chatel mobilise en ce moment même ses moyens et ses services pour que nous disposions des données utiles, car ni le ministre de l’agriculture, ni Luc Chatel, ni les paysans n’ont peur de la transparence sur les prix et sur les marges.
Exclamations sur les travées du groupe CRC-SPG.
Nous allons accélérer les travaux de l’observatoire. Il a travaillé sur le porc, il travaille maintenant sur les produits laitiers, il travaillera également sur les fruits et légumes. Nous verrons ensuite comment évaluer les conséquences de la loi de modernisation de l’économie.
M. Michel Barnier, ministre. Enfin, troisièmement, le Président de la République a mis en chantier un projet de loi de modernisation de l’agriculture sur lequel vous serez invité à travailler à la fin de l’année. Cela sera peut-être aussi l’occasion de créer de nouveaux outils, en tout cas pour la transparence.
Applaudissementssur les travées de l’UMP, ainsi que sur certaines travées de l’Union centriste.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP.
Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et européennes.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la Corée du Nord a procédé à un second essai nucléaire, d’une puissance comparable à celle de la bombe de Nagasaki. Ces derniers jours, six missiles balistiques ont été tirés, le régime de Pyongyang signifiant au reste du monde qu’il était en passe de forcer la porte du club des puissances nucléaires.
Ce nouvel épisode, extrêmement inquiétant, est la suite d’une série de tensions avec son voisin, la Corée du Sud, mais aussi avec le Japon et les États-Unis.
Depuis plus de dix ans, la Corée du Nord ne cesse d’exercer un chantage sur la scène internationale et de violer le droit, notamment la résolution 1718 du Conseil de sécurité.
Cette fois-ci, une nouvelle étape a été franchie à la suite de l’adhésion de la Corée du Sud au programme d’anti-prolifération PSI. Celui-ci permet d’arraisonner des navires susceptibles de transporter des composants nécessaires à la fabrication d’armes de destruction massive.
La Corée du Nord considère cette adhésion de Séoul comme un acte de guerre et menace donc son voisin du sud de riposte militaire.
Certes, pour la première fois, cette surenchère nord-coréenne a été condamnée par toute la communauté internationale, la Chine y compris, ce qui est nouveau et ce dont nous nous réjouissons.
Néanmoins le risque d’incidents navals en mer Jaune et aux frontières des deux États est réel. Une première question se pose : quel type de sanctions le Conseil de sécurité peut-il adopter pour arrêter cette escalade, compte tenu de l’efficacité toute relative des sanctions précédentes ?
Le plus inquiétant est peut-être le risque nouveau de prolifération d’armes de destruction massive. Les Nord-Coréens, n’ayant aucune autre ressource économique, pourraient en faire un produit d’exportation dans la région.
Aussi, monsieur le ministre, quelle stratégie reste-t-il à la France et à ses alliés pour empêcher cette dérive dramatique ?
Et, puisque nous sommes à quelques jours des élections européennes, pensez-vous que l’Europe puisse avoir un rôle utile dans la résolution d’une crise qui, bien que loin de ses frontières, menace à terme la paix du monde ?
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Monsieur le sénateur, je n’ai rien à retirer et pas grand-chose à ajouter au bilan que vous venez de brosser.
Vous avez presque tout dit, mais il me reste à répondre à votre question : que pouvons-nous faire ?
Il y a eu en effet cette explosion ; nous ne sommes pas sûrs qu’elle ait été comparable à celle de Nagasaki et elle n’a pas été, semble-t-il, un grand succès militaire.
Nous avons évidemment joint les pays concernés, le Japon, la Corée du Sud, les pays environnants, et nous avons très fermement protesté, mais cela ne suffit pas.
La Corée du Sud a adhéré au réseau de protection que vous avez cité, car la Corée du Nord, il est vrai, se fait livrer un certain nombre de matériels et il faut être d’une grande vigilance.
Depuis l’explosion, le Conseil de sécurité a fait une déclaration, ce n’est pas suffisant, mais, pour la première fois, monsieur le sénateur, la Chine n’a pas dit non.
Le Conseil de sécurité travaille sur une résolution qui comprendrait des sanctions ; elle sera peut-être proposée demain ou lundi. Nous comptons sur la sagesse de la Chine, mais, pour le moment, nous ne savons pas ce qui va se passer. Si cette résolution pouvait être adoptée, il s’agirait d’un pas important dans la diplomatie et dans l’attitude de fermeté qui s’impose de la part de la communauté internationale.
En la matière, mesdames, messieurs les sénateurs, rien n’est plus important que la fermeté internationale.
La résolution comprendrait donc un certain nombre de sanctions qui concerneraient les voyages individuels, les circuits bancaires et les circuits de financement, en plus de la protection maritime qui est déjà en place.
Vous me demandez si l’Europe peut y participer ? Mesdames, messieurs les sénateurs, non seulement elle peut, mais elle doit y participer, et ce quel que soit l’éloignement du pays membre par rapport à cet inquiétant théâtre de menaces, sinon d’opérations…
Vous avez raison, monsieur le sénateur, la Corée du Nord et la Corée du Sud peuvent évidemment saisir l’occasion d’un incident à la frontière, qu’il est facile de susciter, pour s’affronter très dangereusement. Il faut prendre garde à cette menace !
M. Bernard Kouchner, ministre. Outre les possibles sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, nous devons donc engager une réflexion sur d’éventuelles sanctions européennes.
Applaudissementssur les travées de l’UMP, ainsi que sur certaines travées de l’Union centriste.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
L’ampleur de la mobilisation des producteurs témoigne suffisamment de l’inquiétude, pour ne pas dire de l’angoisse qui s’est emparée de la profession depuis l’annonce de la baisse de 30 % du revenu laitier.
La responsabilité politique du Gouvernement est lourde tant en amont, pour son manque d’anticipation de la crise, qu’en aval, car les réponses attendues ne peuvent être ni dilatoires ni différées.
Un mot – un maître mot – caractérise l’approche qui a été la vôtre depuis 2003, monsieur le ministre, dans le domaine de la production laitière : « libéralisation. »
Comme pour une autre crise, celle qui frappe la finance mondiale, on constate que la mise à mal des mécanismes de régulation – pourtant éprouvés ! – a produit des effets dévastateurs.
Les outils de gestion des marchés ont été progressivement délaissés, qu’il s’agisse des prix d’intervention, des aides au marché intérieur, voire, à certaines périodes, des restitutions à l’exportation. La loi de modernisation de l’économie, dont le titre II affichait la volonté de « mobiliser la concurrence comme nouveau levier de croissance », a introduit un autre rapport de force en défaveur des secteurs de production et de transformation, …
M. Yannick Botrel. … mais au profit exclusif de la grande distribution.
Marques d’approbation sur les travées du groupe socialiste.
Dans ce contexte, la fin engagée des quotas laitiers, à laquelle la France a implicitement souscrit, sonne comme une provocation à un moment où ils démontrent précisément toute leur pertinence et leur nécessité.
L’interprofession laitière, dont vous savez bien qu’elle ne joue plus aucun rôle depuis plusieurs mois, surtout après les injonctions que la DGCCRF, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, lui a adressées voilà un an, a été livrée à elle-même à cause de votre indifférence. Il en a résulté que des partenaires ont déserté la table des discussions.
Il y a une huitaine de jours, vous avez enfin désigné des médiateurs, mais vous auriez dû vous impliquer dans ce dossier depuis deux mois au moins !
Tous les observateurs savaient alors que la crise était inévitable. Ce retard est coupable…
Monsieur le ministre, tous les producteurs attendent aujourd'hui vos réponses.
Quelles solutions proposez-vous aux nombreuses exploitations dont la trésorerie sera bientôt exsangue ?
Quelles mesures de court terme envisagez-vous pour rétablir un prix du lait rémunérateur à la production ?
Enfin, quelles mesures structurelles proposez-vous pour redonner aux producteurs laitiers des perspectives lisibles sur le plus long terme ?
Monsieur le ministre, nous attendons des réponses à ces questions essentielles.
Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.
Rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.
Monsieur Botrel, votre propos n’est pas très nuancé ! Il est légitime que l’opposition critique l’action gouvernementale, mais faites attention…
Pas du tout ! Je ne menace jamais personne, mais je demande à M. Botrel de faire attention à ce qu’il dit !
M. Michel Barnier, ministre. Il faut en effet de la cohérence entre ce qui est dit ici et ce que dit votre propre parti ailleurs !
Très bien ! et applaudissements sur plusieurs travées de l’UMP.
J’ai participé, voilà quinze jours, à un débat avec M. Harlem Désir…
M. Michel Barnier, ministre. … retransmis sur Public Sénat. Or ce membre éminent du parti socialiste qui s’est engagé, comme d’autres, dans la campagne pour les élections européennes, a indiqué vouloir supprimer les restitutions à l’exportation, alors que vous venez justement de dire que vous y êtes favorable !
Rires sur les travées de l’UMP.
Sourires
Moi, je suis prêt à engager tous les débats, et ce de la manière la plus transparente et la plus sincère.
C’est lorsque Jean Glavany était ministre de l’agriculture qu’il a été décidé pour la première fois de supprimer les quotas laitiers. Pour être tout à fait honnête avec vous, je dois préciser que le gouvernement auquel il appartenait s’y était alors opposé, mais il n’avait pas réussi à convaincre les autres partenaires européens. Les quotas devaient donc être supprimés à terme.
Sous le gouvernement de M. Raffarin, Hervé Gaymard a obtenu le report de cette suppression jusqu’en 2014. Aujourd'hui, une majorité qualifiée au sein du conseil des ministres s’est exprimée pour maintenir cette suppression.
Tel est le cadre dans lequel nous travaillons. Je vous rappelle que nous ne sommes pas seuls, monsieur Botrel, il nous faut convaincre !
Pour répondre précisément à votre question, je vous assure que je ne me résoudrai jamais, quelle que soit ma fonction, à supprimer le système de maîtrise de la production laitière. Comme je l’ai indiqué tout à l'heure à M. Fortassin, si ce système n’est plus valable, remplaçons-le par un autre. Mais on ne peut laisser l’alimentation en général, et la production laitière en particulier, soumise à la seule loi du marché.
Pour ma part, je le répète, je suis favorable à un système de régulation.
Certes, vous pouvez estimer que ce n’est suffisant, mais telle est notre position !
Aussi ai-je adressé ce matin une lettre à l’interprofession pour lui proposer un nouveau système de régulation.
Le rôle de l’interprofession doit être conforté au-delà même de l’amendement gouvernemental qui a été adopté à l’unanimité par le Sénat au mois de décembre dernier.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.
crise dans l'industrie laitière
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
Je suis le cinquième sénateur à intervenir sur la crise laitière, ce qui témoigne de la gravité de la question.
Les producteurs de lait traversent une crise sans précédent et ont exprimé ces jours derniers leur désespérance. Ils ne pourront pas accepter davantage une décision unilatérale du secteur industriel laitier, qui a fixé leur rémunération à un niveau inférieur de 30 % à ce qu’il était auparavant, et ce sans que le consommateur puisse en constater le moindre effet sur les prix.
Monsieur le ministre, je viens de prendre connaissance de la lettre que vous avez envoyée aujourd'hui même au CNIEL, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, pour lui demander d’élaborer des normes contractuelles sur la fixation des prix, voire des clauses de sauvegarde, ainsi que sur la rémunération des producteurs en fonction de la qualité du lait et des quantités produites.
Des mesures similaires n’avaient-elles pas suscité, l’an dernier, des remontrances de la DGCCRF, ce qui nous a conduits à la situation actuelle ? Jusqu’où peut donc aller la contractualisation ? Nous avons besoin d’éclaircissements à ce sujet.
Les producteurs laitiers souhaiteraient savoir quelle organisation contractuelle a été retenue lors de la réunion du conseil des ministres de l’agriculture à laquelle vous avez participé lundi dernier, à Bruxelles. Que peuvent-ils espérer des décisions qui y ont été prises ?
Nous attendons beaucoup de l’observatoire des prix et des marges. La création en a été prévue dans la loi de modernisation de l’économie, que nous avons adoptée, mais dont la mise en œuvre tarde.
Je vous remercie d’avance, monsieur le ministre, de vos réponses, qui rassureront, je l’espère, les producteurs de lait. Comme vous le savez, ceux-ci exercent une profession exigeante – n’oublions pas qu’ils travaillent 365 jours par an ! – et pour des revenus qui ne font envie à personne !
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP, ainsi que sur certaines travées de l ’ Union centriste.
Je remercie l’ensemble des sénateurs, dans leur diversité, de l’attention constante qu’ils portent à l’économie agricole en général et, aujourd'hui, à l’économie laitière en particulier.
Je compléterai mes réponses antérieures par des données chiffrées.
Tout à l'heure, M. Le Cam a parlé d’un contrat « gagnant-gagnant » entre consommateurs et producteurs. Je tiens à rappeler que les prix agricoles ont été divisés par deux depuis quarante ans – sous les gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédé –, alors que les prix des produits alimentaires n’ont cessé de progresser. Il n’existe donc vraiment pas en l’espèce de contrat « gagnant-gagnant ».
Voilà pourquoi, monsieur Bailly, vous avez raison d’exiger, à l’instar d’autres de vos collègues, la transparence.
Aussi avons-nous décidé de donner un coup d’accélérateur à la mise en place de l’observatoire des prix et des marges. Dans le même sens, Luc Chatel va mobiliser ses services pour obtenir des entreprises de la grande distribution qui ne voudraient pas coopérer les données nécessaires afin de connaître la vérité sur les prix et sur les marges.
Si nous ne parvenons pas à les obtenir spontanément, nous irons chercher ces données sur place !
Je conclurai cette série de réponses en vous disant quelques mots du débat qui a eu lieu lundi dernier, à Bruxelles, lors du conseil des ministres de l’agriculture, car cette question a été abordée dans toute sa dimension européenne, la crise étant générale sur le marché unique.
La Commission européenne a décidé de soutenir la filière laitière en autorisant le recours à tous les outils d’intervention existants au-delà du mois d’août, la plupart d’entre eux arrivant à échéance à cette date, et ce aussi longtemps que l’exigera le marché.
Nous avons également obtenu la possibilité de verser par anticipation, au 16 octobre prochain, 70 % des aides agricoles, possibilité que le Premier ministre a décidé avant-hier d’utiliser, en vue d’améliorer un mois et demi plus tôt la trésorerie de tous les éleveurs.
En outre, dans le cadre du bilan de santé de la politique agricole commune, et je souhaiterais que l’on m’en donne acte, nous avons obtenu, grâce notamment au dialogue franco-allemand, deux rendez-vous qui n’étaient pas prévus au calendrier européen, en 2010 et en 2012, pour dresser le bilan du marché laitier, dont on sait fort bien qu’il est volatil et très fragile.
Avec ma collègue allemande et mon collègue autrichien, nous avons demandé à la Commission européenne d’anticiper la préparation de ces rendez-vous, afin de dresser, de manière très ouverte, un bilan exact de l’économie laitière en Europe.
À mes yeux, aucune question n’est taboue, et surtout pas celle du maintien éventuel, au-delà de 2014, d’un système de maîtrise de la production laitière, qu’il s’agisse des quotas ou d’un autre dispositif.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.- M. Jean-Pierre Michel applaudit également.
Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants.
Je dois vous dire la consternation d’une grande majorité des élus ainsi que des membres du gouvernement polynésiens, face au projet de loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires au Sahara et en Polynésie, texte sur lequel ils n’ont eu à donner qu’un simple avis.
Après plus de trente ans de mensonges politiques sur l’innocuité des essais nucléaires et d’ignorance organisée à l’égard des élus polynésiens et des populations locales, le temps est venu de dire la vérité.
Pour la première fois depuis le 6 février 1964, soit quarante-cinq ans après, l’État français demande enfin un avis aux élus polynésiens sur les conséquences des essais nucléaires !
Vous comprendrez aisément le bien-fondé de leurs exigences au moment même où vous vous apprêtez à présenter un tel projet de loi, sur lequel vous leur demandez de signer un véritable chèque en blanc.
En effet, le texte que vous proposez renvoie de manière discrétionnaire au décret d’application sur des questions aussi essentielles que la liste des maladies radio-induites indemnisables ou encore la délimitation des zones géographiques concernées par les retombées des essais.
Comment pouvez-vous imaginer que nos malades irradiés puissent se satisfaire de cette carence, après trente années d’attente, voire de déni ?
En outre, ce texte laisse au ministère de la défense l’entière maîtrise du processus d’indemnisation. Vous ne prévoyez aucun recours juridictionnel effectif à l’encontre des décisions de rejet.
Qui plus est, l’accès aux archives nucléaires est fermé à jamais depuis une loi de juin 2008 !
Vous êtes donc purement et simplement « juge et partie » de votre projet de loi.
Par ailleurs, ce texte fait l’impasse sur les risques environnementaux des atolls contaminés de Moruroa et Fangataufa, en Polynésie française.
Enfin, il passe également sous silence le système de prévoyance sociale polynésien, alors qu’il y a péril en la demeure. En effet, il n’est prévu aucune prise en charge des dépenses de santé antérieures et futures pour tous les malades irradiés ou leurs ayants droit. En d’autres termes, vous laissez ainsi les cotisants polynésiens assumer seuls la charge des dépenses de santé qui sont la conséquence des essais nucléaires !
Ma question est la suivante : quelles garanties concrètes envisagez-vous en la matière ?
Les Polynésiens n’ont subi que les conséquences néfastes des essais nucléaires sur leur santé, sur leur mode de vie traditionnel, sur leur environnement, mais aussi sur le mode de gouvernance de notre pays. Le ministre de la défense n’a pas daigné répondre aux trois lettres successives que je lui ai adressées sur tous ces points.
Nous l’avons entendu, vous souhaitez traiter avec rigueur et équité ce dossier sensible. Ces deux principes de rigueur et d’équité n’exigent-ils pas, au préalable, le respect et l’écoute des élus polynésiens, de tous les élus polynésiens ?
J’ai une seconde question.
Exclamations ironiques sur les travées de l ’ UMP.
Quelles garanties concrètes nous donnez-vous pour que l’avis de l’Assemblée et celui du gouvernement de la Polynésie française, qui me rejoignent sur la plupart des préoccupations que je viens d’exprimer, soient effectivement pris en compte ?
Je vous remercie d’avance de vos réponses concrètes, monsieur le secrétaire d'État.
Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.- Mme Françoise Laborde applaudit également.
Monsieur le sénateur, je vous ai écouté avec attention.
Convenez que le projet de loi d’indemnisation qui a été présenté hier en conseil des ministres par M. Hervé Morin constitue une avancée extrêmement importante.
Vous avez manifesté certaines inquiétudes, et je vais tenter de les apaiser au moins sur deux points.
Permettez-moi tout d’abord de rappeler sur qui pèsera en la matière la charge de la preuve. À partir du moment où une personne qui déclarera avoir été présente au moment des essais, avoir été irradiée, en subir les conséquences sur sa santé, formulera une demande d’indemnisation - elle-même ou ses ayants droit si, malheureusement, cette personne n’est plus -, ce sera à l’État d’apporter, le cas échéant, la preuve contraire, la preuve de l’absence de lien de causalité.
C’est une première garantie importante.
Ensuite, sur le « chèque en blanc », pour reprendre votre propre expression, je nuancerai votre propos, car le comité chargé des indemnisations, qui sera présidé par un magistrat et composé de médecins et de spécialistes, offre toutes les garanties.
J’ajoute qu’il est dès à présent prévu une enveloppe de 10 millions d’euros. Bien sûr, elle ne sera pas suffisante dans la durée, mais elle sera abondée au fur et à mesure du dépôt des dossiers.
Par conséquent, cette façon de procéder n’a rien d’un chèque en blanc. Il s’agit plutôt d’une démarche volontariste et très concrète.
S’agissant de la définition par décret de la zone géographique, elle devra être extrêmement précise, afin que tous les territoires concernés par des retombées puissent naturellement être inclus.
Ce projet de loi ne sort pas tout ficelé de cartons de technocrates. Un travail approfondi a été effectué pendant six mois avec les parlementaires. Nous avons également été à l’écoute – nous le sommes toujours – des élus de l’Assemblée de la Polynésie française et de l’exécutif.
M. Hervé Morin a reçu hier encore le président de cette assemblée qui avait été consulté en amont. Lors de cet entretien, le ministre de la défense a précisé, je le répète ici publiquement, que le remboursement des sommes versées par la Caisse de prévoyance sociale de la Polynésie française sera étudié en fonction des données fournies par cet organisme. Il sera donc bien évidemment pris en considération.
Nous aurons l’occasion de débattre encore, notamment sur les autres retombées environnementales, car il est impossible de tout prévoir dans ce projet de loi. Un texte qui chercherait à englober tous les sujets irait, à mon avis, à l’encontre de son objectif.
Je conclus, monsieur le président.
Monsieur le sénateur, pour bien montrer qu’il s’agit de dispositions concrètes, j’ajoute que le ministère de la défense a consacré des moyens, c’est bien normal, à d’importants travaux de réhabilitation des sites et des atolls. Je crois savoir que les premiers travaux ont déjà été exécutés, et cela à la satisfaction générale.
En conclusion, un important travail a été fait et c’est, je crois, une nouveauté.
M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État. Monsieur le sénateur, sachez que le dialogue va se poursuivre sur les points que vous avez évoqués.
Applaudissementssur les travées de l’UMP et de l’Union centriste.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP.
Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, ma question s’adressait à M. le ministre de l’éducation nationale.
Ces derniers jours, différentes affaires de violence dues à l’introduction d’armes dans l’enceinte d’établissements scolaires ont fait la une de l’actualité.
Concours de circonstances ou évolution bien dommageable d’une société dont les repères se fissurent et où la violence tient lieu de viatique à des enfants en mal de valeurs ? Toujours est-il que l’école n’est plus, et depuis longtemps, ce sanctuaire où le rapport des élèves aux professeurs reposait sur le respect, l’autorité du professeur, l’autorité du maître, dont on comprenait bien qu’ils étaient là pour transmettre le savoir.
Que faut-il rechercher avant tout, si ce n’est la sécurité, celle des élèves, des professeurs, des directeurs d’établissement, dans le respect de règles simples et de bon sens ?
Personnellement, je ne suis pas persuadé que l’école de la République doive devenir un lieu où l’on pratique systématiquement la fouille et où l’on installe des portiques de sécurité, …
… même si ces mesures doivent être limitées à environ 200 établissements particulièrement sensibles sur les 11 000 que compte le pays.
Toutefois, je reconnais qu’il faut impérativement réagir face à ces situations, qui sont tout à fait intolérables. À mon sens, cette réaction doit passer par une formation des enseignants adaptée à ce type de problématique et par une prise en compte de leur protection juridique. C’est fondamental ! Il convient aussi de mettre en place des mesures de prévention et des sanctions, y compris en direction des parents des élèves concernés. La gravité de la situation l’impose.
M. René-Pierre Signé proteste.
Le ministre a annoncé ces derniers jours des solutions envisageables. Il a organisé au ministère de l’éducation une réunion qui a débouché sur des propositions au Président de la République. Ce dernier s’est lui-même exprimé ce matin sur le sujet.
M. Alain Dufaut. Madame la secrétaire d’État, pouvez-vous nous détailler les dispositions qui seront prises, afin que les écoles de notre pays redeviennent ce lieu privilégié où, à l’abri des violences les plus primaires de notre société, on apprend à se construire intellectuellement et humainement ?
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP.
Mme Nadine Morano, secrétaire d'État chargée de la famille. Monsieur le sénateur, je vous prie tout d’abord d’excuser l’absence de mon collègue Xavier Darcos, en déplacement à Moscou.
Exclamations ironiques sur les travées du groupe socialiste.
Vous l’avez rappelé, l’école est un lieu de savoir, un lieu de vie, un lieu de liberté. La peur, les menaces et l’insécurité n’y ont pas droit de cité, qu’il s’agisse de nos enfants ou des enseignants. Les violences scolaires sont particulièrement insupportables pour nos concitoyens, surtout quand des armes sont en cause, comme ce fut le cas encore récemment.
Chaque mois, on recense une vingtaine de cas d’introduction d’armes dans les établissements scolaires. Et encore, ce chiffre ne tient compte que des armes retrouvées ! Heureusement, toutes ne sont pas utilisées à des fins d’agression, mais elles contribuent à ce climat d’insécurité, …
Voilà, le mot est lâché ! En période d’élections, on ressort le thème de l’insécurité !
… qui n’est pas propice au bon déroulement des études.
Monsieur le sénateur, vous serez sans doute satisfait d’avoir entendu le Président de la République
Exclamations amusées sur les travées du groupe socialiste.
… afin de protéger les élèves et les personnels de l’éducation nationale.
Il a notamment annoncé que les chefs d’établissement et les conseillers principaux d’éducation seraient prochainement dotés d’une habilitation spéciale leur permettant d’ouvrir les sacs, de contrôler les affaires des élèves, et de prendre des mesures adéquates s’ils devaient, à cette occasion, trouver une arme.
Il a également annoncé que 184 établissements, parmi les plus sensibles, feraient l’objet d’un diagnostic de sécurité, à l’issue duquel seraient adoptées toutes les mesures nécessaires à la protection contre les intrusions.
Par ailleurs, des équipes mobiles d’agents spécialement formés seront placées auprès des recteurs…
Mme Nadine Morano, secrétaire d'État. … et mises à la disposition des chefs d’établissement en cas de difficulté.
Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.
Enfin, M. le président de la République a annoncé que les violences commises à l’encontre des personnels de l’éducation nationale, y compris en dehors des établissements scolaires, constitueront désormais des circonstances aggravantes.
Bien que nous ayons augmenté le nombre des personnels de surveillance, il nous faut prendre des mesures supplémentaires car, pour le Gouvernement, la sécurité des enfants et du personnel enseignant est fondamentale.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement est déterminé à ne pas laisser la violence et la loi du plus fort s’installer à l’école !
Bravo ! et applaudissements sur les travées de l ’ UMP, ainsi que sur certaines travées de l’Union centriste.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP.
Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, ma question s’adresse à Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports.
Madame la ministre, la révolution technologique que nous vivons conduit nos concitoyens à des aspirations légitimes, mais parfois contradictoires. Ainsi, le désir d’un accès le plus large possible à ces progrès techniques s’accompagne du développement de très vives inquiétudes quant à de possibles conséquences sur la santé.
Voilà quelques années, je me faisais l’écho, dans cet hémicycle, de la révolte des habitants de mon département, l’Allier, qui ne bénéficiaient pas encore de la couverture en téléphonie mobile, alors en déploiement.
Aujourd’hui, je me dois de vous faire partager tout aussi fidèlement leurs craintes et celles de l’ensemble de nos concitoyens à l’égard du téléphone mobile, des antennes relais, des bornes wi-fi et des ondes électromagnétiques.
Des reportages inquiétants ont été diffusés, des études épidémiologiques ont été conduites, des scientifiques se sont exprimés. Tout cela suscite finalement plus d’interrogations que de certitudes dans le grand public !
Nous sommes, par conséquent, très attentifs aux premiers résultats du « Grenelle des ondes », qui a réuni associations, opérateurs de téléphonie et représentants de l’État.
Madame la ministre, pouvez-vous nous détailler ses premières conclusions et nous préciser quelles mesures vous comptez prendre en la matière, notamment pour protéger de telles expositions les enfants, qui sont naturellement les plus sensibles ?
Bravo ! et applaudissements sur les travées de l ’ UMP, ainsi que sur certaines travées de l’Union centriste.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP.
Monsieur le sénateur, vous vous faites très légitimement l’écho du questionnement et des inquiétudes de nos concitoyens sur ces nouvelles technologies.
C’est à la demande du Premier ministre que nous avons, mes collègues Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno et moi-même, réuni cette première table ronde intitulée : « Radiofréquences, santé et environnement », appelée aussi parfois « Grenelle de la téléphonie mobile ». Cela a permis aux acteurs du secteur de dialoguer, ce qu’ils n’avaient pas encore fait.
Il en est ressorti un certain nombre de propositions très concrètes et des préconisations qui pourront d’ailleurs être prises en compte dans la future loi de transition environnementale.
Le consensus a été trouvé, d’abord, sur une information générale accessible au grand public, avec un portail internet dédié, un guide d’information très largement diffusé, une campagne d’information auprès de nos enfants, dans les écoles, pour une utilisation raisonnée de la téléphonie mobile. L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, l’INPES, va aussi développer un certain nombre de documents spécifiques pour informer le plus complètement possible nos concitoyens.
Une information plus spécifique sera diffusée au moment de l’achat des appareils, grâce à des notices très détaillées sur leur fonctionnement, leur bon usage, et aussi sur l’indice de puissance des ondes émises, appelé débit d’absorption spécifique ou DAS.
Voilà pour l’information très complète à destination du grand public.
Par ailleurs, l’usage des téléphones mobiles – mais pas la détention - sera interdit à l’école primaire. Cette mesure sera prise en collaboration avec mon collègue ministre de l’éducation nationale.
Quant aux antennes relais, les scientifiques de l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS, considèrent qu’elles ne présentent aucun risque sanitaire. Nous avons néanmoins décidé de mener une expérimentation pour voir s’il ne serait pas possible de baisser les seuils d’exposition. Nous souhaitons aussi que le public soit mieux informé sur cette question.
Nous voulons spécifiquement prendre en charge les personnes qui se disent électrosensibles. Un protocole les concernant sera mis en place sous la direction d’équipes de l’hôpital Cochin, en partenariat avec la Direction générale de la santé.
Nous allons encore rendre plus transparents le fonctionnement et le financement de la recherche par le versement d’une redevance qui sera imposée aux opérateurs de téléphonie mobile.
Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno et moi-même, ce n’est que le début d’un dialogue entre les acteurs. L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail est chargée, à ma demande, de faire le point des travaux.
Rendez-vous est donc pris dès le mois de septembre pour poursuivre ce dialogue qui, je le crois, est extrêmement fructueux et permettra de répondre au questionnement et aux inquiétudes de nos concitoyens.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
La séance, suspendue à seize heures, est reprise à seize heures quinze, sous la présidence de M. Bernard Frimat.
M. le président du Sénat a reçu de M. Jean-Pierre Bel et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés une proposition de résolution, présentée en application de l’article 34-1 de la Constitution, sur le rôle des services publics.
La proposition de résolution sera imprimée sous le n° 446 et distribuée.
(Texte de la commission)
Nous reprenons la discussion du projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale après déclaration d’urgence, portant réforme de l’hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus au titre II, précédemment réservé.
TITRE II
précédemment réservé
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, en adoptant le titre Ier et le titre IV du présent projet de loi, nous avons établi une nouvelle gouvernance territoriale de la santé.
L’examen du titre II nous permettra de déterminer les fins qui orientent cette nouvelle organisation. Après l’hôpital et le territoire, nous allons en effet nous pencher sur la prise en charge des patients. Ce titre traite de l’« accès de tous à des soins de qualité », objectif que nous partageons tous.
Nous allons aborder plusieurs problèmes d’importance, les soins de premier recours, la démographie médicale, la permanence des soins, les coopérations, les discriminations et la réforme de la biologie médicale.
Sur tous ces sujets, la commission des affaires sociales a cherché à trouver un équilibre entre, d’une part, la nécessité de répondre aux besoins de santé de nos concitoyens, quels que soient leur lieu de résidence et leur condition sociale et, d’autre part, la liberté des professionnels de santé, qu’il convient de respecter, car elle n’est le plus souvent que la contrepartie d’un engagement personnel fort envers leurs patients.
Certains de nos collègues estiment que la question de l’accès aux soins est d’abord d’ordre financier. Plusieurs amendements traitent donc de questions relatives aux remboursements ou aux tarifs. Ces sujets sont importants, au point, d’ailleurs, qu’ils sont discutés chaque année lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Le texte qui nous est proposé par le Gouvernement prévoit une réforme majeure de l’organisation territoriale de notre système de santé ; ses conséquences financières seront examinées à l’occasion de la discussion des projets de loi de financement de la sécurité sociale et des projets de loi de finances à venir. Il n’est donc pas opportun d’en traiter dans le présent cadre.
L'amendement n° 700, présenté par M. Desessard, Mme Voynet, MM. Le Menn et Cazeau, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mmes Demontès et Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Compléter l'intitulé de cette division par les mots :
et de proximité
La parole est à M. Jean Desessard.
Sourires
Nouveaux sourires
Cet amendement vise à compléter l’intitulé du titre II, qui se lirait ainsi : « Accès de tous à des soins de qualité et de proximité ».
Il aurait été assez surprenant qu’un projet de loi prévoie l’accès de tous à des soins médiocres ! Cet amendement vise donc à introduire une notion supplémentaire utile, la proximité.
On entend souvent dire que, au nom de la sécurité et de la qualité des soins, il faudrait fermer les petites structures, qui ne pratiquent pas suffisamment d’actes pour être totalement fiables. Mais c’est ignorer le fait que la proximité est aussi un gage de l’accessibilité à ces établissements et, donc, une garantie de sécurité pour les usagers.
En outre, le maintien des malades dans un environnement géographique proche permet à leurs familles de leur rendre visite plus souvent. Or nul ne peut contester le rôle important du soutien moral dans l’amélioration de l’état de santé de patients qui subissent parfois des traitements particulièrement lourds ou qui sont hospitalisés pour des soins de longue durée.
C’est pourquoi la proximité doit être un objectif prioritaire, au même titre que la qualité des soins.
Je le répète, la notion de soins de proximité implique une dimension supplémentaire par rapport à celle de soins de qualité, sur laquelle nous ne pouvons que nous retrouver, car elle est évidente.
Cet amendement vise à introduire la notion de proximité dans l’intitulé de cette division.
La commission des affaires sociales a marqué son attachement à la notion de proximité en en précisant le contenu à l’article 14.
Elle estime néanmoins que c’est la qualité des soins qui doit primer. On peut, certes, souhaiter que tous les hôpitaux de proximité soient des hôpitaux de qualité, mais il faut également tenir compte des tailles critiques nécessaires au bon exercice des soins. Augmenter les moyens des structures existantes, comme c’est souvent demandé à la suite de défauts de prise en charge, n’est donc pas toujours – loin de là ! – la solution. Parfois, pour la sécurité des patients, il est nécessaire de fermer certains services, voire certaines structures.
Dès lors, il est préférable que le titre II ne mentionne que la qualité des soins, la proximité étant évoquée au sein de l’article 14.
La commission a donc émis un avis défavorable sur cet amendement.
Monsieur Desessard, je salue votre engagement constant, qui est également le mien, en faveur de la proximité.
La proximité constitue un facteur de qualité des soins dans bien des circonstances.
Toutefois, nous souhaitons promouvoir une vision plus large de cette qualité. Le texte porte globalement sur l’organisation territoriale des soins. Il comporte également d’autres éléments relatifs à la qualification professionnelle ou à la biologie médicale.
Monsieur le sénateur, nous aurons l’occasion d’évoquer de nouveau la proximité au cours de ce débat. Pour l’instant, le terme de « qualité des soins », qui l’englobe en tant que de besoin, est meilleur.
C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a également émis un avis défavorable sur cet amendement.
L'amendement n'est pas adopté.
Mes chers collègues, je vous rappelle que les amendements portant article additionnel avant l’article 14 ont été réservés jusqu’après l’article 21 nonies.
I. - Suppression maintenue par la commission
II. - Les articles L. 1411-11 à L. 1411-18 du code de la santé publique sont remplacés par les dispositions suivantes :
« CHAPITRE I ER BIS
« Organisation des soins
« Art. L. 1411-11. - L'accès aux soins de premier recours, ainsi que la prise en charge continue des malades sont définis dans le respect des exigences de proximité, qui s'apprécie en termes de distance et de temps de parcours, de qualité et de sécurité. Ils sont organisés par l'agence régionale de santé et de l'autonomie au niveau territorial défini à l'article L. 1434-14 et conformément au schéma régional d'organisation des soins prévu à l'article L. 1434-6. Ces soins comprennent :
« 1° La prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des patients ;
« 2° La dispensation et l'administration des médicaments, produits et dispositifs médicaux, ainsi que le conseil pharmaceutique ;
« 3° L'orientation dans le système de soins et le secteur médico-social ;
« 4° L'éducation pour la santé.
« Les professionnels de santé, dont les médecins traitants cités à l'article L. 162-5-3 du code de la sécurité sociale, ainsi que les centres de santé concourent à l'offre de soins de premier recours, en collaboration et, le cas échéant, dans le cadre de coopérations organisées avec les établissements et services de santé, sociaux et médico-sociaux.
« Art. L. 1411-12. - Les soins de second recours, non couverts par l'offre de premier recours, sont organisés dans les mêmes conditions que celles prévues au premier alinéa de l'article L. 1411-11. »
III. - À l'article L. 1411-19 du même code, la référence : « du présent chapitre » est remplacée par les références : « des chapitres Ier et du présent chapitre ».
IV. - Au début du titre III du livre Ier de la quatrième partie du même code, il est inséré un chapitre préliminaire ainsi rédigé :
« CHAPITRE PRÉLIMINAIRE
« Médecin généraliste de premier recours
« Art. L. 4130-1. - Les missions du médecin généraliste de premier recours sont notamment les suivantes :
« 1° Contribuer à l'offre de soins ambulatoire, en assurant pour ses patients, la prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des maladies ainsi que l'éducation pour la santé. Cette mission peut s'exercer dans les établissements de santé ou médico-sociaux ;
« 2° Orienter ses patients, selon leurs besoins, dans le système de soins et le secteur médico-social ;
« 3° Assurer la coordination des soins nécessaire à ses patients ;
« 4° Veiller à l'application individualisée des protocoles et recommandations pour les affections nécessitant des soins prolongés et contribuer au suivi des maladies chroniques, en coopération avec les autres professionnels qui participent à la prise en charge du patient ;
« 5° Assurer la synthèse des informations transmises par les différents professionnels de santé ;
« 6° Contribuer aux actions de prévention et de dépistage ;
« 7° Participer à la mission de service public de permanence des soins dans des conditions fixées à l'article L. 6314-1 ;
« 8° Contribuer à l'accueil et à la formation des stagiaires de deuxième et troisième cycles d'études médicales. »
V. - Le cinquième alinéa de l'article L. 162-5-3 du code de la sécurité sociale est complété par les mots suivants : « ou lorsque l'assuré consulte des médecins relevant des spécialités suivantes : gynécologie médicale, gynécologie obstétrique, ophtalmologie, psychiatrie et neuropsychiatrie sans prescription de son médecin traitant ou sans avoir choisi un médecin traitant. »
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je m’interroge sur l’intérêt et la portée de l’article 14. Entre le « dit » et le « non-dit », pourquoi redéfinir de façon détaillée la médecine générale ? Le mot « générale » ne laisse-t-il pas suffisamment penser qu’il faut au contraire « donner un peu de mou » au système, d’autant que de telles précisions ne peuvent qu’exacerber un peu plus les contentieux existant parfois entre généralistes et spécialistes ?
Bref, après le « médecin traitant » du parcours de soins, nous arrivons au médecin « de premier recours » ! À quand, madame la ministre, le médecin aux pieds nus, comme chez les Chinois ?
Sourires
Une analyse plus fine nous laisse entrevoir, derrière cette reconnaissance de la médecine générale, une certaine vision « réglementarisée » de celle-ci.
Il y a trop de choses évidentes dans la description, à l’article 14, des tâches du médecin de premier recours, pour que l’on ne soit pas tenté de penser qu’elles cachent des contraintes de toutes sortes, d’autant que l’article 26, que nous venons d’examiner, nous a décrit avec précision la toute-puissance du directeur général de l’agence régionale de santé.
La médecine est un art, disait Hippocrate, l’art d’adapter les connaissances à la réalité de situations très diverses que subissent parfois nos concitoyens. Car c’est pour eux que nous travaillons ! Si cette définition reflète, aujourd’hui, une réalité, c’est bien celle de la médecine générale, par rapport aux spécialités et leurs plateaux techniques, qui prennent de plus en plus de place.
Cet article 14 est à l’image du projet de loi : on sait ce qu’il contient, mais on ne sait pas jusqu’où il peut nous conduire !
M. Jean Desessard s’exclame.
Pour conclure, je citerai les propos tenus par un syndicat de médecins qui vous a pourtant longtemps soutenue, madame la ministre : « Derrière l’épée de Damoclès qui est brandie au-dessus de nos têtes, c’est le moment d’entrer en résistance ».
Telles sont les raisons pour lesquelles nous sommes très réservés sur cet article.
Aux yeux de certains syndicats de médecins généralistes, l’article 14, qui est issu des travaux des États généraux de l’organisation de la santé, leur confère le monopole des soins de premier recours. On peut presque dire que c’est le contraire, puisque le texte, depuis le début, vise à prévoir non seulement que tous les médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, participent aux soins de premier recours, mais aussi que tous les professionnels de santé sont concernés.
Les soins de premier recours regroupent l’ensemble des soins. Ainsi, même si l’article 14 comporte une définition des missions du médecin généraliste de premier recours, aucune spécialité, aucune profession de santé, aucune forme d’exercice ne sont exclues du premier recours.
J’émettrai donc, au nom de la commission, un avis défavorable sur les amendements tendant à énumérer certaines professions ou certains modes d’exercice pour les soins de premier recours.
Si les soins de premier recours incluent l’ensemble des soins et des professionnels et que cela n’a aucun impact sur l’assurance maladie, on peut à la limite s’interroger sur l’utilité de cet article.
Or je considère que, malgré son caractère déclaratif, il contient un apport majeur, à savoir la mention de la proximité en tant qu’élément de l’accès aux soins.
Soyons clairs : puisque les niveaux de recours de l’article 14 sont trop flous pour guider l’organisation des soins sur le territoire, c’est le schéma régional d’organisation des soins, le SROS, mis en place par l’agence régionale de santé, l’ARS, qui le fera. Or il convient de s’assurer que la réponse aux besoins de la population ne se fera pas qu’en termes de qualité, car cela pourrait se traduire par la concentration des moyens sur quelques grands équipements, sans que soit suffisamment prise en compte la possibilité physique pour la population de s’y rendre.
Pour répondre à cette inquiétude, la commission des affaires sociales a précisé que la proximité s’appréciait en termes de distance et de temps de parcours. Aller au-delà, ce serait ajouter des dispositions de principe qui nous exposeraient au risque de rendre la loi bavarde...
... ou d’imposer des délais opposables en matière de prise en charge, proposition malheureusement irréaliste dont nous avons déjà débattu.
Cet article, qui fixe les principes d’organisation de l’offre de soins en niveaux de recours et qui définit la médecine générale de premier recours, correspond, vous avez eu raison de le souligner, monsieur Cazeau, à une demande des professionnels de santé.
M. le rapporteur l’a rappelé à juste titre, nous avons organisé de nombreuses concertations. Ainsi, les États généraux de l’organisation de la santé nous ont permis d’entendre les différents acteurs. Cela nous permet de proposer aujourd'hui un texte novateur et utile.
Nous avons d’abord souhaité une organisation du système de santé qui parte non de l’offre de soins, mais des besoins de santé de nos concitoyens. C’était bien le moins ! Jusqu’à présent, les soins de premier recours, qui constituent le maillage de notre territoire, étaient élaborés à partir de l’offre et non de la demande, ce qui posait un véritable problème.
L’accès à des soins de proximité est une priorité absolue pour nos concitoyens. J’ai dû émettre un avis défavorable sur un amendement qui visait à le rappeler, mais je souscris tout à fait au principe. Il est donc nécessaire de définir un niveau de soins de premier recours qui fera l’objet d’une organisation spécifique au niveau du SROS ambulatoire.
L’enjeu majeur de l’organisation des soins de premier recours est de garantir l’accessibilité tant géographique que financière à des soins de qualité sur l’ensemble du territoire.
L’offre de soins de premier recours doit également être organisée en améliorant l’interface entre les différents professionnels de santé médicaux – généralistes et spécialistes – et les autres professionnels de santé. Elle doit aussi articuler la ville, l’hôpital et le secteur médico-social. C’est tout le sens du décloisonnement que nous avons mis en place et dont nous avons décliné les modalités au titre Ier et au titre IV.
Par ailleurs, les soins de second recours complètent l’offre de soins de premier recours en permettant l’accès à certaines spécialités hospitalières libérales ou à un plateau technique. Cette offre de soins est par nature plus rare. Son aménagement sur le territoire correspond donc à une réflexion spécifique complémentaire par rapport à l’offre de premier recours, définie également dans le SROS.
J’en viens maintenant à la définition du rôle particulier du médecin généraliste de premier recours et de ses missions.
Curieusement, rien ne figurait dans le code de la santé publique ! Aujourd'hui, nous ne pouvons que constater le déficit d’attractivité et de reconnaissance de cette spécialité, pourtant centrale dans l’organisation des soins de proximité.
Cette définition précise, au sein de l’activité des omnipraticiens, les missions correspondant à la prise en charge des besoins de santé de proximité de nos concitoyens. Elle servira notamment pour la formation spécifique à la médecine générale, dont la filière universitaire est en cours de développement. Nous reviendrons également sur les moyens qui lui sont consacrés.
Enfin, il convient de mener un travail de définition préalable à l’élaboration des SROS.
L’organisation de l’offre de soins de premier recours constitue un enjeu capital pour les années à venir. Les difficultés auxquelles nous nous heurtons dans ce domaine sont déjà importantes, alors que la France connaît le taux de médecins pour 100 000 habitants le plus élevé de l’OCDE. Or ce taux ne cessera de décroître de près de 20 % jusqu’en 2020. À voir les difficultés d’aujourd'hui, on imagine celles de demain !
Cette organisation géographique réfléchie et consensuelle est l’objet des SROS, qui seront définis selon les principes posés par cet article.
Ainsi créons-nous un schéma structurant, qui sera également décliné à travers d’autres articles.
Je suis persuadée que, garant de l’aménagement du territoire, notamment dans sa dimension sanitaire, le Sénat aura sur ce sujet beaucoup d’idées, comme l’a déjà démontré notre travail en commission des affaires sociales.
L'amendement n° 68, présenté par M. Pozzo di Borgo, est ainsi libellé :
Rétablir le I de cet article dans la rédaction suivante :
Les établissements de santé informent par tout moyen les usagers du système de santé ainsi que les professionnels de santé sur leurs activités, leurs organisations et leurs conditions d'accueil, notamment en ce qu'elles permettent l'accès aux soins, dans le respect des règles déontologiques applicables aux praticiens qui y exercent.
Cette information doit être objective, loyale et dépourvue de caractère commercial.
Sont punis de 37 500 euros d'amende tout établissement de santé qui procède à une information sur ses activités et ses conditions d'accueil dans des conditions contraires aux dispositions du précédent alinéa, ainsi que les personnes qui participent à sa réalisation ou à sa diffusion.
Il est procédé, s'il y a lieu, à la suppression ou à l'enlèvement des supports de l'information effectuée ou diffusée dans des conditions irrégulières au regard des dispositions du présent article, aux frais des contrevenants.
La parole est à M. Yves Pozzo di Borgo.
Cet amendement est indispensable. Son adoption permettra aux établissements de santé de donner tant aux usagers qu'aux professionnels une information relative à leurs activités.
Cette information peut prendre de nombreuses formes : renseignements administratifs dans divers organes, diffusion de guides, de dépliants de présentation de l'offre de diagnostic et de soins, affiches, journées portes ouvertes, présence dans des salons professionnels, informations sur l'ouverture d'un nouvel établissement, sur l’acquisition d'un nouvel équipement, sur la possibilité de réaliser tel examen ou tel soin selon telle ou telle technique le cas échéant innovante, site internet, voire parrainage d'événements culturels et sportifs.
La réforme du financement des établissements de santé – la tarification à l'activité – et du régime des autorisations sanitaires, qui se fonde notamment sur des « objectifs quantifiés de l'offre de soins », exacerbe la concurrence entre établissements publics de santé et établissements privés. Plusieurs cas récents ont montré que certains établissements ou organismes n'hésitent pas à lancer des campagnes de publicité soit pour vanter la qualité des services qu'ils offrent, soit pour dénigrer, par des comparaisons plus ou moins hâtives, les établissements de santé concurrents.
Aujourd'hui, l'usage de la publicité est limité par des dispositions à caractère déontologique qui sont désormais codifiées au sein du code de la santé publique.
Il est important que l'information donnée par l'hôpital public sur les différents services qu'il offre aux usagers puisse être réalisée dans un cadre sécurisé juridiquement. Elle doit pouvoir être donnée non seulement sur les caractéristiques hôtelières de l’établissement, mais aussi sur le cœur de ses missions, à savoir les activités médicales. Elle doit également permettre aux patients d'exercer leur libre choix de façon avertie, sur le fondement d'indications factuelles dénuées de caractère commercial.
Les filières de soins, les établissements concourant à un parcours de soins coordonné et de qualité doivent pouvoir faire connaître leurs modes d'accès et les rendre parfaitement lisibles par les patients et leurs familles.
Je souhaite attirer l’attention sur la situation dans les villes et les grands centres urbains. Il est évident que, pour les villes moyennes de province, la communication est beaucoup plus facile. Il n’en est pas de même dans une grande ville. Ainsi, à Paris, pour ne prendre que l’exemple de cette ville dont je suis un élu, au risque d’entraîner des votes négatifs sur mon amendement, la méconnaissance du parcours de santé est très importante. Cette remarque vaut également pour toute la région parisienne.
C'est la raison pour laquelle j’attache beaucoup d’importance à ce que la commission et le Gouvernement examinent avec attention cet amendement.
Il est fréquent aujourd'hui que les établissements publics de santé dispensent volontairement une information à destination du grand public pour éviter les litiges. Je pense notamment à l’information destinée aux patients économiquement défavorisés, qui rencontrent des difficultés dans l’accès aux soins. Il importe que les hôpitaux puissent communiquer sur leurs conditions d’accueil et les organisations médicales spécifiques qu’ils mettent en place en la matière, la permanence d’accès aux soins, nécessaire pour assurer l’accueil de tous, l’information sur les spécialités médicales, sur les soins et les techniques innovants, la prise en charge des maladies rares, etc.
Des dispositions législatives sont indispensables. C'est la raison pour laquelle j’ai déposé cet amendement, qui vise également à prévoir des sanctions pour les cas de non-respect des obligations déontologiques, lorsque l’information prend manifestement un caractère publicitaire ou déloyal.
L’idée est intéressante.
Le 22 avril dernier, Mme la ministre a lancé la plateforme d’informations sur les établissements de santé, PLATINES, qui doit garantir la transparence de l’information sur les établissements de santé. Il n’est donc pas nécessaire de prévoir un autre cadre pour l’information des usagers.
Par ailleurs, le dispositif pénal en vigueur est déjà particulièrement large, puisqu’il vise les personnes qui participent à la réalisation ou à la diffusion de ces informations.
Pour toutes ces raisons, la commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.
Je suis très attentive aux préoccupations exprimées par M. Pozzo di Borgo. En effet, monsieur le sénateur, les malades et leurs familles doivent recevoir une information de qualité sur les établissements de santé.
M. le rapporteur vient de rappeler l’existence de la base de données PLATINES. J’ai également pris par arrêté, le 15 avril 2008, un certain nombre de dispositions relatives au livret d’accueil, qui permettront aux personnes hospitalisées et à leurs proches d’obtenir des informations sur les différents points que vous avez énumérés, monsieur le sénateur, comme sur les procédures d’évaluation, notamment le rapport de certification sur la satisfaction des usagers.
Vous souhaitez que cette information n’ait pas un caractère commercial. Vous avez raison ! Le code de déontologie médicale le prévoit d’ailleurs expressément : « La médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Sont interdits tous procédés directs ou indirects de publicité… »
Peut-être le dispositif juridique est-il parfois peu opérant, mais nous disposons des outils nécessaires. C’est donc bien plus à un problème d’application que nous sommes confrontés et que nous devons remédier. Croyez que je me mobilise sur ce sujet à travers un certain nombre de dispositions visant à encadrer l’information des usagers et des professionnels de santé.
Monsieur le sénateur, votre objectif est satisfait, même s’il nous reste des progrès à accomplir dans l’observance des dispositifs en vigueur. Peut-être pourriez-vous retirer votre amendement ?
Madame la ministre, je partage votre position sur l’aspect juridique de la question.
En revanche, le texte que nous examinons ne garantira pas une information objective, loyale et dépourvue de caractère commercial. Dans un monde de communication comme le nôtre, c’est de ce type d’informations qu’ont besoin les patients qui entrent à l’hôpital. La commission et le Gouvernement ne répondent pas à ma question : le texte est vide et n’apporte aucune solution, ce qui ne manquera pas de se traduire par une restriction supplémentaire à la communication.
J’accepte de retirer cet amendement, pour satisfaire le Gouvernement et la commission, mais la carence est bien réelle et nous en ressentirons très vite les effets !
L'amendement n° 68 est retiré.
L'amendement n° 463, présenté par MM. Autain et Fischer, Mmes David, Hoarau, Pasquet et les membres du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de gauche, est ainsi libellé :
À la fin de la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, remplacer les mots :
et de sécurité
par les mots :
, de sécurité et d'accessibilité aux tarifs opposables
La parole est à M. François Autain.
Avant de présenter cet amendement, je souhaite une nouvelle fois me réjouir de l’adoption par la Haute Assemblée d’un des amendements que nous avons déposés, qui visait à préciser que la proximité géographique s’appréciait également en termes de distance et de temps de parcours. Il s’agit là d’une précision très importante pour tous ceux qui vivent dans les territoires de montagne.
Nous serons donc très attentifs à la manière dont cette disposition sera appliquée.
L’amendement n° 463 tend à préciser que l’accessibilité aux soins de premiers recours ne s’analyse pas seulement en termes de proximité géographique mais s’apprécie également en termes d’accessibilité à des tarifs opposables.
Cet amendement, dont nous avons déjà débattu sous d’autres formes, et sur lequel la commission et le Gouvernement ont toujours émis un avis défavorable, devrait pourtant être au cœur de ce titre II.
L’article 14 et l’ensemble du titre II devraient être appréciés à l’aune de la réponse que nous sommes en mesure d’apporter à la question suivante : prenons-nous toutes les dispositions nécessaires pour permettre à toutes les citoyennes et à tous les citoyens de notre pays d’accéder aux soins, notamment à la médecine de premier recours ?
Certes, l’article 14 énonce un certain nombre de grands principes, auxquels nous souscrivons ; mais ce n’est pas suffisant : il devrait de surcroît prévoir les moyens permettant de traduire ces principes dans les faits. L’amendement n° 463, s’il était adopté, donnerait une traduction concrète à ces grands principes et ferait que l’accessibilité à des soins de qualité – selon l’intitulé fort juste du titre II – ne reste pas un vœu pieux, mais devienne réalité.
Pour illustrer mes propos, mes chers collègues, je souhaite vous lire un court extrait d’un article du journal économique La Tribune, en date du 6 juin 2008 : « Dans un contexte de forte inquiétude des Français à l’égard de leur pouvoir d’achat, les dépassements d’honoraires des médecins, au-delà des tarifs opposables, constituent un sujet sensible. Selon les chiffres de l’assurance maladie, les dépassements d’honoraires des spécialistes entre 2004 et 2006 ont encore progressé de 5, 4 % par an, en baisse toutefois par rapport à la progression de 11, 6 % par an en moyenne enregistrée entre 2000 et 2004 ». On ne saurait se contenter d’une diminution du rythme de progression !
Dans le contexte économique actuel, alors que la santé est devenue la seconde inquiétude des Français après le chômage, ces dépassements sont devenus inacceptables.
Mes chers collègues, face à cette réalité, ce ne serait pas le moindre des paradoxes que, lors de l’examen de l’article 14, le premier du titre II consacré, selon son intitulé, à l’« accès de tous à des soins de qualité », nous refusions de légiférer sur ce qui constitue la première entrave à l’accès aux soins, à savoir la difficulté d’accéder à des tarifs opposables.
Votre silence, votre refus, au nom du réalisme, qui, en l’espèce, n’est qu’un habillage pour l’immobilisme et le renoncement, n’est ni compris ni accepté ; il est même insoutenable pour nos concitoyens, déjà obligés de faire des choix, d’établir des priorités, voire de renoncer à certains soins.
De surcroît, s’ajoutent à ces restrictions les franchises médicales et les contributions forfaitaires diverses qui ont été instituées régulièrement chaque année depuis 2004, malgré notre opposition.
Nous ne comprendrions pas, et les patients de notre pays ne le comprendraient pas davantage, que l’amendement n° 463 ne soit pas accepté. Afin que chacun ici – particulièrement dans les rangs de la majorité sénatoriale – soit mis devant ses responsabilités, nous demandons un scrutin public, monsieur le président.
Vous l’aurez compris, cet amendement vise à prévoir que les tarifs opposables sont une composante de l’accès aux soins de premier recours. La commission, estimant que la logique de l’article L. 1411-11 du code de la santé publique est territoriale, et non financière, émet un avis défavorable.
Défavorable pour les mêmes raisons que la commission.
Je mets aux voix l'amendement n° 463.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe CRC-SPG.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin a lieu.
Il est procédé au comptage des votes.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 173 :
Le Sénat n'a pas adopté.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 1 rectifié ter, présenté par MM. Biwer, Deneux, Maurey, Amoudry, Merceron et Zocchetto, est ainsi libellé :
Après la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, insérer une phrase ainsi rédigée :
Cette proximité suppose pour les schémas régionaux d'organisation des soins de tendre au respect des temps d'accès aux soins suivants pour les patients : service d'urgence : accès ou présence aux côtés du patient en vingt minutes ; médecine générale : accès en trente minutes ; maternité: accès en quarante-cinq minutes.
Cet amendement n'est pas soutenu.
L'amendement n° 701, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Après la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, insérer une phrase ainsi rédigée :
Le 1er janvier 2011 au plus tard, l'organisation des soins sur le territoire français doit permettre à tout résident de se trouver à moins d'un quart d'heure d'un pôle d'urgences.
La parole est à M. Claude Bérit-Débat.
Il s’agit de quantifier l’accès aux soins, qui s’apprécie désormais, comme cela a été indiqué tout à l’heure, en termes de distance et de temps.
L’amendement n° 701 tend à garantir à tout résident un accès équitable et rapide aux soins d’urgence sur l’ensemble du territoire français.
En effet, il apparaît totalement inconcevable qu’un citoyen en situation d’urgence ne puisse pas rejoindre dans les plus brefs délais un pôle d’urgence afin que lui soient dispensés les premiers soins, dont on connaît l’importance dans le processus médical. La vie d’un malade est parfois une question de minutes, vous le savez, madame la ministre.
L’organisation territoriale de l’offre de soins mise en œuvre dans le cadre des dispositions du présent projet de loi doit nous permettre de résoudre cette question essentielle. Il est invraisemblable qu’aujourd’hui, en France, certaines personnes soient coupées du cordon médical, du fait de leur localisation géographique.
Je connais bien cette situation, étant, avec mon collègue Bernard Cazeau, sénateur de la Dordogne, c'est-à-dire un département rural qui est aussi le troisième de par sa superficie. Le temps nécessaire pour couvrir une certaine distance me semble un critère essentiel.
Cet amendement a donc pour objet de permettre à toute personne résidant sur le territoire français de se trouver à moins d’un quart d’heure d’un pôle d’urgence, au plus tard au 1er janvier 2011.
Profitons de la réorganisation territoriale de l’offre de soins pour mettre en œuvre cet objectif.
De plus, les rapprochements et coordinations des services d’urgence ne doivent en aucun cas compromettre cet objectif capital en matière de santé publique.
Madame la ministre, mes chers collègues, je vous invite à rendre accessible à tous l’accès à un pôle d’urgence en adoptant cet amendement.
La commission émet un avis défavorable.
L’amendement n° 701 tend à fixer des temps d’accès maximaux pour la prise en charge médicale. Autant la prise en compte du temps de parcours me semble légitime, autant l’inscription dans la loi de temps opposables serait irréaliste et source de contentieux.
À de nombreuses reprises, j’ai déjà expliqué les raisons d’ordre opérationnel pour lesquelles je ne souhaitais pas émettre un avis favorable sur ce type d’amendement. Je maintiens ma position.
Madame la ministre, dans un rapport de l’office parlementaire d’évaluation des politiques de santé, notre collègue député Jean Bardet avait pointé du doigt les temps de transport trop longs, notamment en cas d’accident vasculaire cérébral, la lenteur pour accéder à un établissement hospitalier constituant l’une des principales causes de mortalité. Cette remarque vaut également pour bien d’autres affections. Son travail est intéressant puisque nous apprenons que 130 000 personnes sont victimes chaque année de tels accidents.
Monsieur le rapporteur, vous avez raison, il s’agirait bien d’un droit à la santé opposable. Mais ce ne serait pas la première fois que la loi consacrerait ce type de droit, et vous auriez pu émettre un avis favorable au nom de la commission !
Rappelez-vous : nous avons institué le droit opposable au logement tout en sachant pertinemment qu’à l’heure actuelle le nombre de logements disponibles ne permet pas de satisfaire la demande. Certes, chers collègues de la majorité, vous vous y êtes pris à deux fois pour le voter, mais qui pourrait y trouver à redire, si c’est pour réussir quelque chose de bien ?
Sourires
Chers collègues de l’UMP, vous avez donc voté le droit opposable au logement. Est-il possible de le mettre en œuvre aujourd’hui en tant que tel ? Nous savons bien que ce sera difficile.
Pourquoi la gauche comme la droite ont-elles adopté ce droit opposable ? Il s’agissait de fixer un objectif et de faire pression sur l’ensemble des services administratifs, des services préfectoraux et des services de l’État pour que les uns et les autres cherchent à l’atteindre.
De la même manière, nous savons très bien que la mise en œuvre d’un droit opposable à la santé sera peu aisée. Mais nous souhaitons fixer un objectif et mobiliser toutes et tous pour l’atteindre. Tel est le sens de tout droit opposable, que ce soit au logement ou à la santé, en attendant, un jour que je souhaite proche, le droit opposable au travail.
L’amendement n° 701 est totalement irréaliste.
Je veux revenir sur l’argumentation développée par M. Cazeau.
Dans son rapport, M. Bardet n’a pas évoqué un accès aux soins en un quart d’heure. Il a simplement indiqué que les accidents vasculaires cérébraux devaient être diagnostiqués dans les trois heures, afin que l’on puisse déterminer s’il s’agit d’une hémorragie ou d’un embole, ce dernier devant être traité immédiatement. Le même rapport avait montré la nécessité que le patient soit admis aux urgences pour que soient pratiqués des examens et établi le diagnostic différentiel.
Le laps de temps d’un quart d’heure ne signifie rien. Quoi que vous fassiez, en zone de montagne, le temps de transport d’un malade entre le lieu de l’accident et le premier pôle de santé sera toujours supérieur à quinze minutes.
On ne saurait donc parler d’un droit opposable dont nous savons d’ores et déjà que la transposition en matière de santé ne sera jamais possible.
Je voudrais juste demander à ceux qui veulent à tout prix fixer un délai quelle durée retenir comme limite. Un accident vasculaire cérébral doit en effet être traité dans les trois heures, tandis qu’un arrêt cardiaque ne laisse que trois minutes pour réagir.
Ce n’est pas parce que je suis défavorable à cet amendement, en raison de l’impossibilité de mettre en œuvre la disposition qu’il vise à introduire, que je ne suis pas sensible à la question de la proximité. J’ai d’ailleurs pris des engagements très précis en la matière.
Ainsi, j’ai décidé de porter à 90 %, dans les deux ans, la proportion – qui s’élève actuellement à 80 % – de nos concitoyens qui se trouvent à moins de vingt minutes d’un service d’urgence. Nous multiplions donc les services d’urgences, structures héliportées, SMUR, et c’est précisément pour renforcer tout ce qui concerne la prise en charge de l’urgence que je rénove l’hospitalisation de proximité.
J’ai ainsi présenté un très ambitieux plan portant sur l’urgence AVC, comme vous l’avez très justement souligné. Il donne des moyens supplémentaires et permet l’ouverture de nouvelles unités d’urgence neurovasculaire.
Cela ne signifie donc pas, monsieur Cazeau, que le souci de proximité n’est pas au cœur de la politique que je mène. Je veux simplement dire que le critère de temps maximum n’est pas recevable. Vous n’en avez pas moins tout à fait raison d’attirer l’attention sur les délais dans lesquels l’urgence neurovasculaire doit être prise en charge, et je m’emploie à traiter cette question.
Non, monsieur le président. Prenant note des efforts annoncés par Mme la ministre, et dans l’attente de résultats que, dans une société moderne et consommatrice de soins, j’espère rapides, je le retire.
L'amendement n° 701 est retiré.
L'amendement n° 623 rectifié, présenté par MM. Barbier, Collin, Baylet et Charasse, Mme Escoffier, M. Fortassin, Mme Laborde et MM. Marsin, Mézard, Milhau, de Montesquiou, Plancade, Tropeano et Vall, est ainsi libellé :
I. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, après les mots :
sont organisés
insérer les mots :
en lien avec les professionnels de santé et leurs représentants
II. - En conséquence, dans le texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-12 du code de la santé publique, après les mots :
sont organisés
insérer les mots :
en lien avec les professionnels de santé et leurs représentants
La parole est à M. Gilbert Barbier.
Cet amendement a pour objet de préciser que les professionnels de santé et leurs représentants doivent être associés à ce plan de premier recours.
Il me paraît indispensable que ceux qui seront amenés à intervenir puissent participer à l’élaboration du plan. Je ne prétends pas qu’ils doivent imposer leurs vues. Il convient cependant de travailler avec eux pour obtenir un résultat opérationnel.
Le contenu de cet amendement, monsieur Barbier, a été débattu lors de l’examen de l’article 26 relatif aux compétences des ARS. Mme la ministre nous avait alors donné toutes les assurances sur la participation des professionnels de santé à l’organisation des soins.
La commission demande donc le retrait de l’amendement.
Je n’imagine pas, cher Gilbert Barbier, bâtir un système d’organisation des soins de premier recours sans le concours des professionnels de santé. Ils sont évidemment à la manœuvre à nos côtés, avec, bien entendu, d’autres acteurs, comme les élus locaux. Nous l’avons constamment rappelé au cours du débat que nous avons eu à propos du titre IV, comme vous l’avez constaté et comme le soulignait très justement M. le rapporteur.
Les professionnels de santé seront évidemment associés à l’ARS pour l’élaboration du volet ambulatoire du SROS et ils participeront à la conférence régionale de la santé et de l’autonomie comme aux conférences de territoire. Ce sont donc nos partenaires dans cet effort de définition.
C’est pourquoi, sans émettre un avis défavorable – je me situe sur la même ligne que vous –, je demande le retrait de cet amendement.
Non, monsieur le président. Compte tenu des arguments de Mme la ministre et M. le rapporteur, ainsi que des votes précédemment intervenus, je le retire.
L'amendement n° 623 rectifié est retiré.
L'amendement n° 702, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Dans le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, après le mot :
prévention,
insérer les mots :
l'information,
La parole est à M. Bernard Cazeau.
Cet amendement a pour objet d’insérer les mots « l’information » après le mot « prévention », car nous estimons qu’il est parfois difficile pour les patients de comprendre le jargon médical, chaque profession parlant en quelque sorte son propre patois.
Il importe qu’un médecin de premier recours puisse s’expliquer et informer le patient de manière compréhensible.
L’information des patients dans le cadre de la relation de soin est déjà prévue par l’article L. 1111-2 du code de la santé publique. La commission n’a donc pas jugé nécessaire de la mentionner dans cet article. Elle émet par conséquent un avis défavorable.
L’obligation d’information s’impose à l’ensemble des professionnels de santé depuis la loi sur l’information des patients. Il serait contre-productif de ne l’inclure qu’au niveau des soins de premier recours ; ce serait limitatif.
J’émets donc un avis nettement défavorable.
L'amendement n'est pas adopté.
L'amendement n° 580 rectifié, présenté par MM. Autain et Fischer, Mmes David, Hoarau, Pasquet et les membres du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de gauche, est ainsi libellé :
À la fin du deuxième alinéa (1°) du II de cet article proposé pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, remplacer le mot :
patients
par le mot :
maladies
La parole est à M. François Autain.
Il s’agit d’un amendement rédactionnel. Il me semble effectivement que la phrase serait plus compréhensible si l’on remplaçait les « patients » par les « maladies ».
Autant les notions de prévention, de dépistage, de diagnostic, de traitement et de suivi des maladies sont faciles à comprendre, autant la prévention, le dépistage et le diagnostic des patients paraissent beaucoup plus difficiles à réaliser…
Évidemment, si vous estimez que « diagnostiquer un patient » est tout à fait correct, je me rangerai à votre avis, qui n’est pas purement politique, qui est aussi sémantique.
D’après le Petit Robert, le patient est une « personne qui est l’objet d’un traitement, d’un examen médical », ce qui inclut la prévention. Il s’agit donc bien de suivre les patients, y compris pour prévenir le développement des pathologies, et non pas de ne suivre que les maladies, c’est-à-dire les altérations de la santé.
La commission émet donc un avis défavorable.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Je rappellerai volontiers à l’auteur de l’amendement la fameuse citation que Jules Romains met dans la bouche du docteur Knock : « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent. »
Sourires
Plaisanterie mise à part, l’explication sémantique donnée par M. le rapporteur est pertinente. Il vaut donc mieux utiliser le terme de patient plutôt que celui de malade.
Monsieur Autain, vous pouvez prendre en charge des patients qui ne sont pas des malades. Je pense au dépistage, par exemple, mais aussi aux femmes qui sollicitent un examen gynécologique pour obtenir une prescription de contraceptifs oraux : elles ne sont pas des malades ; elles n’en sont pas moins des patientes.
Je n’ai absolument pas été convaincu par les arguments de Mme la ministre, mais nous n’allons pas nous battre sur un problème de sémantique !
Je retire donc l’amendement.
L'amendement n° 580 rectifié est retiré.
L'amendement n° 464, présenté par MM. Autain et Fischer, Mmes David, Hoarau, Pasquet et les membres du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de gauche, est ainsi libellé :
I. - Compléter le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique par les mots :
, y compris lorsque les maladies ont une origine professionnelle
II. - Compléter le sixième alinéa du même texte par les mots :
, ainsi qu'avec les services de santé au travail
La parole est à Mme Isabelle Pasquet.
Au groupe CRC-SPG, nous sommes convaincus que l’un des enjeux de demain réside dans une meilleure prise en considération des besoins en santé de la population. À ce titre, nous considérons, comme nous avons déjà eu l’occasion de nous en expliquer, que la santé au travail et les maladies d’origine professionnelle doivent être pleinement intégrées aux schémas régionaux de prévention afin d’associer une pluralité d’acteurs.
De la même façon, nous préconisons une meilleure prise en compte des pathologies liées au travail par ce qu’il est convenu d’appeler la médecine de ville, ne serait-ce que pour favoriser la prise en charge médicale du patient.
En clair, nous plaidons pour un décloisonnement entre la santé et la santé au travail.
Il ne s’agit pas pour nous de minorer la place des services de santé au travail. Au contraire, nous entendons doter ces services de plus de moyens ; je vous renvoie à nos débats sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009. Nous considérons toutefois que leurs connaissances et leurs expertises ont besoin d’être mieux partagées avec l’ensemble des professionnels de santé.
En effet, si le travail, qui occupe une place centrale dans notre société, ne serait-ce que par le temps que l’on y consacre, joue un rôle crucial dans la construction de la vie de nos concitoyens, il contribue également, trop souvent, à la déconstruire.
Cet amendement est d’autant plus important que l’aspect préventif du plan Santé au travail 2005-2009, particulièrement le volet relatif à la réduction des risques professionnels, manque de souffle.
Dans ce contexte, et compte tenu de l’application de la révision générale des politiques publiques aux services de santé au travail, il nous semble que l’implication des médecins de premier recours doit être facilitée. C’est pourquoi nous proposons que les soins de premier recours intègrent les pathologies résultant du travail.
La prise en charge des maladies professionnelles s’effectue dans les mêmes conditions que celle des autres maladies. Les services de santé au travail participent aux soins de premier recours comme les autres services.
Votre amendement est donc satisfait, madame la sénatrice. C’est pourquoi la commission vous demande de le retirer ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.
Pour les raisons données par M. le rapporteur, le Gouvernement émet un avis défavorable.
J’ai eu l’occasion d’indiquer à quel point je souhaitais que les responsables de la santé au travail soient associés à la commission de coordination pour que, dans le respect des spécificités de la médecine du travail, auxquelles les partenaires sociaux sont profondément attachés, une politique globale puisse être élaborée et que toutes les interfaces soient trouvées.
L'amendement n° 464 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 622 rectifié bis, présenté par MM. Collin et Baylet, Mme Escoffier, M. Fortassin, Mme Laborde et MM. Charasse, Marsin, Mézard, Milhau, Plancade, Tropeano et Vall, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le début du dernier alinéa du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique :
« Les professionnels de santé, selon leurs compétences, dont les médecins traitants cités à l'article L. 162-5-3 du code de la sécurité sociale, les infirmiers et les pédiatres, ainsi que
Cet amendement n'est pas soutenu.
L'amendement n° 703, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Dans le dernier alinéa du texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-11 du code de la santé publique, après les mots :
sécurité sociale,
insérer les mots :
les infirmières et les infirmiers
La parole est à M. Claude Bérit-Débat.
Il nous semble nécessaire de structurer l’offre de soins de premier recours de façon efficace. Ces soins constituent un ensemble cohérent d’activités de prévention, mais aussi d’activités curatives et palliatives auxquelles participent les infirmières et les infirmiers, ce que néglige, à nos yeux, l’article 14.
En effet, celui-ci ne tient pas suffisamment compte de l’importance que peut aujourd'hui avoir l’infirmier libéral dans certains territoires. Est-il nécessaire d’insister sur son rôle social, tant son travail dépasse les soins purs et simples ? Les témoignages de nombre de malades abondent en ce sens : patience, chaleur humaine et proximité sont autant de caractéristiques de ce travail quotidien.
En alliant accessibilité de l’offre de soins et continuité de la prise en charge des patients, l’organisation des soins de premier recours place sur le même plan la qualité, la sécurité et la proximité, pour laquelle – nous le savons – médecins traitants et infirmières se trouvent en première ligne.
Or, seuls les médecins traitants sont explicitement mentionnés dans cet article ; c'est pourquoi cet amendement vise à y intégrer les infirmières et les infirmiers.
Un tel ajout permettrait tout à la fois d’envisager une forme de délégation des tâches dans l’organisation des soins de proximité, d’assurer une cohérence dans l’action et de répondre au problème de la répartition des professionnels de santé, qui nous occupe beaucoup.
Dans l’exercice de leur profession, les infirmières et les infirmiers ne sont pas limités à un lieu géographique précis. Les soins de premier recours relèvent pleinement de leurs compétences, puisqu’ils renvoient à des activités préventives, curatives et palliatives auxquelles ces professionnels prennent une part considérable.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous invite à adopter cet amendement.
Monsieur Bérit-Débat, je voudrais vous rappeler mon intervention avant l’article 14 : je soulignais que tous les professionnels de santé délivraient des soins de premier recours et qu’il n’était donc pas nécessaire d’établir un inventaire à la Prévert, au risque d’oublier une profession et d’accréditer l’idée d’un sentiment de mépris à son endroit. N’en citer aucune, c’est au moins être sûr de n’oublier personne !
Vous faites référence au médecin traitant. Or celui-ci, aux termes de la loi, est un praticien qui a été choisi en tant que tel par un patient. Il peut être un généraliste ou exercer n’importe quelle spécialité.
Je le répète, la notion de « médecin traitant » n’a rien à voir avec l’exercice d’une profession précise ; il s'agit d’une dénomination que donne un patient à la sécurité sociale afin d’être en règle et de se voir remboursé.
La commission émet donc un avis défavorable.
Avis défavorable, pour les mêmes raisons.
L'amendement n'est pas adopté.
L'amendement n° 704, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Compléter le texte proposé par le II de cet article pour l'article L. 1411-12 du code de la santé publique, par un alinéa ainsi rédigé :
« À condition qu'elles soient présentes sur le territoire concerné, sont obligatoirement requises pour servir à pratiquer ces soins les catégories de praticiens spécialistes dont les compétences comprennent les spécialités suivantes : l'angiologie, la cancérologie, la cardiologie, la dermatologie, la diabétologie, la gastro-entérologie, la gynécologie-obstétrique, la neurologie, l'ophtalmologie, l'oto-rhino-laryngologie, la pneumologie, la rhumatologie, l'urologie, la pédiatrie. »
La parole est à M. Bernard Cazeau.
Monsieur le rapporteur, vous nous affirmez qu’il ne faut pas tomber dans les énumérations, mais tel est justement le propre de cet article ! Dès lors que nous faisons le choix d’énumérer, autant le faire jusqu’au bout ; nous oublierons peut-être un élément, mais l’erreur est humaine...
Pour ma part, en rédigeant cet amendement, j’ai peut-être omis quelques spécialités médicales, mais j’en ai cité beaucoup ! Ainsi, du moins, le droit à l’information du patient sera-t-il respecté : il connaîtra l’éventail des professionnels dans lequel il peut trouver – passez-moi l’expression, mes chers collègues – chaussure à son pied.
Sourires sur les travées du groupe socialiste.
L'amendement n'est pas adopté.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 663 est présenté par M. Houpert.
L'amendement n° 850 est présenté par MM. P. Blanc et Laménie.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
I. - Dans le premier alinéa du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, remplacer le mot :
généraliste
par le mot :
traitant
II. - En conséquence, procéder à la même substitution dans le texte proposé par le même IV pour l'intitulé du chapitre préliminaire du titre III du livre Ier de la quatrième partie du code de la santé publique.
L’amendement n° 663 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Paul Blanc, pour défendre l’amendement n° 850.
Comme M. le rapporteur l’a indiqué tout à l'heure, le médecin traitant peut être aussi bien un spécialiste qu’un généraliste. Cet amendement vise à en tirer toutes les conséquences.
L’objet de ce texte est précisément de définir le rôle et les missions du médecin généraliste, qui n’avaient jamais été précisés dans le code de la santé publique.
Comme le médecin traitant peut être un généraliste aussi bien qu’un spécialiste, nous tenons à viser, dans notre définition, le médecin généraliste de premier recours. En effet, il est important de distinguer la médecine générale de premier recours au sein de l’omnipratique, surtout à l’heure où nous créons la filière universitaire de médecine générale.
Or, comme vous l’avez d'ailleurs vous-même souligné dans votre intervention, monsieur Blanc, le médecin traitant peut aussi être un spécialiste, qui ne saurait donc être concerné par cette définition.
Dès lors que nous voulons préciser ce qu’est un médecin généraliste, ce qui n’avait jamais été fait auparavant, et que, M. le rapporteur l’a rappelé, un médecin traitant se définit non par une fonction mais par le choix réalisé par le malade, il ne doit y avoir absolument aucune confusion.
Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettra un avis défavorable.
L'amendement n° 850 est retiré.
L'amendement n° 465 rectifié, présenté par MM. Autain et Fischer, Mmes David, Hoarau, Pasquet et les membres du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de gauche, est ainsi libellé :
Compléter le deuxième alinéa (1°) du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique par une phrase ainsi rédigée :
Des modes de rémunération différents de la rémunération à l'acte et des formes d'organisation collective seront prévus pour développer ces missions qui pourront s'exercer dans les établissements de santé ou médico-sociaux ;
La parole est à M. Guy Fischer.
L’article 14 du projet de loi définit avec précision les soins de premiers recours, ainsi que la manière dont les médecins généralistes les administrent.
Il s’agit d’une définition plutôt exhaustive, qui élargit la notion de soins de premier recours au-delà du périmètre traditionnel des soins proprement dits, puisque s’y trouvent incluses, notamment, les missions de prévention, de dépistage et d’éducation à la santé. L’objectif est ambitieux, car nous savons tous que notre système de protection sociale pèche, entre autres, par la prévention.
Je le répète, nous considérons que l’évolution de ce qu’il était convenu d’appeler la « médecine généraliste » doit impliquer un changement dans les modes de rémunération des médecins qui exerceront la médecine de premier recours.
D’après un sondage réalisé par Le Quotidien du Médecin en mars 2008, quelque 44 % des médecins libéraux seraient aujourd'hui partisans d’une expérimentation de modes de rémunération qui ne seraient pas des rémunérations à l’acte.
Ce mouvement est par ailleurs déjà engagé dans d’autres pays européens, par exemple en Angleterre ou en Suède, où les médecins généralistes sont rémunérés non en fonction des actes qu’ils réalisent mais à raison du nombre de patients inscrits dans leur cabinet médical. Le système est alors financé sur une enveloppe globale, mais aussi grâce à des points supplémentaires attribués chaque année au cabinet médical si les objectifs de santé sont atteints, ce que signifie que mieux un praticien soigne les patients, plus il est rémunéré !
À titre indicatif, je rappelle que les médecins généralistes anglais bénéficient des rémunérations les plus élevées d’Europe…
Certes, nous ne reprenons pas à notre compte tous les aspects du modèle anglais, notamment parce que celui-ci suppose un parcours de soins très contraignant et entraîne de longues listes d’attentes, mais nous devons tout de même nous interroger !
En effet, si cet article était adopté, certaines des nouvelles missions qui lui sont confiées conduiraient le professionnel de santé à prendre des mesures en amont, afin d’éviter la survenue de maladies – nous reconnaissons que ce souci est pertinent, la prévention étant porteuse d’économies considérables, surtout réalisée à l'échelle nationale -, et donc de réduire le nombre d’actes réalisés par les médecins.
Or c’est précisément la quantité d’actes accomplis qui déterminent les revenus des médecins de premier recours.
C’est pourquoi nous considérons que cette réforme, pour être pleinement efficace, devrait s’accompagner d’une rémunération particulière, tenant compte des nouvelles missions, des nouveaux objectifs et de la réduction programmée et attendue du nombre d’actes réalisés.
En effet, si nous ne doutons pas de la déontologie des professionnels de santé, nous considérons qu’il appartient au législateur de prendre toutes les mesures nécessaires pour associer pleinement les principaux acteurs de cette réforme, à savoir les médecins généralistes.
À travers cet amendement, nous proposons un mode de rémunération complémentaire, qui ne pénalise pas le médecin effectuant ces missions. Il convient également de favoriser des formes d’organisation collective pluri-professionnelles, qui se développent d'ailleurs déjà : les maisons de santé pluridisciplinaires ou les centres de santé, notamment, constituent les embryons d’une médecine généraliste porteuse d’une vision plus globale du patient.
La logique de l’article 14 est territoriale et fonctionnelle, et non financière. Les modes de financement sont prévus par d’autres dispositions du projet de loi, et leur mise en œuvre sera probablement clarifiée par un amendement portant article additionnel après l’article 14 quater que présentera M. Jean-Marc Juilhard.
La commission demande donc le retrait de cet amendement, …
Monsieur Fischer, je souhaite vous indiquer mon attachement au développement des modes de rémunération alternatifs.
En effet, un certain nombre de politiques de santé publique, qu’elles soient de prévention, d’éducation à la santé ou d’éducation thérapeutique, ne peuvent être menées dans le cadre des modes de rémunération à l’acte.
Je note d'ailleurs une très grande appétence des médecins de la nouvelle génération pour ces modes de rémunération alternatifs. C’est peut-être un peu moins le cas chez les praticiens les plus anciens, mais des progrès sont constatés.
C'est pourquoi, à travers la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008, j’avais prévu que des expérimentations pourraient être menées, du 1er janvier 2008 au 1er janvier 2013, sur de nouveaux modes de rémunération des professionnels de santé ou de financement des centres et des maisons de santé, auxquels nous sommes très attachés.
Si vous me le permettez, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais profiter de la discussion de cet amendement pour faire le point, de façon aussi exhaustive que possible, sur ce qui a été réalisé.
Ces expérimentations ont commencé sur la base d’un appel à projets lancé par les missions régionales de santé, les MRS, auprès des professionnels de santé répondant à des critères qui ont été détaillés dans un cahier des charges.
Un comité de pilotage associe le ministère de la santé, le haut-commissariat aux solidarités actives, les caisses d’assurance maladie, l’UNOCAM, c'est-à-dire l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie, les représentants des professionnels libéraux de l’UNPS, l’Union nationale des professionnels de santé, ainsi que des centres de santé, enfin des personnalités qualifiées, en particulier des représentants des hôpitaux locaux et des économistes. Il a retenu six MRS, celle de la région d’Île-de-France et celles des régions Bourgogne, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Bretagne et Lorraine. Ces expérimentations concernent dix-huit maisons de santé, vingt et un centres de santé, trois pôles de santé et un réseau de santé.
Les MRS sont en train de rencontrer les responsables des sites afin de déterminer avec eux le modèle économique qu’ils souhaitent expérimenter. Les organismes complémentaires sont également sollicités pour participer au financement.
Le premier module, qui a été proposé par la Direction de la sécurité sociale, devrait être mis en œuvre dès le troisième trimestre de 2009. Il consiste dans le versement d’un forfait pour l’activité coordonnée permettant de pérenniser les financements actuels, mais uniquement dans la mesure où des objectifs de santé publique et d’efficience sont atteints.
Il s’agit donc d’expérimenter la formule que vous souhaitez promouvoir à travers votre amendement, monsieur Fischer.
Quant au module sur l’éducation thérapeutique, il devrait être disponible dans les mêmes délais.
Voilà pour la première phase de l’expérimentation, qui est en cours.
Dans un deuxième temps, plusieurs autres modes de rémunération à expérimenter seront proposés aux six MRS sélectionnées et pourront être intégrés en cours d’année, en fonction d'ailleurs des attentes des responsables des sites et des professionnels concernés. Il s’agira, par exemple, de la gestion des sorties d’hospitalisation ou des coopérations entre professionnels.
Dans un troisième temps, sera proposée l’expérimentation de forfaits à la pathologie, qui avait d'ailleurs été demandée par le Président de la République ; il s'agit également d’une voie très intéressante de rémunération alternative.
Mesdames, messieurs les sénateurs, vous aurez constaté que je fais preuve d’un très grand volontarisme en la matière, car il s'agit, à mes yeux, d’une piste extrêmement prometteuse.
Monsieur Fischer, soyez assuré de ma détermination sur ce sujet. Au bénéfice de ces explications, peut-être un peu longues, mais que j’ai souhaitées complètes, je vous prie de bien vouloir retirer votre amendement ; je l’ai d'ailleurs déjà largement satisfait dans la réalité.
Je vais le retirer, non sans avoir remercié Mme la ministre de nous avoir répondu si complètement et si longuement à l’occasion de la discussion d’un amendement auquel, il est vrai, notre groupe était très attaché.
J'ai moi aussi mené une expérimentation, dans ma ville, en collaboration avec certains médecins, notamment pour le traitement des affections de longue durée : on s'aperçoit que le traitement des personnages âgées ou atteintes de maladies chroniques se résume souvent à une brève consultation et à une ordonnance reproduite à l’identique pendant des années.
Or les quartiers populaires, les grands ensembles, connaissent aujourd'hui, et de plus en plus, de graves problèmes d'accès aux soins et de qualité des soins. Pour avoir travaillé avec des syndicats de médecins, je sais que la demande est pressante et que l’on doit agir.
En vous renouvelant mes remerciements, madame la ministre, je retire l’amendement.
L’amendement n° 465 rectifié est retiré.
L'amendement n° 706 rectifié, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Au début du 2° du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, ajouter le mot :
informer,
La parole est à M. Bernard Cazeau.
Monsieur le président, cet amendement comporte une erreur de rédaction : notre souhait était en effet d’inscrire « orienter et informer », et non pas de remplacer l’un par l’autre.
Par ailleurs, s’agissant de l’information, nous avons déjà obtenu des explications.
Je retire donc cet amendement.
L'amendement n° 706 rectifié est retiré.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 198, présenté par MM. Leclerc, Dériot, P. Blanc, Vasselle, Laménie et Barbier, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le quatrième alinéa (3°) du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique :
« 3° S'assurer que la coordination des soins nécessaire à ses patients est effective ;
La parole est à M. Dominique Leclerc.
Cet amendement a pour objet de revenir à la rédaction initiale du projet de loi, qui prévoyait que le médecin généraliste de premier recours devait « s’assurer que la coordination des soins nécessaire à ses patients est effective ». Il conviendrait que la rédaction n’en exclue pas les autres professionnels de santé choisis par le patient, avec l’accord du médecin généraliste de premier recours.
L'amendement n° 363, présenté par M. Juilhard, est ainsi libellé :
Au quatrième alinéa (3°) du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, remplacer le mot :
Assurer
par les mots :
S'assurer de
Cet amendement n’est pas soutenu.
Il s’agit donc de l’amendement n° 363 rectifié.
La parole est à M. le rapporteur, pour le défendre et pour donner l’avis de la commission sur l’amendement n° 198.
L’amendement n° 363 rectifié permettra de distinguer le rôle du médecin généraliste de premier recours de celui du médecin traitant, dans les cas où il ne s’agit pas de la même personne.
S’agissant de l’amendement n° 198, qui n’aurait plus d’objet si l’amendement n° 363 rectifié était adopté, la commission en demande le retrait.
Le Gouvernement est favorable aux deux amendements. Néanmoins, l’amendement n° 363 rectifié lui paraît un tout petit peu mieux rédigé… (Sourires.)
Je prie M. Dominique Leclerc de m’en excuser, et j’essaie d’être le plus diplomate possible ! (Sourires.)
Nouveaux sourires.
L'amendement est adopté.
L'amendement n° 707, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Dans le 4° du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, remplacer le mot :
application
par le mot :
adaptation
La parole est à M. Claude Bérit-Débat.
Cet amendement vise à souligner l’importance d’adapter les protocoles et non de les appliquer à la lettre. Le rôle du médecin généraliste est bien de suivre les protocoles mais en les adaptant à la situation de chaque malade, les pathologies étant non pas standardisées mais différentes selon les individus.
Il s’agit ici de faire confiance à l’intelligence des médecins. Le malade, quand il s’adresse à un médecin, a le droit d’être assuré qu’il trouvera en ce dernier quelqu’un qui va l’écouter et le secourir, sans autre préoccupation que de lui rendre les services qu’il peut lui apporter. L’indépendance professionnelle fonde la confiance du patient. Son corollaire est la responsabilité personnelle du médecin.
Indépendance, confiance, responsabilité constituent les éléments essentiels du contrat tacite qui lie le malade et son médecin. Le contrat ne serait pas loyal si le médecin se disposait à agir sous d’autres influences que l’intérêt du malade. Cette indépendance constitue ainsi un droit du malade.
L’indépendance du médecin, bien qu’admise et confirmée dans son principe, reste toujours menacée dans ses applications. Si elle constitue certes un élément fondamental de la morale médicale, et donc l’un des piliers de la déontologie, ainsi qu’une condition psychologique indispensable à la confiance des patients, la recherche de l’intérêt de ces derniers peut néanmoins se trouver limitée par les contraintes économiques ou juridiques.
Il convient ici de faire en sorte de ne pas copier le modèle américain. Là-bas, les médecins doivent composer avec des protocoles extrêmement stricts qui entravent très largement leur capacité à soigner en toute quiétude les patients. Nous demandons ainsi de respecter l’indépendance des médecins, en leur permettant d’administrer avec bienséance les protocoles de soins vis-à-vis des malades. C’est pourquoi nous vous proposons de remplacer le mot « application » par le mot « adaptation ».
La commission émet un avis défavorable, parce que l’application se fait au travers de l’adaptation d’un protocole général. Il ne faut pas donner à penser que l’on peut se dispenser de tout ou partie des bonnes pratiques.
Pour des raisons similaires, je préfère le terme « application » au terme « adaptation », qui mettrait gravement en danger la notion de protocole.
L'amendement n'est pas adopté.
L'amendement n° 1225, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Au début du 5° du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, remplacer le mot :
Assurer
par les mots :
S'assurer de
La parole est à Mme la ministre.
La commission émet un avis favorable sur cet amendement de coordination, qui vise à remplacer « assurer » par « s’assurer », comme cela a été fait au 3° du texte proposé pour le même article du code de la santé publique.
L'amendement est adopté.
L'amendement n° 216, présenté par Mme Dini, M. Vanlerenberghe, Mme Payet, M. J. Boyer et les membres du groupe Union centriste, est ainsi libellé :
Compléter le dernier alinéa (8°) du texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique par les mots :
, en particulier dans le cadre des structures visées à l'article L. 6323-3
La parole est à M. Jean Boyer.
Cet amendement tend à faire des maisons de santé de véritables terrains de formation des stagiaires de deuxième et de troisième cycle d’études médicales en médecine générale.
Ces structures sont plébiscitées par les médecins en exercice et par les étudiants en médecine. Elles présentent un double avantage : celui d’améliorer simultanément la productivité et les conditions de travail. En effet, le regroupement des professionnels médicaux et paramédicaux sur un même site d’exercice permettra la prise en charge d’une demande de soins primaires en augmentation.
En termes de conditions de travail, les médecins récemment installés y voient notamment la possibilité de mieux répartir entre les membres du regroupement les contraintes liées à la continuité et à la permanence des soins, et de relever les nouveaux défisen termes de coordination des soins. Les médecins installés depuis plus longtemps y voient une occasion de trouver des remplaçants à terme, et par là même d’envisager une cessation progressive d’activité.
Le regroupement des médecins au sein des maisons de santé répond également aux évolutions sociologiques des professionnels de santé. Concilier la vie familiale et la vie professionnelle constitue une nouvelle exigence des jeunes médecins des deux sexes, qui les conduit à appréhender différemment leurs exercices professionnels et le mode d’organisation. Les maisons de santé pluridisciplinaires doivent devenir une réalité, en priorité dans les zones sous dotées médicalement.
Assurer des stages pour les étudiants de deuxième et de troisième cycle d’études médicales auprès des médecins généralistes exerçant au sein des maisons de santé permettra sans conteste l’amélioration de l’attractivité de la médecine générale de premier recours.
Nous avons déjà eu cette discussion en commission. L’avis de cette dernière est défavorable, et ce pour une raison toute simple, mon cher collègue : c’est le médecin qui accueille le stagiaire et non pas la structure. On ne peut pas demander à une structure d’accueillir un stagiaire. C’est au médecin qui y travaille qu’il incombe de le faire.
Je souscris à l’argumentation de M. le rapporteur. J’ajouterai même que, si l’on souhaite privilégier les lieux de santé pluridisciplinaires, les centres et pôles de santé me paraissent également des lieux de stage idéaux. Parmi ces structures plurielles, je ne souhaite pas privilégier l’une par rapport à l’autre. Je préfère donc que l’on s’en tienne à la première rédaction.
Monsieur le président, l’explication est assez subtile, mais elle est concrète et réaliste. Par conséquent, je retire mon amendement.
L'amendement n° 216 est retiré.
L'amendement n° 708, présenté par MM. Desessard, Rebsamen, Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mmes Demontès et Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, M. Mirassou, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Après le texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Le médecin généraliste de premier recours peut également participer à la permanence et à la coordination des soins par :
« 1° Des consultations délocalisées en maison médicale ou en maison de santé, dont l'implantation doit s'appuyer sur les établissements de santé publics de proximité, lorsqu'ils existent, et en concertation avec les collectivités locales concernées ;
« 2° Des consultations dans le cadre d'une hospitalisation à domicile ;
« 3° Des consultations en cabinet partagé avec d'autres professionnels de santé, notamment des médecins spécialistes. »
La parole est à M. Jean Desessard.
Cet amendement rejoint celui que vient de défendre Jean Boyer. Nous souhaitons en effet que les médecins puissent travailler en commun, afin de pouvoir à la fois répondre à la demande et disposer de perspectives d’épanouissement, en termes de vie familiale, de loisirs, etc.
L’article 14 présente les missions et le rôle des médecins généralistes de premier recours, dont le rôle est fondamental dans l’aménagement sanitaire du territoire régional. Après leur avoir accordé la reconnaissance, grâce au présent article et au suivant, de leur spécialité, il importe d’institutionnaliser les moyens dont ils doivent pouvoir bénéficier pour exercer leur mission.
Si l’objectif est de faire de la médecine générale la pierre angulaire du système de santé – personne ne le conteste, je crois –, il importe de préciser les moyens qui permettront de lutter contre le problème crucial de l’isolement des professionnels de santé, par le biais d’incitations à l’implantation ou au maintien des professionnels en zones sous-dotées, rurales en particulier.
La lutte contre l’isolement des professionnels de santé est donc l’objectif principal de la création des maisons médicales ou maisons de santé, ainsi que des autres structures évoquées par Mme la ministre. Les hôpitaux locaux pourraient constituer des lieux supports de tels projets.
Il faut prendre des mesures favorisant l’attractivité de la médecine générale de premier recours et visant à rompre l’isolement des médecins tout en limitant la charge des contraintes, c’est-à-dire des gardes et des congés. Il faut enfin favoriser une prise en charge coordonnée des patients entre professionnels.
Cet amendement tend à prévoir que le médecin généraliste de premier recours peut participer à un exercice coordonné de soins.
La précision est apparue inutile à la commission. Les collaborations sont déjà prévues au 4° de l’article L. 1411-11 du code de la santé publique pour l’exercice des soins de premier recours, et les consultations dans le cadre de l’hospitalisation à domicile sont incluses dans le 7° de l’article L. 4130-1.
Mieux vaut ne pas prendre le risque de se lancer dans des énumérations forcément incomplètes.
La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
Monsieur Desessard, j’approuve votre objectif, mais vous avez déjà largement satisfaction grâce à certaines dispositions du texte. Nous en avons d’ailleurs parlé à l’instant.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement, non pour des raisons de fond, puisqu’il partage votre volonté, mais parce que votre démarche est inutile, la réponse à vos préoccupations se trouvant dans le texte.
L'amendement n'est pas adopté.
L'amendement n° 709, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Après le texte proposé par le IV de cet article pour l'article L. 4130-1 du code de la santé publique, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - L'infirmière de premier recours exerce sur prescription ou conseil médical, ou en application du rôle propre qui lui est dévolu. Ses missions sont les suivantes :
« 1° Contribuer à l'offre de soins ambulatoire en assurant, pour ses patients, les soins infirmiers, la prévention, l'information, le dépistage, la mise en œuvre des traitements et le suivi de pathologie ainsi que l'éducation pour la santé et à l'action thérapeutique, en coopération avec le médecin généraliste de premier recours et les autres professionnels de santé. Cette mission peut s'exercer dans les établissements de santé ou médico-sociaux et dans les cabinets libéraux ;
« 2° Contribuer à l'information et à l'orientation des patients, selon l'évaluation de leur situation clinique et de leurs besoins, dans le système de soins et le secteur médico-social ;
« 3° Évaluer la situation clinique des patients et identifier leurs besoins en soins médicaux et médico-sociaux ;
« 4° Participer de façon effective à la coordination des soins nécessaires à ses patients ;
« 5° Participer à l'application individualisée des protocoles et recommandations pour les affections nécessitant des soins prolongés et contribuer au suivi des maladies chroniques, en coopération avec les autres professionnels qui participent à la prise en charge du patient ;
« 6° Assurer la transmission et la traçabilité des informations relatives au suivi des patients en collaboration avec les différents professionnels de santé ;
« 7° Contribuer aux actions de prévention, de dépistage et d'éducation thérapeutique ;
« 8° Assurer la continuité des soins. »
La parole est à M. Bernard Cazeau.
Cet amendement prolonge l’amendement n° 702.
Les États généraux de l’organisation de la santé ont montré la volonté de développer de nouvelles formes de coopération entre les professionnels de santé. Il nous semble donc aujourd’hui important d’asseoir et de valoriser la profession d’infirmier.
Il existe également une volonté d’accélérer le rythme des délégations de tâches pour augmenter l’attractivité des professions paramédicales et de recentrer tous les professionnels de santé sur le cœur de métier.
Chacun reconnaît l’existence d’un problème de démographie médicale. Il est important de créer un vrai binôme médecin-infirmier – sans pour autant adopter nécessairement ce qui se fait en Suède, où l’on rencontre d’ailleurs plutôt le binôme infirmier-médecin, la démarche est intéressante et il faut progresser dans cette voie –, afin de faire exister le socle des soins de premier recours, de faire face au raccourcissement des durées de séjour à l’hôpital et de permettre un meilleur suivi des pathologies chroniques.
Cet amendement tend à définir le cadre des missions de soins de premier recours pour les infirmiers libéraux en complément de ce qui est prévu dans le projet de loi pour le médecin généraliste. L’enjeu est bien de définir une offre de soins ambulatoires de premier recours organisée.
Madame la ministre, dans le cadre des coopérations organisées par les agences régionales de santé, l’offre de soins pourra se faire en collaboration étroite avec les établissements de santé sociaux, médico-sociaux, les réseaux de santé et autres groupements professionnels de santé. Dans tous ces lieux, les infirmiers participent à l’offre de soins et exercent avec dévouement et compétence leur métier.
Voilà pourquoi il nous semble important d’ajouter ces éléments à cet article 14.
Cet amendement tend à définir ce qu’est l’infirmier de premier recours. Il est évident que l’ensemble des professionnels de santé, y compris les infirmiers, participent au premier recours : il est impossible de décliner pour chacune des professions médicales des missions calquées sur celles des médecins généralistes.
La commission émet donc un avis défavorable, sans remettre en cause ni la qualité du travail ni le dévouement de chacun des professionnels de santé sur le territoire national.
L'amendement n'est pas adopté.
L'amendement n° 1227, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Supprimer le V de cet article.
La parole est à Mme la ministre.
Cet amendement tend à supprimer le V de l’article 14.
L’article 14 a deux volets : l’accès direct à certaines spécialités et le principe du médecin traitant. Je reviendrai sur chacun d’eux.
Je tiens à réaffirmer avec force mon attachement à l’accès direct à certaines spécialités médicales – la gynécologie médicale, la gynécologie obstétrique, l’ophtalmologie, la psychiatrie, la neuropsychiatrie –, accès direct déjà parfaitement défini par voie réglementaire.
Inscrire dans la loi ces dispositions, déjà parfaitement garanties par décret – il n’y a aucun doute à avoir sur ce point –, retirerait beaucoup de souplesse au dispositif et ne lui apporterait aucune plus-value. C’est la raison pour laquelle, soucieuse de respecter la bonne hiérarchie des normes, je souhaite ramener ces dispositions au niveau qui est le leur, c’est-à-dire le plan réglementaire.
Le second volet est peut-être plus important encore : il s’agit du médecin traitant, pivot du système de soins.
La mise en place du parcours de soins coordonné a permis des améliorations majeures en termes de coordination des soins. Je ne souhaite évidemment pas rendre le choix du médecin traitant obligatoire pour tous nos concitoyens. Je tiens d’ailleurs à préciser que ce que j’ai entendu dire en commission, à savoir que les malades n’ayant pas de médecin traitant ne sont pas remboursés, est totalement inexact.
Ils sont remboursés, certes pas autant que s’ils avaient un médecin traitant, mais ils le sont bel et bien. Il est faux d’avancer qu’un patient n’ayant pas de médecin traitant ne serait pas remboursé de ses soins par l’assurance maladie.
Mais les assurés sociaux ne doivent pas être incités à se situer hors du parcours de soins en étant exemptés de la majoration du ticket modérateur s’ils n’ont pas choisi de médecin traitant.
Je le répète, s’ils n’ont pas choisi de médecin traitant, ils sont redevables d’une majoration du ticket modérateur.
Étant donné les conséquences positives sur la santé publique du parcours de soins coordonné, le Gouvernement a voulu cette incitation forte à la déclaration d’un médecin traitant. J’aurais pu, d’ailleurs, invoquer l’article 40 de la Constitution…
…et, certes, il n’y aurait alors eu aucun problème ; mais j’ai souhaité que le débat aille jusqu’à son terme en commission et dans cet hémicycle, afin de vous convaincre, mesdames, messieurs les sénateurs, de la nécessité d’inciter nos concitoyens à désigner un médecin traitant et à suivre un parcours de soins parfaitement coordonné, sans, bien entendu, leur retirer la liberté de ne pas choisir ce médecin traitant, moyennant une majoration de leur ticket modérateur.
Madame la ministre, avec ce texte tendant à supprimer le V de l’article 14, vous revenez sur un amendement adopté par la commission à la suite d’un débat que nous avions eu ensemble quant à l’application du ticket modérateur par les caisses en cas de consultation d’un spécialiste en accès direct sans désignation préalable d’un médecin traitant.
Nous avions compris que, pour le Gouvernement, les patients devaient être remboursés intégralement même s’ils n’avaient pas désigné de médecin traitant.
L’obligation de désigner un médecin traitant pour avoir droit au remboursement était considérée par certains de nos collègues comme une contrainte supplémentaire imposée à l’UNCAM, même si elle peut se déduire de l’article D. 162-1-7 du code de la sécurité sociale. La commission souhaitait donc obtenir des explications : vous venez de nous les donner. Forte de ces explications, elle s’en remet à la sagesse du Sénat.
Madame la ministre, le problème soulevé en commission des affaires sociales est le suivant : depuis la création du parcours de soins, il est apparu, à la lecture des textes, qu’il était possible de consulter un gynécologue, un gynécologue obstétricien, un ophtalmologiste, un psychiatre ou encore un neuropsychiatre sans passer par le médecin traitant et d’être remboursé normalement en fonction du ticket modérateur prévu par les caisses d’assurance maladie.
Or, nous nous sommes rendu compte, les uns et les autres, que la loi était appliquée de telle façon que, si le patient n’avait pas officiellement déclaré à sa caisse d’assurance maladie un médecin traitant – bien que, avant de se rendre chez de tels spécialistes, point ne soit besoin de consulter le médecin traitant ! –, ladite caisse majorait le ticket modérateur.
Ce n’est pas normal ! En effet, ce n’est pas du tout ce que nous avions voté à l’époque, …
… et ce n’est pas du tout ainsi que, selon ce que nous avions compris, cette loi devait s’appliquer.
Nous sommes tout à fait d’accord pour que le parcours de soins soit la base de la démarche générale, mais, aux termes de la loi, avant d’aller chez un gynécologue, un ophtalmologiste ou un psychiatre, notamment, il n’est nul besoin de consulter le médecin traitant et, par conséquent, de le désigner officiellement.
Il ne faut pas oublier que, s’agissant de la désignation du médecin traitant, les caisses font signer un engagement écrit.
Voilà pourquoi nous voulions préciser la situation dans la loi.
Les choses sont d’ailleurs allées plus loin : à partir du mois de juillet 2007, si ma mémoire est bonne, date à laquelle il fallait avoir déclaré un médecin traitant, il est devenu impossible pour un jeune médecin de s’installer ou de prendre la suite d’un confrère parti à la retraite s’il y avait eu vacance pendant cinq ou six mois entre ledit départ à la retraite et son installation, et ce faute de patients : ces derniers avaient en effet déjà déclaré un médecin traitant !
Il a fallu, madame la ministre, que votre prédécesseur, une fois averti, décide un moratoire de cinq ans applicable dans de tels cas. Je peux d’ailleurs vous assurer que les caisses n’ont jamais fait de publicité sur l’existence de ce moratoire !
Mme la ministre sourit.
Je me dois d’apporter un certain nombre de précisions.
Le Gouvernement a résolu le cas du jeune médecin qui, désireux de s’installer, se trouve confronté à un phénomène de clientèle captive, grâce à l’instauration d’un moratoire : pendant cinq ans, le système ne s’applique pas, et un patient venant le consulter sera remboursé selon le tarif maximum.
Par ailleurs, il est possible à un patient de changer à tout moment de médecin traitant : il n’est pas ligoté à lui ! Libre à lui de le choisir, puis, éventuellement, d’en changer. Il lui suffit d’en informer sa caisse d’assurance maladie par écrit. C’est tout simple ! À partir du moment où il aura choisi un médecin traitant, libre à lui également de consulter un spécialiste d’accès direct : il sera remboursé au tarif maximum sans la moindre difficulté.
Enfin, en cas de consultation d’un spécialiste d’accès direct sans désignation d’un médecin traitant, le patient se voit appliquer une majoration du ticket modérateur, mais il est remboursé.
Le Gouvernement a estimé utile, pour la santé publique, d’instaurer un mécanisme d’incitation financière. Cependant, il est aisé de se libérer de cette majoration du ticket modérateur en choisissant un médecin traitant, ce qui est extrêmement facile et ne contrevient aucunement au mécanisme de libre choix du médecin.
Je vous le concède, monsieur le vice-président de la commission, les organismes de sécurité sociale n’ont peut-être pas fait toute la publicité nécessaire ! J’aurai l’occasion de le leur rappeler, afin que les assurés sociaux soient désormais informés de leurs droits le mieux possible.
Madame la ministre, vous avez décrit exactement la situation. Nous sommes bien d’accord.
Il n’en demeure pas moins que, même pour consulter les spécialistes que nous avons évoqués et qui sont d’accès libre, il faut, pour être remboursé au maximum, avoir désigné officiellement un médecin traitant. Ce sont les caisses d’assurance maladie qui ont interprété la loi ainsi.
S’il est admis qu’il est possible de consulter librement tel ou tel spécialiste d’accès direct, je ne vois pas pourquoi il faudrait obligatoirement désigner à sa caisse d’assurance maladie un médecin traitant pour être remboursé au maximum. C’est là que les choses ne vont pas !
La question peut, surtout au bout de quelques années de fonctionnement du principe du médecin traitant, paraître quelque peu superflue. Toutefois, cela montre malgré tout que, régulièrement, de mauvaises interprétations sont faites de la loi que nous, représentants de la population, avons élaborée.
Certes, madame la ministre, cela fait maintenant plusieurs années que le parcours de soins coordonné a été mis en place, et une grande majorité de nos concitoyens a désormais déclaré un médecin traitant. Mais votre proposition est quelque peu contradictoire avec la possibilité d’accès direct à certains spécialistes qui a été prévue.
Madame la ministre, mon collègue Gérard Dériot l’a bien montré, le problème est réel. L’objet de l’amendement précise que l’accès direct à certains spécialistes reste possible « dans des conditions fixées par voie réglementaire ». En adoptant cet amendement, nous risquons de créer des complexités technocratiques très difficiles à gérer. Lors d’une consultation, il peut en effet arriver que le spécialiste découvre une pathologie.
Prenons ainsi l’exemple d’une femme qui se rend chez son gynécologue pour une demande de contraception. En l’examinant, celui-ci découvre une petite tumeur du sein, diagnostique un kyste et prescrit une biopsie. Dans ce cas, la caisse d’assurance maladie appliquera-t-elle le taux de remboursement maximum ou minimum ?
Prenons un autre exemple. Dans votre proposition, l’accès direct à un ophtalmologue, sans majoration du ticket modérateur, reste possible à condition que la consultation porte sur la prescription et le renouvellement de verres correcteurs ou sur le dépistage et le suivi d’un glaucome. Toutefois, si une personne qui s’est légèrement blessée à l’œil à la suite d’un petit accident de la vie quotidienne prend directement rendez-vous chez son ophtalmologue, sans passer par son médecin traitant, pour être reçue au plus vite, bénéficiera-t-elle tout de même d’un remboursement maximum ?
Si l’amendement est adopté, c’est par la voie réglementaire que seront définies les pathologies ou les situations particulières rendant possible l’accès direct à des spécialistes. Or un certain nombre de caisses risquent de faire une interprétation rigoureuse des textes et de s’opposer aux remboursements au taux maximum.
Madame la ministre, j’ai reçu à ma permanence plusieurs personnes âgées qui ont déclaré leur médecin traitant en remplissant le formulaire prévu à cet effet. Mais rien n’est précisé, sur ce dernier, quant aux conditions à satisfaire pour changer de médecin traitant. Vous-même avez indiqué tout à l’heure que l’on pouvait en changer autant de fois que l’on voulait. Qu’entendez-vous par là ? Peut-on donc en changer tous les huit jours, tous les quinze jours ?
La plupart des personnes âgées considèrent qu’elles sont pour le restant de leurs jours pieds et poings liés avec leur médecin traitant, car elles s’imaginent qu’elles l’ont désigné une fois pour toutes.
Vos propos, certes extrêmement rassurants, sont tout de même très éloignés de la réalité quotidienne. Sans doute faudrait-il, pour améliorer le fonctionnement du système, que les caisses formulent précisément, en direction notamment des personnes âgées, les différents choix possibles. Celles que j’ai l’occasion de rencontrer me disent les difficultés qu’elles rencontrent, surtout pendant les vacances.
Il y a assurément un effort d’information à faire, peut-être, d’ailleurs, par voie réglementaire. En tout cas, la suppression de ce paragraphe V proposée par le Gouvernement nous pose un véritable problème.
Je remercie mon collègue Gérard Dériot de s’être fait notre porte-parole et d’avoir relayé les inquiétudes relatives aux difficultés d’accès direct aux soins en raison de l’attitude de certaines caisses d’assurance maladie.
Je connais moi aussi des exemples de jeunes filles, d’étudiantes, qui, n’ayant pas de médecin traitant, vont chez leur gynécologue pour se faire prescrire des analyses médicales destinées à vérifier si le moyen de contraception qu’elles utilisent – pilule ou autre – est bien adapté : dans ce cas, elles ne se voient rembourser ni la consultation ni les analyses médicales. En termes de prévention, convenez que c’est loin d’être idéal.
Madame la ministre, il ne s’agit pas de contester vos propos, car je sais bien que vous n’entendez nullement remettre en cause l’accès direct aux ophtalmologues et aux gynécologues, mais je ne vois pas en quoi la rédaction que la commission a élaborée, par un travail en commun, peut vous poser problème.
Bien sûr, la situation aujourd'hui n’a rien à voir avec celle que l’on a connue au début de la mise en place du parcours de soins coordonné. La quasi-totalité des assurés ont désormais déclaré un médecin traitant.
Le nombre de personnes qui ne l’ont pas encore fait est, il est vrai, marginal, et les spécialités dont il est question sont très particulières.
Je le répète, madame la ministre, je ne doute pas de vos bonnes intentions en la matière, mais je reste très méfiante à l’égard d’un certain nombre de caisses, qui, il faut bien le dire, ont fait ce qu’elles voulaient. Ce n’est donc qu’en passant par la loi que l’on pourra faire respecter l’esprit des dispositions votées par le Parlement avant, d’ailleurs, que je ne devienne sénateur.
Madame la ministre, ce sujet du médecin traitant a été largement débattu lors de l'examen, en 2004, du projet de loi sur la réforme de l’assurance maladie, dont j’ai été le rapporteur pour le Sénat. MM. Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand siégeaient alors au banc du Gouvernement.
Nous avions voté à l’époque – je crois m’en souvenir, mais il conviendra de nous référer au compte rendu intégral des débats pour en être sûrs – une exception pour l’accès direct aux professionnels de santé cités dans le texte modifié par la commission et auxquels vous faites vous-même référence dans l’objet de votre amendement. Il n’avait donc pas été prévu, me semble-t-il, d’imposer aux assurés se rendant, par exemple, chez un gynécologue, d’avoir, au préalable, choisi leur médecin traitant.
Madame la ministre, vous nous proposez de renvoyer à des conditions fixées par la voie réglementaire les modalités d’accès direct à des spécialistes, dans la limite de certains soins, de certaines pathologies ou de certains actes. Avouez tout de même que ce qui est concevable pour vous, pour vos collaborateurs et pour vos services le sera beaucoup moins, au quotidien, pour les usagers du système de santé.
Une femme qui se rendra chez son gynécologue devra ainsi savoir à l’avance si l’objet de sa visite concerne la contraception, le suivi de grossesse, l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse ou les dépistages périodiques. Pour les trois premiers cas, cela ne lui posera pas de difficultés particulières. Mais, pour le dernier, j’imagine qu’elle ne peut pas forcément deviner dès le départ ce que le médecin décidera et quel sera son diagnostic. Elle risque donc de s’entendre dire par son gynécologue à l’issue de la consultation qu’elle entre dans l’une des catégories pour lesquelles la déclaration préalable d’un médecin traitant est obligatoire, faute de quoi le coût du ticket modérateur ne sera pas pris en charge.
D’ailleurs, ce qui est vrai pour la gynécologie l’est aussi pour l’ophtalmologie. La problématique est différente pour la psychiatrie et la neuropsychiatrie, car les conditions fixées portent non pas sur la nature de la pathologie, mais sur l’âge du patient.
Madame la ministre, la précision introduite par la commission à la fin de l'article 14 permet, au moins dans un premier temps, de régler cette question. Il me paraît donc à la fois plus sage et plus simple d’en rester là plutôt que d’adopter votre amendement qui risque de maintenir une certaine complexité dans l’application du dispositif. Disant cela, je ne remets aucunement en cause le parcours de soins coordonnés, que nous avons souhaité et que nous soutenons, car il s’agit d’une bonne formule.
Peut-être le Gouvernement craint-il que, en maintenant la rédaction actuelle, un signal négatif ne soit lancé en direction des usagers, qui pourraient se croire affranchis du choix d’un médecin traitant. L’exercice est certes difficile, mais comprenez, madame la ministre, qu’il est loin d’être évident, pour un assuré allant consulter l’un des spécialistes concernés, de connaître les dispositions réglementaires conditionnant le remboursement du ticket modérateur à la déclaration préalable d’un médecin traitant.
M. le rapporteur, partageant sans doute ce point de vue, a émis un avis de sagesse sur l’amendement du Gouvernement. Je le répète, il serait plus sage, au moins dans un premier temps, d’en rester à la rédaction de la commission.
Le nouveau paragraphe V de l’article 14, qui a fait l’objet d’une élaboration commune en commission dans des conditions très démocratiques, me satisfaisait pleinement. Nous avons en effet au moins eu le mérite de la clarté, en appelant un chat un chat, en mentionnant les spécialités pour lesquelles l’accès direct est possible « sans prescription de son médecin traitant ou sans avoir choisi un médecin traitant ».
Je souscris aux propos de mon collègue Gérard Dériot : à l’évidence, nombre de caisses ne remboursent pas ces consultations au taux auquel elles auraient dû l’être, au motif qu’aucun médecin traitant n’est déclaré.
Ce paragraphe V présente un autre intérêt, en permettant de faire la distinction entre les spécialités auxquelles il est fait référence et les autres. Actuellement, la situation n’est pas homogène sur tout le territoire. J’ai moi-même pu le constater, on peut se faire rembourser au taux normal une consultation chez un spécialiste, alors même que la réglementation n’ouvre pas d’accès direct à cette spécialité et que l’on n’est pas passé au préalable par son médecin traitant : il suffit, pour cela, de mentionner le nom de ce dernier. Autrement dit, la législation, dans ce domaine, n’est pas convenablement appliquée.
Pour toutes ces raisons, le paragraphe V doit être maintenu. Le groupe CRC-SPG ne votera donc pas l’amendement du Gouvernement et souhaite même son retrait.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je souhaite apporter un certain nombre de précisions.
Monsieur Vasselle, les dispositions contenues dans la loi de 2004 et dans le décret d’application de novembre 2005 relatives à la définition des spécialités d’accès direct et des prescriptions remboursées n’ont pas été modifiées.
Avec l’amendement du Gouvernement, rien n’est changé. Il s’agit simplement d’une question d’ordre juridique : je souhaite que la hiérarchie des normes puisse être respectée et que de telles modalités soient définies au niveau réglementaire et non législatif. Mais, dans le contenu, j’insiste, rien n’est changé.
Vous trouverez d’ailleurs dans le code de la santé publique, que vous avez sous les yeux, la disposition législative et le décret d’application visés. Je peux même vous transmettre sur-le-champ la photocopie de ce dernier.
Mesdames, messieurs les sénateurs, soyez rassurés : le Gouvernement n’a pas l’intention de limiter en quoi que ce soit l’accès direct à ces spécialistes.
Par ailleurs, c’est peut-être une lacune de la loi, mais c’est ainsi : on peut changer tous les jours, voire deux fois par jour, de médecin traitant ! Il n’y a aucune limitation !
La question m’a été posée ! Je le redis : il n’y a pas de délai ; on peut changer tous les jours de médecin traitant !
En outre, en cas d’urgence, on peut s’exonérer de la procédure du médecin traitant : il suffit que le médecin le signale aux caisses. Ce dispositif fonctionne très bien.
Certains d’entre vous ont évoqué le cas d’une jeune fille se rendant chez son gynécologue sans avoir de médecin traitant. Je rappelle que la déclaration d’un médecin traitant ne s’impose en fait qu’à partir de seize ans.
Mais si la jeune fille a au moins seize ans, il est très simple pour ce gynécologue de lui demander si elle a un médecin traitant et, en cas de réponse négative, de lui proposer de le devenir afin qu’elle soit pleinement remboursée par la sécurité sociale. Il est en effet tout à fait possible pour un gynécologue d’être médecin traitant.
Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.
Le médecin traitant n’est pas obligatoirement un médecin généraliste !
Comme vous le voyez, il n’est vraiment pas difficile de trouver un médecin traitant !
C’est une information ! Mais je n’ai pas terminé ma démonstration, monsieur Barbier : ce gynécologue peut aussi lui demander si elle préfère qu’un autre médecin, par exemple celui de ses parents, devienne son médecin traitant.
Pour résumer, pour ce qui concerne les spécialités d’accès direct, il n’y pas de changement : c’est simplement la hiérarchie des normes qui s’applique.
S’agissant du parcours de soins et de la notion de médecin traitant, je ne dis pas que ce dispositif ne pose aucun problème. Mais il faut l’analyser en considérant, d’une part, les bénéfices et, d’autre part, les désavantages.
Monsieur Autain, vous qui avez plaidé en faveur de la procédure du médecin référent, ...
... et qui avez considéré que le médecin traitant était une version light du médecin référent, ...
... vous ne pouvez pas ne pas admettre que la procédure du médecin traitant représente un gain pour la santé publique ! Modifier ce dispositif en faisant figurer explicitement dans la loi l’accès direct à certaines spécialités, ce serait dommageable pour les patients, alors même qu’ils ont enfin l’occasion de prendre conscience de l’intérêt, pour leur santé, du choix d’un médecin traitant. C’est la raison pour laquelle je vous ai proposé cet amendement.
Dans la pratique, les médecins traitants sont presque toujours des généralistes. J’aimerais savoir en quoi cela vous dérange, madame la ministre, de faire figurer dans la loi la disposition prévue par le V de l’article 14. Je ne comprends pas, objectivement, où est le problème. Pourquoi cela vous gêne-t-il autant ?
Vous nous dites que les jeunes filles peuvent désigner, à l’occasion d’une consultation, un gynécologue comme médecin traitant. Mais, dans la plupart des cas, lorsqu’elles viennent en consultation, elles ne le savent pas ! Il faudrait diffuser cette information, non pas vers ces jeunes filles, mais plutôt vers les caisses d’assurance maladie.
Cela ne me dérange pas ! Je trouve simplement que la procédure règlementaire est plus adaptée pour définir les modalités d’accès aux médecins spécialistes. Si l’on choisit le niveau législatif, à chaque fois que l’on voudra ajouter des actes, modifier la moindre chose, affiner les modalités d’accès aux spécialistes, il faudra trouver un nouveau véhicule législatif. Or ce dispositif doit pouvoir être piloté de façon souple.
Imaginez que l’on décide, pour des raisons de santé publique, d’ajouter un type d’acte : il faudra trouver un véhicule législatif qui permette de faire cet ajout. Si nous en restons au niveau réglementaire, ce que je souhaite, nous n’aurons pas besoin de procéder ainsi ! C’est la raison pour laquelle je souhaite la suppression du V de cet article.
Mme la ministre défend son projet de loi avec beaucoup de force et fait preuve d’une grande motivation, ce qui rend nos débats très intéressants. Mais j’ai peur qu’en l’occurrence elle ne se soit laissée emporter.
Elle invoque ainsi la possibilité de changer de médecin traitant au fur et à mesure des consultations : le gynécologue peut devenir médecin traitant, l’ophtalmologue également, etc. C’est le parcours du médecin traitant ! Cette conception quelque peu bizarre paraît contraire à l’idée du parcours de soins et du professionnel de santé de « référence » – même si ce mot n’a pas été retenu ! – qui assure le suivi médical de l’ensemble.
En outre, l’argument selon lequel on peut faire des économies et être mieux remboursé en changeant de médecin à chaque consultation me semble manquer de rigueur.
Il suffit de le dire ! C’est d’ailleurs le sens du texte de la commission. À partir de là, on est dans la réglementation générale.
Bien sûr ! Quant à la désignation de ces spécialistes, elle n’était pas nécessaire puisqu’elle figure déjà dans le code.
Voilà ce que je propose.
On peut aussi ne pas indiquer cette précision. Mais je vous avertis qu’alors nous allons redémarrer à zéro !
Comme l’a dit François Autain, nous sommes très attachés à la rédaction de la commission.
C’est en contradiction avec tous les principes auxquels vous croyez !
Je veux bien donner des instructions aux caisses pour préciser qu’il n’est pas nécessaire d’avoir désigné un médecin traitant avant la première visite chez un spécialiste d’accès direct.
Lors de cette visite, ce spécialiste, par exemple un ophtalmologiste, doit demander au patient s’il a un médecin traitant et, en cas de réponse négative, l’inciter à en choisir un. Le professionnel de santé doit faire ce travail d’incitation.
Le médecin traitant est, je vous le rappelle, une disposition fondamentale qui fait l’objet d’un consensus entre nous ! Cette première visite chez un spécialiste d’accès direct est donc une occasion formidable pour promouvoir la politique du médecin traitant, et ce serait extrêmement dommage de ne pas en profiter.
Pour répondre à la sollicitation de Gérard Dériot, j’accepte donc de rappeler aux caisses qu’il n’est pas nécessaire d’avoir désigné un médecin traitant avant la première visite chez un spécialiste d’accès direct, étant entendu que la désignation doit se faire alors à l’occasion de cette première visite.
L’amendement n’est pas adopté.
L’amendement n° 710, présenté par MM. Mirassou et Patriat, Mme Schillinger, MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Rebsamen, Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
... - Au début du titre IV du livre Ier de la quatrième partie du même code, il est inséré un chapitre préliminaire ainsi rédigé :
« Chapitre préliminaire
« Chirurgien-dentiste de premier recours
« Art L. 4140-1. - Les missions du chirurgien-dentiste de premier recours sont notamment les suivantes :
« 1° Contribuer à l'offre de soins ambulatoires, en assurant pour ses patients la prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des maladies ainsi que l'éducation pour la santé. Cette mission peut s'exercer dans les établissements de santé ou médicaux-sociaux ;
« 2° Orienter ses patients, selon leurs besoins, dans le système de soins et le secteur médico-social ;
« 3° Assurer la coordination des soins nécessaires à ses patients ;
« 4° Veiller à l'application individualisée des protocoles et recommandations pour les affections nécessitant des soins prolongés et contribuer au suivi des maladies chroniques, en coopération avec les autres professionnels qui participent à la prise en charge du patient ;
« 5° Assurer la synthèse des informations transmises par les différents professionnels de santé ;
« 6° Contribuer aux actions de prévention et de dépistage ;
« 7° Participer à la permanence des soins dans les conditions fixées à l'article L. 6314-1 ;
« 8° Contribuer à l'accueil et à la formation des stagiaires de deuxième et troisième cycles d'études médicales. »
La parole est à M. Bernard Cazeau.
Il est nécessaire que les chirurgiens-dentistes tiennent toute leur place en tant que professionnels de santé de premier recours, et cela au même titre que les médecins ou les pharmaciens.
Et voilà la liste ! Après le médecin généraliste de premier recours et l’infirmier de premier recours, voici les chirurgiens-dentistes de premier recours ! Et si l’on se réfère au débat que nous venons d’avoir, ne devraient guère tarder les gynécologues de premier recours, les ophtalmologues de premier recours, les psychiatres de premier recours, etc. La commission émet un avis défavorable.
L’amendement n’est pas adopté.
La parole est à M. Alain Vasselle, pour explication de vote sur l’article.
Je voudrais revenir sur un point soulevé à l’occasion d’une question d’actualité posée à Mme la ministre, s’agissant des médecins généralistes, médecins de premier recours.
Une réforme remontant aux années quatre-vingt a créé la spécialité de médecine générale, qui devait permettre aux médecins généralistes de bénéficier d’honoraires de base équivalant à ceux des médecins spécialistes. Or cette mesure n’a jamais été appliquée : il y a eu un blocage, dont on ne sait s’il était dû aux négociations conventionnelles, ou à d’autres motifs. J’ai cru comprendre, à la suite de contacts que j’avais eus avec des responsables de la Caisse nationale d’assurance maladie, qu’ils attendaient que le Gouvernement prenne une initiative en vue d’aligner la rémunération des généralistes sur celle des spécialistes.
La France souffre d’un manque de médecins généralistes. Par conséquent, si vous voulez encourager les vocations de médecins généralistes, il faut absolument prendre des mesures pour que cette spécialité soit reconnue en tant que telle. Si nous ne mettons pas tout en œuvre pour permettre à des jeunes d’accéder à cette spécialité et aux avantages y afférents, la situation ne pourra pas s’améliorer.
J’aimerais donc que le Gouvernement nous dise où nous en sommes à cet égard. J’espère que nous ne serons pas obligés d’attendre de nouvelles décisions de justice, comme celle de Grenoble.
Mme la ministre, dans sa réponse à la question d’actualité que je lui avais posée, avait estimé que la décision de Grenoble n’avait pas vocation à être étendue à l’ensemble du territoire. Malgré tout, ce problème reste pendant, et il faudra bien, un jour ou l’autre, qu’une solution y soit apportée.
Je veux bien redonner à M. Alain Vasselle les informations dont je lui avais fait part.
La définition d’une spécialité est une reconnaissance de qualification ; elle n’entraîne pas une obligation conventionnelle d’augmentation de la rémunération.
S’agissant du C à 23 euros, j’avais indiqué que la décision du tribunal de Grenoble valait seulement pour la personne qui avait esté en justice et non de façon générale. Si un médecin applique la majoration à 23 euros alors qu’elle ne ressort pas de l’accord conventionnel, il expose son patient à ne pas être remboursé non seulement de l’euro supplémentaire que coûte la consultation, mais également de la totalité de cette consultation, cette demande de remboursement n’étant pas fondée en droit.
J’avais également indiqué que l’augmentation du C à 23 euros avait été provisionnée dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2009. Vous le savez d’ailleurs mieux que quiconque, monsieur le futur rapporteur général du PLFSS !
Sourires
Dans le cadre de la vie conventionnelle, j’ai également exprimé mon souhait de voir des avancées substantielles réalisées en matière d’accès aux soins, de dépassement d’honoraires et de démographie médicale. Nos compatriotes, confrontés à ces problèmes de démographie médicale et d’accès aux soins, sont, de surcroît, frappés par une crise majeure, qui affecte les ressources de nombreuses familles. Dans ce cadre difficile, comment auraient-ils pu comprendre que la consultation passe à 23 euros, alors que les rémunérations des médecins généralistes ont substantiellement augmenté – un peu plus de 4 % – au cours des cinq dernières années ? Ils l’auraient d’autant moins compris si nous n’avions pas répondu à leurs préoccupations.
J’ai donc indiqué très clairement aux représentants des professions médicales que la balle était dans leur camp, mais que l’argent était dans la loi de financement de la sécurité sociale !
L'article 14 est adopté.
Après le dernier alinéa de l'article L. 1111-2 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Le médecin en charge d'une personne hospitalisée doit s'enquérir auprès d'elle de l'identité des professionnels de santé auxquels elle souhaite que soient transmises les informations utiles à la continuité de sa prise en charge à l'issue de son hospitalisation. »
L'amendement n° 236 rectifié ter, présenté par MM. Vasselle, P. Blanc, Gilles et Gournac, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit cet article :
L'article L. 1111-2 du code de la santé publique est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'établissement de santé recueille auprès du patient hospitalisé les coordonnées des professionnels de santé auprès desquels il souhaite que soient recueillies les informations nécessaires à sa prise en charge durant son séjour et que soient transmises celles utiles à la continuité des soins après sa sortie. À l’issue de son hospitalisation, le médecin qui l'a pris en charge lui remet un document faisant apparaître la synthèse des actes conduits durant son séjour. »
La parole est à M. Alain Vasselle.
La rédaction qui vous est soumise est la quatrième à laquelle nous sommes parvenus après un très large échange sur ce sujet en commission des affaires sociales. Il a fallu arbitrer entre trois ou quatre amendements tendant à aller dans le même sens, dont l’un était présenté par M. le président de la commission des affaires sociales.
L’objet principal de cet amendement est de veiller à permettre aux patients de bénéficier d’une véritable coordination des soins entre les établissements de santé et la médecine de ville.
Pour ce faire, le texte de notre amendement est très clair. Je vous en rappelle les termes : « L’établissement de santé recueille auprès du patient hospitalisé les coordonnées des professionnels de santé auprès desquels il souhaite que soient recueillies les informations nécessaires à sa prise en charge durant son séjour et que soient transmises celles utiles à la continuité des soins après sa sortie. À l’issue de son hospitalisation, le médecin qui l’a pris en charge lui remet un document faisant apparaître la synthèse des actes conduits durant son séjour. »
La boucle est bouclée ! Cette rédaction permet une prise en charge globale du patient et une véritable continuité de la prise en charge de l’établissement vers la ville et vice-versa. Cela répond tout à fait à la préoccupation qui était la nôtre lorsque nous avons voté la réforme de l’assurance maladie. Il est vrai que nous avançons sur ce sujet cahin-caha, avec beaucoup de difficultés. J’espère que cet article 14 bis A permettra de franchir une nouvelle étape dans le sens que nous souhaitons.
Cet amendement vise à compléter l’article 14 bis A, issu d’un amendement du président de la commission des affaires sociales, M. Nicolas About. Il impose de recueillir auprès des professionnels assurant les soins de ville les informations nécessaires aux soins hospitaliers et prévoit la remise d’une feuille de sortie faisant la synthèse des actes conduits.
Cette précision paraît utile à la commission, qui émet donc un avis favorable.
Je comprends que la commission soit d’accord sur le fond ! Cela étant, il est bon de se référer au code de la santé publique : ce dernier autorise les praticiens ayant prescrit l’hospitalisation d’une personne à avoir accès, à la demande de cette dernière, aux informations de santé la concernant.
Je vous rappelle les termes de l’article R.1112-1 du code de la santé publique : « À la fin de chaque séjour hospitalier, copie des informations concernant les éléments utiles à la continuité des soins est remise directement au patient au moment de sa sortie ou, si le patient en fait la demande, au praticien que lui-même ou la personne ayant l’autorité parentale aura désigné dans un délai de huit jours maximum. »
C’est dire, monsieur Vasselle, que le code de la santé publique répond parfaitement à la préoccupation que vous avez exprimée. Je vous demande donc de bien vouloir retirer cet amendement, car la précision me paraît inutile.
Je ne pense pas que cette précision soit si inutile que cela ! Il me semble en effet que cet amendement va un peu plus loin que le texte actuel.
Je ferai référence uniquement à la dernière phrase de l’amendement, qui est la plus significative : « À l’issue de son hospitalisation, le médecin qui l’a pris en charge lui remet » – il s’agit du patient – « un document faisant apparaître la synthèse des actes conduits durant son séjour. »
L’article dont vous nous avez donné lecture conditionne la remise de ces éléments à la demande du patient lui-même : faute de demande de sa part, ces documents ne lui sont pas remis. Il nous paraît souhaitable d’aller plus loin, avec une formulation plus impérative. Le patient prendra la responsabilité de donner ou non ces éléments à son médecin traitant lorsque ce dernier les lui demandera. Mais au moins les aura-t-il en sa possession !
Le passage par une procédure un peu lourde risque de compromettre une véritable effectivité dans la coordination des soins. C’est la raison pour laquelle je souhaite que mon amendement soit mis aux voix et, autant que faire se peut, adopté. S’il y a lieu d’améliorer la rédaction proposée, nous nous y emploierons en commission mixte paritaire avec le Gouvernement. En tout cas, il me semble que notre amendement va plus loin que les textes actuellement en vigueur.
Je souhaite compléter les propos de M. Vasselle en citant des cas concrets et en faisant preuve d’un certain pragmatisme.
C’est souvent le vendredi en fin d’après-midi que les malades sortent de l’hôpital. À peine rentrés chez eux, ils peuvent avoir besoin de soins de suite, subir un accident ou éprouver des malaises, autant de raisons qui nécessitent de consulter un praticien. En l’absence de leur médecin traitant, ils appellent un médecin d’urgence. Il me paraît tout à fait logique que ce dernier puisse obtenir tous les éléments nécessaires pour connaître avec exactitude le diagnostic qui a été fait à l’hôpital et le traitement qui y a été suivi. C’est le pragmatisme qui parle ! Et c’est en son nom que je souhaite le maintien et l’adoption de cet amendement.
Personnellement, je suis réservé sur une rédaction visant à faire remettre à la personne hospitalisée, lors de la sortie de l’établissement, « un document faisant apparaître la synthèse des actes conduits durant son séjour ».
Ce point a fait l’objet d’une longue discussion en commission. On peut parfois s’interroger sur l’opportunité de confier un tel document à des patients dont la connaissance de la maladie peut poser problème. Disant cela, je pense notamment à des résultats d’examens radiologiques ou biologiques. Dans ces cas, une discussion avec le médecin est préférable à la remise des documents entre les mains du patient.
En pratique, c’est non « le médecin qui l’a pris en charge », mais la secrétaire qui va remettre ce dossier au patient. Imaginez que ce dernier découvre, en lisant les documents, qu’il a un cancer ! Jusque-là, personne ne lui avait rien dit !
Il faut agir avec un certain tact. Cela ne peut se faire qu’entre médecins. Tous les patients ne sont pas prêts à accepter tous les diagnostics ! Après une hospitalisation, la majorité d’entre eux demandent à être préparés à l’annonce d’une maladie grave.
Je ne conteste pas, madame la ministre, la clarté de l’écriture du code de la santé publique. Pour autant, je suis fort intéressé par la proposition de M. Vasselle. Les patients qui sortent de l’hôpital sont souvent si désemparés qu’il me paraît indispensable de leur donner tous les éléments propices à la mise en œuvre de la continuité des soins. Tous n’ont pas un environnement familial ou associatif adapté. Certains n’ont même pas compris exactement l’affection dont ils sont atteints. Ils ne savent pas les soins qui leur ont été prodigués. Je pense donc que, pour la sécurité des patients et pour la continuité du traitement, il serait bon de faire plus !
Pour moi, il y a deux types d’information : il y a d’abord l’information que l’établissement de santé délivre aux malades à travers ses professionnels de santé. Et je crois que rien ne remplace le colloque singulier au cours duquel on accompagne le malade avec des termes techniques plus ou moins compris et des annonces parfois douloureuses.
Il y a ensuite l’information que les professionnels de santé délivrent dans le cadre du parcours des soins. Je suis très sensible à la préoccupation de M. Vasselle, mais c’est au niveau opérationnel que je m’interroge : son amendement se situe au moment où le malade, après avoir été pris en charge et soigné, est sur le point de quitter l’établissement de santé. C’est alors qu’on lui remet un document faisant apparaître la synthèse des actes conduits durant son séjour.
En pratique, comment voulez-vous qu’à cet instant précis, au « top départ » du malade, l’établissement soit en mesure de remettre à ce dernier un document faisant la synthèse des actes conduits durant son hospitalisation ?
C’est un travail administratif considérable, qui va demander plusieurs journées d’élaboration !
En effet, il faut que cette synthèse soit à la fois suffisamment explicite pour le professionnel et suffisamment compréhensible pour le malade dont le bagage d’informations se réduit parfois au minimum ! Il ne sera pas facile de trouver le juste milieu ! Votre volonté, cher Alain Vasselle, sera beaucoup mieux respectée lorsque le dossier médical personnel, ou DMP, sera déployé.
Et je m’y emploie, vous le savez ! L’année 2010 va marquer le déploiement du dossier médical personnel, qui permettra de faire le lien entre l’hôpital et la ville.
À partir du moment où le malade retournera chez son médecin généraliste, qu’il autorisera à accéder à ces données, tout cela se fera avec une extrême facilité, beaucoup plus aisément en tout cas que par le truchement de ce document de synthèse qui sera fort difficile à mettre en œuvre !
Après avoir écouté les uns et les autres, il me semble que nous pourrions parvenir à un accord, à la condition que M. Vasselle accepte, en attendant le dossier médical personnel, de retirer la dernière phrase de son amendement : « À l’issue de son hospitalisation, le médecin qui l’a pris en charge lui remet un document faisant apparaître la synthèse des actes conduits durant son séjour. »
Il faut avancer ! Le Gouvernement a bien compris l’esprit dans lequel j’ai déposé cet amendement. Je souhaite que la continuité des soins évoquée par Paul Blanc soit véritablement assurée. Mais j’ai conscience que la mise en application pratique peut poser quelques difficultés.
Je pensais que nous aurions pu adopter l’amendement en l’état, puis régler les choses en commission mixte paritaire. J’ai bien entendu les arguments de Gilbert Barbier, qui les avait exposés en commission, et je ne veux pas allonger les débats.
J’accepte de faire un pas dans la direction de M. le rapporteur et de retirer la dernière phrase de cet amendement, ce qui facilitera son adoption par le Sénat. La navette nous permettra ensuite, le cas échéant, d’améliorer la rédaction et de rapprocher nos positions de celles du Gouvernement, en tenant compte de l’état actuel du droit. En tout état de cause, la mise en œuvre du dossier médical personnel réglera le problème.
Je vous fais confiance a priori, madame la ministre. Mais l’inertie dans le fonctionnement de votre ministère est telle – je ne vous adresse bien sûr aucun reproche à titre personnel – que je me demande parfois si l’on ne vous rendrait pas service en adoptant par voie législative certaines dispositions qui auraient dû être prises par voie réglementaire !
Exclamations ironiques sur les travées du groupe CRC-SPG.
À titre d’exemple, nous attendons depuis 2004 les mesures réglementaires qui permettront, en identifiant les professionnels de santé dans les établissements hospitaliers, d’instaurer une véritable maîtrise médicalisée des prescriptions.
M. Dominique Leclerc acquiesce.
Je suis donc saisi d’un amendement n° 236 rectifié quater, présenté par MM. Vasselle, P. Blanc, Gilles et Gournac, et ainsi libellé :
Rédiger comme suit cet article :
L'article L. 1111-2 du code de la santé publique est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'établissement de santé recueille auprès du patient hospitalisé les coordonnées des professionnels de santé auprès desquels il souhaite que soient recueillies les informations nécessaires à sa prise en charge durant son séjour et que soient transmises celles utiles à la continuité des soins après sa sortie. »
La parole est à M. Bernard Cazeau, pour explication de vote.
M. Bernard Cazeau. Nous venons de discuter pendant une vingtaine de minutes d’un amendement qui ne sert pratiquement à rien…
Rires
Quand un malade sort de l’hôpital, a fortiori le vendredi soir, on lui remet toujours une ordonnance ou un bulletin de liaison qui assure la transmission vers le médecin de garde ou le médecin traitant. Puis, dans les jours qui suivent, ce dernier reçoit le compte rendu détaillé une fois que le praticien hospitalier l’a dicté à sa secrétaire, qui ne travaille généralement que trente-cinq heures par semaine. Dans tous les cas, le projet de loi prévoit déjà l’obligation pour le médecin d’ « assurer la coordination des soins nécessaire à ses patients ».
Au surplus, vous venez de retirer la seule phrase qui avait une certaine force, monsieur Vasselle. Je ne pourrai donc pas voter en faveur de cet amendement tronqué, qui ne résout aucun problème et va à l’encontre des pratiques habituelles.
L'amendement est adopté.
Après le chapitre Ier du titre II du livre II de la quatrième partie du code de la santé publique, il est inséré un chapitre additionnel ainsi rédigé :
« CHAPITRE I ER BIS
« Pharmacien d'officine
« Art. L. 4211-1-1. - Dans les conditions définies par le présent code, les pharmaciens d'officine et mutualistes :
« 1° Contribuent aux soins de premier recours ;
« 2° Participent à la coopération entre professionnels de santé ;
« 3° Participent au service public de la permanence des soins ;
« 4° Concourent aux actions de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé ;
« 5° Peuvent participer aux programmes d'éducation thérapeutique du patient ainsi qu'aux actions définies aux articles L. 1161-1 à L. 1161-5 ;
« 6° Peuvent assurer la fonction de pharmacien référent pour un établissement mentionné au 6° du I de l'article L. 312-1 du code de l'action sociale et des familles ayant souscrit la convention pluriannuelle visée au I de l'article L. 313-12 du même code qui ne dispose pas de pharmacie à usage intérieur ou qui n'est pas membre d'un groupement de coopération sanitaire gérant une pharmacie à usage intérieur ;
« 7° Peuvent dispenser, lorsque la durée de validité d'une ordonnance renouvelable est expirée et en l'absence d'opposition du prescripteur figurant sur l'ordonnance, les médicaments nécessaires à la poursuite du traitement d'une maladie chronique, dans le cadre de la posologie initialement prévue ;
« 8° Peuvent proposer des conseils et prestations destinés à favoriser l'amélioration ou le maintien de l'état de santé des personnes ;
« Les pharmaciens ayant reçu une formation spécifique peuvent délivrer, pour trois mois et sans renouvellement possible, une contraception œstroprogestative aux femmes de moins de trente-cinq ans, dans des conditions définies par voie réglementaire.
« Un décret en Conseil d'État fixe les conditions d'application des 7° et 8°. »
Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 144 rectifié quater, présenté par MM. Leclerc, J. Blanc, de Montgolfier, Dériot, Laménie et Vasselle, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit cet article :
Le chapitre V du titre II du livre Ier de la cinquième partie du code de la santé publique est ainsi modifié :
1° L'intitulé est ainsi rédigé : « Pharmacie d'officine » ;
2° Après l'article L. 5125-1, il est inséré un article L. 5125-1-1A ainsi rédigé :
« Art. L. 5125 -1 -1A. - Dans les conditions définies par le présent code, les pharmaciens d'officine :
« 1° Contribuent aux soins de premier recours définis à l'article L. 1411-11 ;
« 2° Participent à la coopération entre professionnels de santé ;
« 3° Participent à la mission de service public de la permanence des soins ;
« 4° Concourent aux actions de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé ;
« 5° Peuvent participer à l'éducation thérapeutique et aux actions d'accompagnement de patients définies aux articles L. 1161-1 à L. 1161-5 ;
« 6° Peuvent assurer la fonction de pharmacien référent pour un établissement mentionné au 6° du I de l'article L. 313-1 du code de l'action sociale et des familles ayant souscrit la convention pluriannuelle visée au I de l'article L. 313-12 du même code qui ne dispose pas de pharmacie à usage intérieur ou qui n'est pas membre d'un groupement de coopération sanitaire gérant une pharmacie à usage intérieur ;
« 7° Peuvent, dans le cadre des coopérations prévues par l'article L. 4011-1, être désignés par le patient comme relais du médecin prescripteur. À ce titre, ils peuvent, à la demande ou avec l'accord de ce médecin, renouveler périodiquement des traitements chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie, et effectuer des bilans de médications destinés à en optimiser les effets ;
« 8° Peuvent proposer des conseils et prestations destinées à favoriser l'amélioration ou le maintien de l'état de santé des personnes.
« Un décret en Conseil d'État fixe les conditions d'application des 7° et 8°. »
La parole est à M. Dominique Leclerc.
Cet amendement vise à reprendre le texte de la commission des affaires sociales tout en rectifiant sa formulation sur deux points techniques et en évitant les risques d’ambiguïté contenus dans la rédaction du 7° issu de l'Assemblée nationale.
Tout d’abord, le nouvel article créé dans le code de la santé publique ne peut être positionné à l’endroit proposé, qui définit le monopole pharmaceutique. Comme il ne concerne pas non plus l'exercice de la profession, sa place se situe plutôt, me semble-t-il, parmi les dispositions du code détaillant l'activité des différentes branches du métier de pharmacien.
Ensuite, selon la jurisprudence constante du Conseil d'État, les pharmacies mutualistes sont des officines de droit commun, hormis pour leur propriété, leur création et les patients desservis. Les citer spécifiquement jetterait donc un doute fâcheux sur le principe selon lequel tous les autres articles du code traitant de l'activité des officines s'appliquent à elles de la même façon.
Enfin, cet amendement prévoit que les pharmaciens pourront, dans un cadre très précis, jouer un rôle de relais pour le suivi et l'ajustement optimal des traitements médicamenteux.
Le sous-amendement n° 278 rectifié, présenté par M. About, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le huitième alinéa (7°) du texte proposé par le 2° de l'amendement n° 144 rectifié ter pour l'article L. 5125-1-1A du code de la santé publique :
« 7° Peuvent, dans le cadre des coopérations prévues par l'article L. 4011-1, être désignés comme correspondants au sein de l'équipe de soins par le patient. À ce titre, ils peuvent, à la demande du médecin ou avec son accord, renouveler périodiquement des traitements chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie et effectuer des bilans de médications destinés à en optimiser les effets ;
Le sous-amendement n° 1350, présenté par M. About, est ainsi libellé :
Remplacer le dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 144 rectifié quater par deux alinéas ainsi rédigés :
« 9° Peuvent délivrer, après avoir reçu une formation spécifique, pour trois mois et sans renouvellement possible, une contraception œstroprogestative aux femmes de plus de quinze ans et de moins de trente-cinq ans.
« Un décret en Conseil d'État fixe les conditions d'application des 7°, 8° et 9°. »
Ces sous-amendements ne sont pas soutenus.
Il s’agit donc des sous-amendements n° 278 rectifié bis et 1350 rectifié.
Vous avez la parole pour les défendre, monsieur le rapporteur.
Le sous-amendement n° 278 rectifié bis vise à offrir la possibilité aux pharmaciens d’officine d’être désignés comme correspondants par le patient au sein de l’équipe de soins. Il est de nature à favoriser la bonne mise en œuvre des traitements.
Le sous-amendement n° 1350 rectifié tend à rétablir la possibilité pour le pharmacien, prévue par le texte de la commission, de délivrer une contraception aux jeunes femmes ne présentant pas de contre-indications médicales. La commission estime qu’il s’agit là d’une nécessité de santé publique. Toutes les précautions nécessaires sont prises dans le texte proposé : une formation spécifique est prévue pour le pharmacien ; celui-ci ne pourra délivrer le contraceptif que pour une période de trois mois, sans renouvellement possible, aux seules femmes âgées de quinze ans à trente-cinq ans ; enfin, un décret en Conseil d’État précisera les conditions d’application de cette disposition, notamment le fait de délivrer la contraception œstroprogestative pour la première fois.
L'amendement n° 277, présenté par M. About, est ainsi libellé :
Dans le premier alinéa du texte pour par cet article pour l'article L. 4211-1-1 du code de la santé publique, supprimer les mots :
et mutualistes
Cet amendement n'est pas soutenu.
Je le reprends également au nom de la commission, monsieur le président.
Il s’agit donc de l’amendement n° 277 rectifié.
Vous avez la parole pour le défendre, monsieur le rapporteur.
Cet amendement, qui deviendrait sans objet si l’amendement n° 144 rectifié quater était adopté, vise à supprimer la référence aux pharmaciens mutualistes, qui nous semble inutile étant donné que ces derniers sont des pharmaciens d'officine.
L'amendement n° 634, présenté par M. Barbier, est ainsi libellé :
Supprimer l'avant-dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 4211-1-1 du code de la santé publique.
L'amendement n° 624 rectifié, présenté par MM. Barbier et Charasse, Mme Escoffier et MM. Marsin, Milhau, de Montesquiou et Vall, est ainsi libellé :
Dans l'avant-dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 4211-1-1 du code de la santé publique, après le mot : « femmes », sont insérés les mots : « de plus de seize ans et ».
La parole est à M. Gilbert Barbier, pour défendre ces deux amendements.
L’autorisation donnée au pharmacien de délivrer la pilule contraceptive pour une période de trois mois pose un véritable problème. Les pharmaciens qui auront reçu une formation spécifique deviendront ainsi prescripteurs.
Tout d’abord, quelle est cette formation spécifique que recevront les pharmaciens ? S’agit-il d’un cours complémentaire de chimie galénique ou d’une formation à la psychologie de la sexualité ?
Mme la ministre s’esclaffe.
Par ailleurs, comment seront identifiées les officines habilitées à délivrer la pilule ? Apposeront-elles sur leur vitrine un nouveau logo ou une affichette ?
Même s’il existe quelques pratiques déviantes ici ou là, je voudrais souligner que la responsabilité du pharmacien sera engagée à chaque fois. Or, le traitement contraceptif n’est pas totalement anodin ; des contre-indications existent, y compris chez la femme jeune. Comment le pharmacien procédera-t-il ? Exigera-t-il des examens complémentaires ? Et, dans ce cas, comment pourra-t-il contraindre une personne à se rendre dans un laboratoire pour réaliser des analyses ? Fera-t-il cette délivrance au seul aperçu de sa cliente, éventuellement après avoir pris sa tension ? Comment va-t-il dépister une pathologie latente : hypothyroïdie, affection surrénalienne, atteinte hépatique familiale, etc. ?
Certes, j’entends bien les observations faites par les auteurs de cette proposition : il s’agit d’éviter les grossesses non désirées. Je ne suis pas du tout persuadé que le recours à cette prise contraceptive, en catimini – cela se fera quand même d’une manière un peu clandestine, même si le pharmacien est habilité –, puisse être à l’origine d’une diminution du recours à l’IVG.
Le traitement contraceptif – il s’agit bien, en effet, d’un traitement – nécessite une mise en route qui ne peut se faire pour trois mois, voire pour une soirée. Vous savez bien, mes chers collègues, que la prise désordonnée de la pilule contraceptive, son arrêt intempestif sont quotidiennement responsables de grossesses non désirées.
Enfin, en précisant que la pilule peut être délivrée « aux femmes de moins de trente-cinq ans », le texte de la commission ouvre l’accès de la contraception aux jeunes filles mineures. À la limite, une fillette de un an pourrait donc se voir délivrer la pilule …, même si j’exagère sans doute un peu !
Le sous-amendement n° 1350 rectifié prévoit que la pilule contraceptive pourra être délivrée aux femmes de plus de quinze ans. Lors de notre débat en commission, j’avais souhaité qu’elle le soit à partir de seize ans, âge de délivrance de la carte vitale. On m’a alors objecté que cette carte était remise à partir de quinze ans.
Après vérification, je vous confirme que la carte vitale est délivrée à partir de seize ans. Si l’amendement n° 1350 rectifié était adopté, je souhaiterais donc que l’âge de seize ans puisse être rétabli. C’est l’objet de l’amendement n° 624 rectifié.
Le texte proposé par la commission pour l’avant-dernier alinéa de l’article L. 4211-1-1 du code de la santé publique pose à mon avis d’énormes problèmes, d’où mon amendement n° 634, tendant à sa suppression. Il s’agit non pas d’une position idéologique de ma part, …
…mais bien d’une mesure destinée à protéger la santé de ces jeunes femmes.
Je demande donc, au nom du RDSE, un scrutin public sur le sous-amendement n° 1350 rectifié, qui tend à insérer cette disposition dans l’amendement n° 144 rectifié quater.
L’amendement n° 144 rectifié quater apporte des précisions intéressantes en termes de codification et au sujet des pharmaciens mutualistes. La commission y est donc favorable, sous réserve de l’adoption des deux sous-amendements que j’ai présentés. On peut en effet s’interroger sur la portée normative du 7° de cet amendement, et la rédaction proposée dans le sous-amendement n° 278 rectifié bis nous semble préférable. Par ailleurs, le sous-amendement n° 1350 rectifié complète favorablement le texte de cet amendement pour le rendre pleinement conforme au texte adopté par la commission.
En revanche, la commission émet un avis défavorable sur l’amendement n° 634, qui tend à revenir sur la possibilité pour les pharmaciens de délivrer sans ordonnance une contraception œstroprogestative.
Enfin, la commission est défavorable à l’amendement n° 624 rectifié, qui vise à réserver la délivrance de cette contraception aux jeunes filles de plus de seize ans. Nous avons beaucoup discuté de ce sujet en commission. M. About étant médecin, il envisageait évidemment d’autoriser la délivrance de la pilule non pas aux fillettes de un an, mais aux jeunes filles à partir de leur majorité sexuelle ! Celle-ci étant fixée à quinze ans, il n’y a pas de raison de revenir sur cette disposition. Je rappelle d’ailleurs que la commission a émis un avis favorable sur le sous-amendement n° 1350, déposé par M. About, qui prévoit la délivrance de la pilule par les pharmaciens pour les femmes âgées de quinze à trente-cinq ans.
Le Gouvernement émet un avis favorable sur l’amendement n° 144 rectifié quater, sous réserve de l’adoption du sous-amendement n° 278 rectifié bis.
En revanche, il demande le retrait du sous-amendement n° 1350 rectifié, sur lequel, à défaut, il émettra un avis défavorable.
Nous discuterons ultérieurement des dispositions prévues par l’amendement n° 795, à l’article 22 ter, dispositions qui autoriseraient les pharmaciens à renouveler une prescription existante pour un contraceptif oral et auxquelles je serai favorable.
En revanche, il ne me paraît pas opportun que les pharmaciens puissent délivrer une primo-prescription de pilule œstroprogestative, et ce pour plusieurs raisons.
Les pharmaciens n’ont pas vocation à établir un diagnostic et à identifier les facteurs de risques qui pourraient constituer des contre-indications à la prise de cette pilule. Nous savons que ces contre-indications existent – elles sont d’ailleurs parfaitement répertoriées –, et les pharmaciens auraient beaucoup de mal à les détecter. De ce fait, ces derniers ne sauraient remplacer les gynécologues ou les médecins généralistes dans cette mission ni, il faut bien le dire, dans l’orientation vers un quelconque contraceptif.
En général, l’abandon d’une méthode contraceptive est dû à l’inadaptation du traitement à la personne. Je mène des campagnes d’information pour l’expliquer, et je me bats pour démontrer que, dans notre système, penser en termes de « tout pilule » – pardonnez-moi d’utiliser, pour simplifier, cette formule un peu triviale – n’est pas la bonne démarche. Il existe en effet un panel de dispositifs et de produits contraceptifs, et la gamme des contraceptifs oraux est, elle-même, extrêmement ouverte.
Par exemple, certains produits non remboursés sont beaucoup plus chers que des pilules remboursées, rendant pourtant les mêmes services, et ils n’apportent aucun avantage aux femmes qui les utilisent. Ils sont simplement le fruit d’opérations de marketing des laboratoires pharmaceutiques.
Or on peut imaginer que certains pharmaciens aient la tentation de prescrire les contraceptifs les plus coûteux. C’est un point auquel il faut veiller…
Par ailleurs, quand bien même les pharmaciens ne pourraient délivrer que des prescriptions pour trois mois et sans renouvellement possible, il est en fait extrêmement facile de faire du nomadisme pharmaceutique et, dans les grandes villes, de changer tous les trois mois de pharmacien pour obtenir sa pilule contraceptive.
Est-il difficile d’obtenir un contraceptif oral dans les circuits médicaux classiques ou dans les centres de planning familial ? Évidemment non !
Par conséquent, non seulement les circuits actuels ne présentent pas de difficultés, mais, en plus, le système proposé pourrait permettre à une jeune fille ou une jeune femme de prendre un contraceptif oral sans jamais faire les bilans sanguins ni les examens complémentaires qui sont nécessaires.
Toute une politique de prévention gynécologique, qui est aujourd’hui bien installée, et toute une culture dans ce domaine, qui s’hérite de mère en fille, risque ainsi d’être mises à mal par une délégation de tâche qui n’est réclamée par personne, et en tout cas pas par les pharmaciens. §
Pour toutes ces raisons, une telle disposition ne me paraît pas souhaitable.
Le sous-amendement est adopté.
Je voudrais revenir sur quelques points avant que nous passions au vote sur le sous-amendement n° 1350 rectifié, qui, me semble-t-il, a une certaine valeur.
Je voudrais tout d’abord faire remarquer que le nomadisme pharmaceutique existe, même avec une ordonnance délivrée par un médecin.
Ce n’est pas la peine d’en rajouter !
De toute évidence, il suffit qu’une personne dispose d’une première ordonnance pour pouvoir aller régulièrement solliciter un pharmacien, en expliquant qu’elle n’a pas eu le temps d’aller consulter son médecin. Cela se fait régulièrement ! Pour moi, cet argument n’est donc pas scientifiquement valable.
Il ne s’agit pas d’une primo-prescription !
Le renouvellement peut concerner une primo-prescription qui n’a jamais été vérifiée ni contrôlée par le médecin par la suite. Dans ce cas, la situation est parfaitement identique !
Par ailleurs, il existe effectivement des contre-indications répertoriées, qu’il est extrêmement important de respecter. Mais les pharmaciens disposent de listes de maladies ; ils peuvent ainsi, après avoir interrogé la personne, savoir s’il y a véritablement contre-indication.
J’ai déjà eu l’occasion de discuter, avec Gilbert Barbier, des fortes inquiétudes qui sont liées à la pilule contraceptive et à la première prescription de cette pilule. Il ne faut pas non plus exagérer d’une manière considérable cette étape : il est absolument faux de prétendre qu’une jeune fille qui prend la pilule pour la première fois met sa vie en danger. Ce n’est pas vrai du tout !
Certes, il existe des risques inhérents à certains types de maladies, que le pharmacien peut évidemment détecter, mais, la plupart du temps, la première prescription ne présente pas de danger.
De plus, la première prescription, qu’elle soit rédigée par un médecin, un gynécologue ou un gynécologue obstétricien, est généralement délivrée après un examen purement clinique et sans attendre les résultats d’autres examens. En effet, la demande de pilule contraceptive étant souvent pressante, on prescrit le traitement en même temps que les examens nécessaires, dont les résultats, de ce fait, ne sont contrôlés qu’a posteriori, après une utilisation de la pilule pendant un, deux ou trois mois.
Très honnêtement, je ne pense pas que la primo-prescription visée par le sous-amendement 1350 rectifié puisse entraîner un quelconque danger. Quant au nomadisme pharmaceutique, il ne me paraît pas un argument de poids, puisque, de toute façon, il existe.
C’est pourquoi, pour ma part, je voterai le sous-amendement n° 1350 rectifié.
La parole est à M. Dominique Leclerc, pour explication de vote sur le sous-amendement n° 1350 rectifié.
Cette question est relativement importante.
D’une part, un principe est établi : le pharmacien dispense le médicament et le médecin le prescrit, après consultation.
D’autre part, sur un plan médical – Mme la ministre l’a bien expliqué –, il existe différentes sortes de pilules contraceptives, qui sont plus ou moins dosées en œstrogènes. Par conséquent, prescrire une pilule donnée n’est pas anodin, alors qu’une personne viendra a priori demander un renouvellement pour un médicament qu’elle tolère et qui lui donne satisfaction.
J’attire donc votre attention, mes chers collègues, sur le fait que cet amendement n’est pas sans conséquence. C’est pourquoi je voterai contre.
Mme la ministre a développé une argumentation à laquelle j’ai été très sensible.
Elle a indiqué que la culture en matière de prévention gynécologique s’héritait de mère en fille. Je crois, pour ma part, qu’elle s’améliore.
Il est essentiel, précisément pour ce type de prescriptions, que les premiers contacts aient lieu avec le corps médical. Je ne sais si certains de nos collègues présents ont des filles, mais le fait que la prescription d’un contraceptif soit délivrée par un médecin, au moins pour la première fois, apporte un certain nombre de garanties.
Par ailleurs, il me semble extrêmement important que, dès cet âge, des habitudes soient prises en matière de traitement et de respect des parcours de soins. En particulier, le recours à la contraception, qui n’est pas un acte anodin, doit être encadré. Cela n’a rien à voir avec la morale… Il s’agit d’un problème médical, qui pose des questions de contre-indications.
Pour toutes ces raisons, je ne voterai pas non plus ce sous-amendement n° 1350 rectifié.
Je mets aux voix le sous-amendement n° 1350 rectifié.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe du RDSE.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin a lieu.
Il est procédé au comptage des votes.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 174 :
Le Sénat n'a pas adopté.
Je mets aux voix l'amendement n° 144 rectifié quater, modifié.
L'amendement est adopté.
En conséquence, l'article 14 bis est ainsi rédigé, et les amendements n° 277 rectifié, 634 et 624 rectifié n'ont plus d'objet.
I. - L'article L. 6323-3 du code de la santé publique est ainsi modifié :
1° À la fin de la première phrase du deuxième alinéa, les mots : « professionnels de santé » sont remplacés par les mots : « professionnels médicaux et des auxiliaires médicaux » ;
2° Sont ajoutés deux alinéas ainsi rédigés :
« Les professionnels médicaux et auxiliaires médicaux exerçant dans une maison de santé élaborent un projet de santé, témoignant d'un exercice coordonné et conforme aux orientations des schémas régionaux mentionnés à l'article L. 1434-2. Tout membre de la maison de santé adhère à ce projet de santé. Celui-ci est transmis pour information à l'agence régionale de santé et de l'autonomie.
« Les maisons de santé et les réseaux de santé signataires du contrat mentionné à l'article L. 1435-3 perçoivent une dotation de financement du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins, laquelle contribue à financer l'exercice coordonné des soins. À cet effet, une part du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins est affectée au financement de maisons de santé et de réseaux de santé. Le montant de cette part est fixé chaque année dans la loi de financement de la sécurité sociale. Les modalités d'attribution de cette part ainsi que des dotations des maisons de santé et des réseaux de santé sont fixées par le comité national de gestion du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins et approuvées par le conseil national de la qualité et de la coordination des soins. »
II. - L'article L. 6323-1 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les centres de santé signataires du contrat mentionné à l'article L. 1435-3 perçoivent une dotation de financement du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins, laquelle contribue à financer l'exercice coordonné des soins, selon des modalités fixées par le comité national de gestion du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins et approuvées par le conseil national de la qualité et de la coordination des soins. »
L'amendement n° 470, présenté par MM. Autain et Fischer, Mmes David, Hoarau, Pasquet et les membres du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du parti de gauche, est ainsi libellé :
Avant le 1° du I de cet article, insérer un alinéa ainsi rédigé :
...° Dans le premier alinéa, les mots : « sans hébergement » sont remplacés par les mots : « de premier recours au sens de l'article L. 1411-11, et le cas échéant de second recours au sens de l'article L. 1411-12, » ;
La parole est à M. Guy Fischer.
Il s’agit d’un amendement rédactionnel.
En effet, l’article L. 6323–3 du code de la santé publique dispose que « les maisons de santé assurent des activités de soins sans hébergement et peuvent participer à des actions de santé publique ainsi qu’à des actions de prévention et d’éducation pour la santé et à des actions sociales ». Or, pour tenir pleinement compte des dispositions adoptées à l’article 14 et de celles qui sont visées à l’article 14 ter, il nous semble préférable de parler, en lieu et place de « soins sans hébergement », de « soins de premier recours ».
La précision selon laquelle les maisons de santé assurent des soins sans hébergement, que l’amendement vise à supprimer au profit d’un renvoi aux articles concernant les soins de premier et de second recours, est utile.
Aussi, la commission demande à son auteur de bien vouloir retirer cet amendement. À défaut, elle émettra un avis défavorable.
Le Gouvernement émet un avis défavorable pour les mêmes raisons que la commission.
L'amendement n° 470 est retiré.
L'amendement n° 25 rectifié, présenté par MM. Darniche et Retailleau, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le 1° du I de cet article :
1° La première phrase du deuxième alinéa est ainsi rédigée : « Les maisons de santé sont constituées entre des professionnels médicaux, des auxiliaires médicaux et, le cas échéant, des pharmaciens. »
Cet amendement n'est pas soutenu.
L'amendement n° 175 rectifié ter, présenté par MM. Pinton, Mayet et P. Blanc, Mmes Desmarescaux et Rozier et M. Pointereau, est ainsi libellé :
Au début du deuxième alinéa du 2° du I de cet article, après les mots :
professionnels médicaux
insérer les mots :
(médecins généralistes et spécialistes)
Cet amendement n'est pas soutenu.
Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.
L'amendement n° 362 rectifié, présenté par M. Juilhard, est ainsi libellé :
Supprimer le dernier alinéa du 2° du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 6323-3 du code de la santé publique.
Cet amendement n'est pas soutenu.
Il s’agit donc de l’amendement 362 rectifié bis.
Vous avez la parole pour le défendre, monsieur le rapporteur.
Cet amendement de simplification vise à compléter les dispositions relatives à la dotation de financement que percevraient, pour le financement de l'exercice coordonné des soins, les structures de soins ambulatoires du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins, le FIQCS.
L'amendement n° 471, présenté par MM. Autain et Fischer, Mmes David, Hoarau, Pasquet et les membres du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du parti de gauche, est ainsi libellé :
Dans la première phrase du dernier alinéa du 2° du I de cet article, après le mot :
perçoivent
insérer les mots :
, si elles appliquent des tarifs opposables,
La parole est à M. François Autain.
Madame la ministre, avec cet article 14 ter, vous entendez permettre aux maisons de santé de disposer d’un financement reposant sur le FIQCS.
Ce fonds a été créé par l’article 94 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2007 par la fusion de la dotation régionale des réseaux et du fonds d’aide à la qualité des soins de ville, le FAQSV.
Pour notre part, nous ne sommes pas opposés à ce que le FIQCS puisse servir à financer les maisons de santé, notamment parce que l’exercice collectif qui est propre à ces structures et aux réseaux de santé, ainsi qu’aux centres de santé, est de nature à favoriser l’installation de professionnels qui craignent d’exercer solitairement.
Financer les maisons et les centres de santé est conforme à l’un des objectifs du FIQCS. Toutefois, durant ce débat, nous n’avons cessé de répéter que, s’il est juste et légitime d’encourager, par des mesures incitatives, l’installation des professionnels de santé, il faut également contraindre ceux qui bénéficient de dotations publiques à respecter les tarifs opposables.
À travers cet amendement, nous proposons une logique que les économistes aiment parfois à qualifier de « gagnant-gagnant ». Nous considérons que le fait de bénéficier de financements publics doit impérativement entraîner un certain nombre d’obligations, à commencer par le respect des tarifs opposables.
Nous sommes conscients que, la plupart du temps, il s’agit de médecins généralistes qui, parce qu’ils relèvent du secteur 1, respectent l’opposabilité des tarifs. Mais, dans certains cas, il peut s’agir de spécialistes qui procèdent à des dépassements d’honoraires.
Pour toutes ces raisons, nous vous invitons à adopter notre amendement.
La commission émet un avis défavorable sur l’amendement n° 471, car celui-ci a pour objet de conditionner la dotation au titre de la qualité et de la coordination des soins à la pratique, par les maisons de santé, de tarifs opposables. Or cela limiterait le développement de ces maisons, ce qui est contraire à l’objectif visé par l’article.
Le Gouvernement émet bien entendu un avis favorable sur l’amendement n° 362 rectifié bis. En revanche, il émet un avis défavorable sur l’amendement n° 471.
Si nous voulons atteindre notre objectif d’un maillage du territoire par les maisons de santé pluridisciplinaires, que nous financerons dans les zones en difficulté, il faut que celles-ci puissent attirer des spécialistes, même s’ils exercent en secteur 2 !
Si nous ne laissions pas ces derniers s’installer et si, parallèlement, nous n’arrivions pas à faire venir des spécialistes exerçant en secteur 1, nous aboutirions à un résultat tout à fait négatif.
En outre, il ne nous appartient pas de nous immiscer dans les relations conventionnelles.
Laissons les choses en l’état et rendons ces maisons attractives pour les professionnels qui voudront bien venir s’y installer.
Si les tarifs opposables des spécialistes étaient plus élevés, peut-être certains d’entre eux, notamment ceux qui acceptent d’exercer en maison de santé, ne seraient-ils pas obligés de pratiquer des dépassements d’honoraires !
Dites-moi alors quelle cotisation il faut augmenter ! La CSG ?
Peut-être les pouvoirs publics devraient-ils autoriser les spécialistes acceptant d’exercer en maison de santé pluridisciplinaire à revaloriser les honoraires auxquels ils peuvent prétendre, de manière qu’ils ne soient pas obligés de recourir à des dépassements d’honoraires.
Je suis choqué que des médecins qui exercent dans ces structures bénéficiant de fonds publics puissent pratiquer des dépassements d’honoraires. Or, plutôt que de chercher à éviter ce genre de situation, les pouvoirs publics semblent l’accepter comme une fatalité. C’est bien regrettable.
L'amendement est adopté.
Il s’agit donc de l’amendement n° 894 rectifié.
Vous avez la parole pour le défendre, monsieur le rapporteur.
Cet amendement de coordination avec l’amendement n° 895 quater vise à compléter, pour les simplifier, les dispositions relatives à la dotation de financement que percevraient, pour le financement de l'exercice coordonné des soins, les structures de soins ambulatoires du FIQCS.
L'amendement n° 714, présenté par MM. Cazeau et Le Menn, Mmes Alquier et Blondin, M. Botrel, Mme Campion, M. Chastan, Mme Chevé, MM. Daudigny et Daunis, Mme Demontès, M. Desessard, Mme Durrieu, MM. Fauconnier et Fichet, Mme Ghali, M. Godefroy, Mme Jarraud-Vergnolle, MM. Jeannerot et Lagauche, Mmes Printz et Le Texier, MM. Mirassou et Rebsamen, Mme Schillinger, M. Teulade et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Compléter le II de cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« Les professionnels de santé exerçant dans un centre de santé élaborent un projet de santé, témoignant d'un exercice coordonné et conforme aux orientations des schémas régionaux mentionnés à l'article L. 1434-2. Tout membre du centre de santé adhère à ce projet de santé. Celui-ci est transmis pour information à l'agence régionale de santé. »
La parole est à M. Bernard Cazeau.
Nous proposons que les professionnels exerçant dans un centre de santé élaborent un projet de santé de la même manière que ceux qui exercent dans une maison de santé.
À cet égard, il nous paraît important que la loi fixe certains principes, en l’occurrence celui de l’égalité entre les centres de santé et les autres formes d’exercice de la médecine, en particulier dans les maisons de santé, afin de bien marquer notre soutien à la diversité des modes d’exercice de la médecine.
C’est peut-être ainsi que nous ferons évoluer un certain nombre de situations, notamment celles qu’évoquait Mme la ministre à la suite de l’intervention de Guy Fischer.
L’élaboration d’un projet paraît moins nécessaire à la commission pour les centres qui emploient des salariés que pour les autres formes de coopération regroupant des professionnels libéraux. Néanmoins, dès lors qu’il sera possible de créer des centres de santé privés, un tel projet sera susceptible de garantir l’autonomie de professionnels de santé et pourra leur permettre de se consacrer aux soins.
C’est pourquoi la commission s’en remet à la sagesse du Sénat.
Le Gouvernement émet un avis favorable sur l’amendement n° 894 rectifié.
En revanche, je suis surprise par l’amendement n° 714, d’autant que son auteur, M. Cazeau, a fait preuve depuis le début de l’examen de ce texte d’une assiduité que je veux saluer.
En effet, l’article 1er du projet de loi dispose ceci : « Les centres de santé élaborent un projet de santé incluant des dispositions tendant à favoriser l’accessibilité sociale, la coordination des soins et le développement d’actions de santé publique.
« Le projet médical du centre de santé géré par un établissement de santé est distinct du projet d’établissement. »
Ainsi, le projet de santé élaboré par le centre de santé est cité dès le sixième alinéa du XII de l’article 1er du projet de loi.
Aussi, je demanderai à son auteur de bien vouloir retirer cet amendement.
L'amendement est adopté.
L'article 14 ter est adopté.
Après l'article L. 6323-3 du code de la santé publique, il est inséré un chapitre III ter ainsi rédigé :
« CHAPITRE III TER
« Pôles de santé
« Art. L. 6323-4. - Les pôles de santé assurent des activités de soins de premier recours au sens de l'article L. 1411-11, le cas échéant de second recours au sens de l'article L. 1411-12 et peuvent participer aux actions de prévention, de promotion de la santé et de sécurité sanitaire prévues par le schéma mentionné à l'article L. 1434-5.
« Ils sont constitués entre des professionnels de santé et, le cas échéant, des maisons de santé, des centres de santé, des réseaux de santé, des établissements de santé, des établissements et des services médico-sociaux, des groupements de coopération sanitaire et des groupements de coopération sociale et médico-sociale.
« Les pôles de santé signataires du contrat mentionné à l'article L. 1435-3 perçoivent une dotation de financement du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins, laquelle contribue à financer l'exercice coordonné des soins, selon des modalités fixées par le comité national de gestion du fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins et approuvées par le conseil national de la qualité et de la coordination des soins. »
L'amendement n° 1226, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Supprimer le dernier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 6323-4 du code de la santé publique.
La parole est à Mme la ministre.
Cet amendement complète l’amendement n° 895 rectifié, qui vise à fusionner en un seul article les dispositions relatives à la dotation de financement que percevraient les structures de soins ambulatoires, à savoir les maisons de santé, les centres de santé, les pôles de santé et les réseaux de santé. Je souhaite en effet que les pôles de santé puissent bénéficier d’une dotation du FIQCS dans les mêmes conditions que les centres de santé et les maisons de santé.
Dans le cas où ce dernier amendement serait adopté, il conviendrait que soient supprimées de l’article 14 quater les dispositions identiques, et donc redondantes, relatives aux aides attribuées aux pôles de santé.
L'amendement est adopté.
L'article 14 quater est adopté.
L’examen de l’amendement tendant à insérer un article additionnel après l’article 14 quater a été réservé jusqu’après l’article 21 nonies.
Avant le 15 septembre 2009, le Gouvernement présente au Parlement un rapport évaluant l'intérêt qu'il y aurait à rendre l'article L. 3111-9 du code de la santé publique applicable aux personnes exerçant ou ayant exercé une activité professionnelle ou volontaire au sein de services d'incendie et de secours qui ont été vaccinées contre l'hépatite B depuis la date d'entrée en vigueur de la loi n° 91-73 du 18 janvier 1991 portant dispositions relatives à la santé publique et aux assurances sociales. –
Adopté.
L’examen des amendements tendant à insérer des articles additionnels après l’article 14 quinquies a été réservé jusqu’après l’article 21 nonies.
L’examen de l’amendement tendant à insérer un article additionnel avant l’article 15 a été réservé jusqu’après l’article 21 nonies.
I. - L'article L. 631-1 du code de l'éducation est ainsi rédigé :
« Art. L. 631-1. - I. - La première année des études de santé est commune aux études médicales, odontologiques, pharmaceutiques et de sage-femme. Les ministres chargés de l'enseignement supérieur et de la santé déterminent par voie réglementaire :
« 1° L'organisation de cette première année des études de santé ;
« 2° Le nombre des étudiants admis dans chacune des filières à l'issue de la première année des études de santé ; ce nombre tient compte des besoins de la population, de la nécessité de remédier aux inégalités géographiques et des capacités de formation des établissements concernés. Toutefois, les universités peuvent répartir ce nombre entre plusieurs unités de formation et de recherche pour répondre à des besoins d'organisation et d'amélioration de la pédagogie. Un arrêté détermine les critères de répartition de ce nombre de façon à garantir l'égalité des chances des candidats ;
« 3° Les modalités d'admission des étudiants dans chacune des filières à l'issue de la première année ;
« 4° Les conditions dans lesquelles les étudiants peuvent être réorientés à l'issue du premier semestre de la première année des études de santé ou au terme de celle-ci ainsi que les modalités de leur réinscription ultérieure éventuelle dans cette année d'études.
« II. - 1. Des candidats, justifiant notamment de certains grades, titres ou diplômes, peuvent être admis en deuxième année ou en troisième année des études médicales, odontologiques, pharmaceutiques ou de sage-femme.
« 2. Peuvent également être admis en deuxième année des études médicales, odontologiques, pharmaceutiques ou en première année d'école de sage-femme des étudiants engagés dans les études médicales, odontologiques, pharmaceutiques ou de sage-femme et souhaitant se réorienter dans une filière différente de leur filière d'origine ; cette possibilité de réorientation est ouverte aux étudiants ayant validé au moins deux années d'études dans la filière choisie à l'issue de la première année.
« Les ministres chargés de l'enseignement supérieur et de la santé arrêtent le nombre, les conditions et les modalités d'admission des étudiants mentionnés aux 1 et 2.
« III. - Le ministre chargé de la santé est associé à toutes les décisions concernant les enseignements médicaux, odontologiques et pharmaceutiques. »
II. - L'article L. 632-2 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 632-2. - Le troisième cycle des études médicales est ouvert à tous les étudiants ayant validé le deuxième cycle des études médicales.
« Un arrêté du ministre chargé de l'enseignement supérieur et du ministre chargé de la santé détermine pour une période de cinq ans le nombre d'internes à former par spécialité, en particulier celle de médecine générale, et par subdivision territoriale, compte tenu de la situation de la démographie médicale dans les différentes spécialités concernées et de son évolution au regard des besoins de prise en charge spécialisée et compte tenu des capacités de formation des différentes subdivisions.
« Un arrêté du ministre chargé de l'enseignement supérieur et du ministre chargé de la santé détermine les modalités en fonction desquelles tout étudiant qui présente le concours d'entrée en deuxième année d'études de médecine est informé de l'objectif de la collectivité nationale de rééquilibrage de la densité médicale sur le territoire et des mesures permettant d'y concourir.
« Un arrêté du ministre chargé de l'enseignement supérieur et du ministre chargé de la santé détermine le nombre de postes d'internes offerts chaque année par discipline ou spécialité et par centre hospitalier universitaire. Le choix effectué par chaque étudiant est subordonné au rang de classement aux épreuves classantes nationales.
« Les élèves médecins des écoles du service de santé des armées exercent leur choix au sein d'une liste établie, en fonction des besoins des armées, par arrêté du ministre de la défense et des ministres chargés de l'enseignement supérieur et de la santé. Un décret en Conseil d'État fixe les conditions dans lesquelles les postes d'internes sont attribués à ces élèves.
« Des décrets en Conseil d'État déterminent les subdivisions territoriales mentionnées au deuxième alinéa, les modalités des épreuves d'accès au troisième cycle, de choix d'une spécialité par les internes, d'établissement de la liste des services formateurs, d'organisation du troisième cycle des études médicales, de changement d'orientation ainsi que la durée des formations nécessaires durant ce cycle, et ultérieurement, pour obtenir selon les spécialités une qualification. »
III. - Les articles L. 631-3, L. 632-1-1, L. 632-3, L. 632-9, L. 632-10 et L. 632-11 du même code sont abrogés.
III bis. - Après le 4° de l'article L. 632-12 du code de l'éducation, il est inséré un 5° ainsi rédigé :
« 5° Les conditions dans lesquelles l'expérience acquise au cours de l'exercice professionnel peut être validée, en tout ou partie, en vue de l'obtention d'un diplôme de formation médicale spécialisé, dans une limite compatible avec les besoins de soins de la population et après une durée minimum d'exercice de la spécialité correspondant à la formation initiale, précisées par la voie réglementaire ; ».
IV. - L'article L. 632-5 du même code est ainsi modifié :
1° À la dernière phrase du deuxième alinéa, après le mot : « praticiens », sont insérés les mots : «, de centres de santé ou de structures de soins alternatives à l'hospitalisation » ;
2° Les troisième et dernier alinéas sont supprimés.
V. - L'article L. 634-1 du même code est ainsi modifié :
1° Les deux premiers alinéas sont remplacés par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Le troisième cycle long des études odontologiques, dénommé internat en odontologie, est accessible par concours national aux étudiants ayant obtenu la validation du deuxième cycle des études odontologiques.
« Les étudiants nommés à l'issue du concours en qualité d'interne en odontologie peuvent accéder à des formations qualifiantes de troisième cycle dont la liste est fixée par les ministres chargés de l'enseignement supérieur et de la santé. Le choix de la formation et du centre hospitalier universitaire de rattachement est subordonné au rang de classement aux épreuves de l'internat.
« Après validation de ce troisième cycle et soutenance d'une thèse, les internes obtiennent en plus du diplôme d'État de docteur en chirurgie dentaire, un diplôme mentionnant la qualification obtenue.
« Le titre d'ancien interne ne peut être utilisé que par des personnes justifiant du diplôme d'État de docteur en chirurgie dentaire et du diplôme sanctionnant l'une des formations de troisième cycle prévues au précédent alinéa. » ;
2° À la première phrase du dernier alinéa, les mots : « le contenu des formations, » sont supprimés.
VI. - Après l'article L. 1434-6 du code de la santé publique, tel qu'il résulte de l'article 26 de la présente loi, il est inséré un article L. 1434-6-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 1434-6-1. - Le schéma régional d'organisation des soins détermine les zones dans lesquelles le niveau de l'offre de soins médicaux est particulièrement élevé.
« À l'échéance d'un délai de trois ans à compter de l'entrée en vigueur du schéma régional d'organisation des soins, le directeur général de l'agence régionale de santé et de l'autonomie évalue la satisfaction des besoins en implantations pour l'exercice des soins de premier recours mentionnés à l'article L. 1434-6. Cette évaluation comporte un bilan de l'application des mesures mentionnées au cinquième alinéa du même article. Elle est établie dans des conditions et suivant des critères arrêtés par les ministres chargés de la santé et de l'assurance maladie.
« Si cette évaluation fait apparaître que les besoins en implantations précités ne sont pas satisfaits et que, de ce fait, l'offre de soins de premier recours ne suffit pas à répondre aux besoins de santé de la population dans certains territoires de santé, le directeur général de l'agence régionale de santé et de l'autonomie peut, après avis de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie, de l'union régionale des professionnels de santé compétente pour les médecins et des organisations les plus représentatives des étudiants en médecine, des internes et des chefs de clinique, proposer aux médecins exerçant dans les zones visées au premier alinéa du présent article d'adhérer à un contrat santé solidarité par lequel ils s'engagent à contribuer à répondre aux besoins de santé de la population des zones mentionnées à l'article L. 1434-6 où les besoins en implantations ne sont pas satisfaits.
« Les médecins qui ne respectent pas les obligations qu'il comporte pour eux, s'acquittent d'une contribution forfaitaire annuelle, au plus égale au plafond mensuel de la sécurité sociale.
« L'application du présent article se fera dans des conditions définies en Conseil d'État. »
L’article 15 prévoit des mesures destinées à remédier aux difficultés que nous connaissons du fait de la dégradation de la démographie médicale. Ces difficultés tiennent moins au nombre de médecins qu’à leur inégale répartition territoriale et disciplinaire.
La note récente de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, la DRESS, et les résultats de février 2009 démontrent – vous l’avez rappelé, madame la ministre – qu’il n’y a jamais eu autant de médecins dans notre pays. Ils étaient 208 000 au 1er janvier 2007, ce qui constitue un véritable record. En revanche, à l’horizon 2020, la densité médicale pourrait atteindre son point bas, avec 276 médecins pour 100 000 habitants.
Si nous voulons rattraper notre retard, il ne suffira pas de maintenir le numerus clausus à son niveau de 2008. Il faudra l’augmenter pour pouvoir prétendre, en 2030, retrouver une situation semblable à celle que nous connaissons actuellement.
Les médecins sont nombreux, mais ils sont inégalement répartis sur le territoire. Le ministère de la santé a fait paraître, l’année dernière me semble-t-il, une note démontrant qu’un nombre très important de Français n’a pas accès à des soins dans des conditions normales.
Ce nombre avait été évalué à près à 2, 5 millions. Lors du débat que nous avons eu sur la démographie médicale dans le cadre de l’examen du projet de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008, vous avez déclaré, que, en fait, ce sont 4 millions de Français qui n’auraient pas accès aux soins dans des conditions normales. Il y a là un grave déficit que les dispositions que vous nous proposez à l’article 15 ne sont malheureusement pas à même de combler.
Vous avez recours à deux types de mesures : l’augmentation et la régionalisation du numerus clausus, d’une part, la création de contrats de solidarité, d’autre part.
En tout état de cause, il ne suffit pas d’augmenter le numerus clausus, ni même de le régionaliser, pour répondre aux difficultés actuelles. Ces difficultés, je le répète, sont liées moins au nombre de médecins qu’à la mauvaise répartition de ces derniers.
Il ne suffit pas d’augmenter le numerus clausus pour obtenir une meilleure répartition entre disciplines médicales ou une progression du nombre de médecins généralistes
Supposons que l’on décide d’accroître le nombre de postes d’internes en spécialité de médecine générale. D’abord, il n’y a pas de certitude que tous les postes seront pourvus. Ensuite, l’évasion est considérable : aujourd’hui, seuls 40 % des internes en spécialité de médecine générale exerceront effectivement le métier de médecin généraliste.
Un nombre croissant d’internes en spécialité de médecine générale choisissent d’autres options ou des modes d’exercice particuliers. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur les raisons – mais elles sont multiples – pour lesquelles la spécialité de médecin généraliste n’attire pas autant qu’on pourrait le souhaiter les internes en spécialité de médecine générale.
L’article 15 n’apporte pas de réponse à ces problèmes. On augmente certes le numerus clausus, mais on ne prévoit pas les moyens qui permettront de former les médecins.
Les contrats de solidarité ne permettent pas davantage de répondre à ce problème, d’autant qu’ils ont été sensiblement modifiés par la commission. Désormais, ils ne constituent plus une obligation pour les médecins. En outre, ils ne s’appliqueront qu’en 2016. Ils ne nous permettront donc pas de faire face à l’urgence de la situation.
L’article 15 ne répond absolument pas aux questions ni aux problèmes de l’heure. C’est pourquoi nous ne pourrons sans doute pas le voter s’il reste en l’état.
L’article 15 nous permet d’aborder le sujet essentiel de la démographie médicale.
Nous le savons tous ici, que nous soyons élus de zones rurales ou urbaines, ce sera l’un des problèmes majeurs de l’accès aux soins dans les années qui viennent. C’est pourquoi nous devons l’anticiper et prendre dès à présent un certain nombre de mesures.
Pour les définir, il faut s’accorder au préalable sur quelques grandes idées, afin de permettre la conciliation, d’une part, du principe fondamental du droit à la santé et de l’accès aux soins et, d’autre part, du principe de liberté d’installation des médecins qui, je le précise, n’a pas valeur constitutionnelle et peut faire l’objet d’aménagements, comme l’a indiqué le Conseil constitutionnel.
Je tiens à insister sur le fait que toutes les mesures susceptibles de faire évoluer la situation ne sont pas d’ordre législatif.
Ainsi, la fixation du numerus clausus, qui est l’un des premiers facteurs sur lesquels on peut intervenir, est entre les mains des ministres chargés de la santé et de l’enseignement supérieur.
La commission des affaires sociales considère qu’il est impératif d’élargir rapidement ce numerus clausus. En effet, le temps médical d’un médecin formé aujourd’hui est très différent de celui que l’on constatait voilà encore quelques années, du fait, entre autres, de la féminisation de la profession, de la durée hebdomadaire de travail, des changements d’orientation professionnelle. Il nous semble que l’on ne tient pas assez compte de ces données.
En outre, il est assez surprenant de devoir faire appel à des médecins formés à l’étranger alors que l’on interdit l’accès à la formation médicale de jeunes qui sont recalés à la fin de leur première année d’études avec des moyennes plus qu’honorables. Nous serions donc heureux, madame la ministre, de vous entendre sur ce sujet.
L’article 15 prévoit, ce qui particulièrement opportun, que l’on détermine pour une période de cinq ans le nombre d’internes à former par spécialité.
Pour satisfaire les besoins de santé des zones sous-denses, qui seront désormais clairement identifiés dans les schémas régionaux d’organisation sanitaire, les SROS, toutes sortes de mesures peuvent être envisagées.
Nous sommes très favorables à tout ce qui pourra être mis en place sur le mode incitatif. Les collectivités territoriales ont d’ailleurs déjà expérimenté avec succès un certain nombre de dispositifs. Il reviendra aux agences régionales de santé et à leurs directeurs généraux de faire preuve du même dynamisme et de la même créativité afin de faire évoluer les tendances actuelles dans certaines zones de notre territoire.
La majorité de la commission ne croit pas à l’efficacité de mesures coercitives. L’enjeu est plutôt aujourd’hui d’attirer les jeunes, à travers des moyens positifs et non négatifs, vers des zones moins bien pourvues sur le plan médical et vers des formes d’exercice de la médecine plus collectives, adaptées à la nouvelle situation. Nous sommes persuadés que cela est possible.
L’avis de la commission sur les nombreux amendements déposés à l’article 15 reflétera l’ensemble de ces convictions.
L’avenir des soins de proximité – médecins et professions paramédicales – est préoccupant.
Un élu d’une zone rurale ou de montagne qui considère l’âge des médecins actifs et les perspectives d’évolution ne peut qu’être très inquiet.
Certes, il n’y a jamais eu autant de médecins. Mais il faut aussi tenir compte de leur répartition. En Lozère, par exemple, le centre d’urgence de l’hôpital de Mende emploie dix-neuf médecins qui travaillent 35 heures, peut-être même moins.
D’une manière générale, un grand nombre de médecins exercent en milieu hospitalier, mais les médecins libéraux sont moins nombreux en zone rurale. Ce n’est pas une critique, c’est un constat.
Par ailleurs, la profession est féminisée à plus de 50 %. Ces femmes, et on les comprend, veulent maîtriser leur emploi du temps, et elles exercent donc souvent à temps partiel.
En outre, il existe des fonctions médicales dans divers secteurs.
Lorsque l’on compare le nombre de médecins en France et dans d’autres pays européens, il faut tenir compte de ces données. En fait, il n’est pas étonnant que l’on manque de médecins dans les campagnes, mais également dans certains secteurs urbains.
Pendant trop longtemps, madame la ministre, vos prédécesseurs ont cru que, en réduisant le nombre de médecins, on diminuerait les dépenses.
C’est comme si l’on prétendait que l’on allait manger plus de pain parce qu’il y a plus de boulangers. Ce n’est pas parce qu’il y a plus de médecins que l’on dépensera plus ! Peut-être même est-ce l’inverse.
Si les médecins ne sont pas assez nombreux, ils sont surmenés. Faute de temps, ils multiplient les actes au lieu de procéder à un examen approfondi. Et ceux qui ont exercé la médecine savent qu’il faut parfois aller vite pour assurer toutes les visites et consultations !
En tout état de cause, mes chers collègues, il faut tordre le cou à cette fausse analyse !
Madame la ministre, vous avez décidé d’augmenter le numerus clausus. Pourriez-vous nous donner des chiffres précis ? Il était à une époque de 3 500. Il semble qu’il soit aujourd’hui entre 7 000 et 8 000.
Il faudrait arriver à 10 000 si l’on veut vraiment peser sur la situation.
M. le rapporteur a indiqué que, pour satisfaire les besoins de santé, il fallait agir sur le mode incitatif. De grâce, madame la ministre, tenez bon sur ce point ! Ce n’est pas en obligeant des médecins à s’installer dans des régions dans lesquelles ils ne veulent pas vivre que l’on contribuera au bon fonctionnement d’un service de soins de proximité. Il faut certes inciter les médecins à s’installer dans les zones délaissées, et nous vous soutiendrons sur ce point, mais il ne faut pas les y contraindre : incitation, oui, mais pas de coercition !
Les zones sous-dotées en médecins méritent mieux que des praticiens qui viennent la mort dans l’âme et qui, au fond, n’adhéreront pas à la réalité de la vie locale. Mieux vaut les inviter à venir découvrir ces régions à l’occasion d’un remplacement. J’ai d’ailleurs déposé un amendement allant dans ce sens. Ensuite, ils seront volontaires pour s’y installer, et tout le monde s’y retrouvera.
Avec l’article 15, nous abordons le point essentiel de la formation des étudiants en médecine et de leur répartition territoriale.
Cet article entend répondre à une angoisse diffuse sur les zones du territoire de la République.
C’est d’abord l’inquiétude de nos concitoyens, en particulier dans certains secteurs, qui appréhendent de devoir parcourir de nombreux kilomètres en voiture pour pouvoir être soignés convenablement.
C’est aussi celle des élus et des forces vives qui ont peur pour l’attractivité de leur territoire. Ce projet de loi est relatif aux patients, mais aussi aux territoires. Il faut en tenir compte. Chacun sait que, pour les familles, comme pour les entreprises d’ailleurs, le choix d’une installation sur un territoire donné est naturellement conditionné par des critères de bien-être.
À ce sujet, madame la ministre, votre texte comporte des mesures positives, en particulier la coopération, les stages, le guichet unique et potentiellement les maisons de santé pluridisciplinaires.
Cela étant, à mon avis, comme l’ont dit les précédents orateurs, il ne va pas suffisamment loin. On ne règle pas de tels problèmes à distance, et l’on peut craindre que la névrose, voire la psychose, qui s’est emparée de la population n’aille grandissant.
Certaines zones périurbaines ou rurales souffrent d’un déficit en matière de démographie médicale, paradoxalement pour des raisons différentes. En milieu rural, les médecins craignent le surmenage et l’éloignement ; en milieu urbain ou périurbain et dans les banlieues parfois difficiles, c’est l’environnement et le style de vie qui n’ont rien d’attrayant.
Dans mon propre département, si la cote d’alerte n’a pas encore été atteinte pour l’instant, certains secteurs sont déjà en manque. D’ici à 2012, plusieurs autres devraient s’y ajouter, et à cette même date, seize nouveaux cantons – on sera passé de trois à seize en quatre ans – n’auront plus que deux à quatre médecins en activité. Autant dire que nous nous trouvons là devant un effet boule-de-neige…
Plusieurs fermetures de cabinet, faute de repreneur, sont révélatrices d’un fait : les jeunes médecins, du moins un grand nombre d’entre eux, ne veulent pas s’installer en zone rurale, pour diverses raisons. À l’issue de leurs études, ils attendent souvent dix ans pour s’établir, et, pendant ce temps, ils assurent des remplacements. Leur moyenne d’âge au moment de leur installation est de trente-huit à quarante ans, …
… après douze ou treize ans d’études. Il faut le dire !
Outre le fait que ces jeunes médecins sont confrontés à un problème de méconnaissance – un travail pourrait être mené dans ces secteurs –, l’évolution du métier telle qu’elle apparaît en zone rurale n’aide pas à les convaincre.
À cela s’ajoutent les changements de mentalités, la manière de vivre des jeunes praticiens, ou plutôt des jeunes praticiennes, qui deviennent majoritaires. Celles-ci sont très souvent attirées par le temps partiel, car elles veulent avoir du temps libre et pouvoir s’occuper de leur famille.
Tout cela ne fait qu’aggraver la situation et nous amène à nous interroger : quelles solutions envisager ? Obliger un médecin à s’installer quelque part ? Comment pourrait-on alors faire ? La décision aurait-elle lieu à l’issue du concours ou en fonction du classement de sortie ?
C’est autre chose, puisque ce sont alors des incitations ! Je parle d’une mesure coercitive plus générale, qui obligerait les étudiants à s’installer au terme de leurs études, comme certains le préconisent. J’aimerais savoir comment cela se ferait, même si j’estime pour ma part que cette proposition serait dans l’immédiat un peu prématurée.
Créer des maisons de santé ou des centres de santé ? C’est l’évidence ! Se regrouper sur un secteur évidemment élargi, pour ne pas se sentir isolé et pour diminuer le nombre de gardes par médecin, apparaît toujours aujourd’hui comme une solution intéressante, voire attractive.
La maison de santé n’est pourtant pas la panacée ! Le regroupement est une bonne chose en théorie. Mais, s’il n’y a pas assez de médecins, cela ne marchera pas ! Par ailleurs, ce sont encore les collectivités territoriales qui devront financer ces maisons de santé pluridisciplinaires, même si l’on a voté tout à l’heure des aides nationales.
L’article 15, qui comporte, je le répète, des mesures intéressantes, est cependant terriblement insuffisant. La logique voudrait que, lorsque l’on prend une décision, elle puisse avoir des conséquences immédiates. Vous nous dites qu’il faut laisser le temps faire son œuvre. Autant dire que, avec ce texte, nous répondrons trop tard à une catastrophe sanitaire peut-être imminente. Nous sommes dubitatifs…
Enfin, je déplore la suppression, en commission, du caractère obligatoire du « contrat santé solidarité ». Si la proposition n’était certes pas aisée à mettre en œuvre d’emblée, il s’agissait en réalité d’un texte d’appel. D’ailleurs, le rejet de cette disposition est très mal ressenti au sein de la population, à en juger le nombre de courrielsque je reçois depuis quelques jours !
Monsieur Cazeau, veuillez conclure ! Vous avez déjà parlé six minutes et demie !
Nous espérons donc que Mme la ministre reviendra sur ce « contrat santé solidarité ». Quant à l’allocation prévue à l’article 15 bis, nous y sommes favorables.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, comme mon collègue Bernard Cazeau, je suis frappé par la différence qui existe entre le problème auquel nous sommes confrontés partout et les dispositions proposées dans le texte.
Dans mon département du Loiret, à Châtillon-sur-Loire, à Outarville, à Courtenay ou encore à Châteaurenard, pour prendre des exemples de cantons très concrets, d’ici à dix ans, il risque non pas de ne plus y avoir suffisamment de médecins, mais de ne plus y avoir de médecins du tout !
Vous avez redit que les collectivités locales pouvaient mener une action très bénéfique. Peut-être, mais nous connaissons aussi des déconvenues. Certaines communes ont tout fait pour attirer des médecins aux frais des contribuables : elles ont créé les conditions financières nécessaires et prospecté dans toute l’Europe de l’Est pour les faire venir. Elles ont connu des échecs et ont fait plusieurs tentatives, mais toujours sans succès, puisqu’il n’y a toujours pas de médecins !
Il est évidemment très difficile de trouver une réponse à cette question. On dit qu’il faut respecter le droit de chacune et de chacun à la médecine, le droit à la santé, sans pour autant recourir à la coercition, qui serait mal perçue.
Je souhaiterais, madame la ministre, vous interroger sur une mesure à laquelle, je le sais, vous avez déjà pensé. De nombreux étudiants éprouvent des difficultés financières à faire leurs études de médecine et aimeraient bien être aidés.
Vous nous proposez que ces étudiants puissent bénéficier d’une aide financière moyennant l’engagement d’exercer pendant un certain temps là où leur présence sera nécessaire.
Je voudrais vous demander s’il n’est pas possible d’aller plus loin, en s’inspirant de ce qui s’est passé longtemps pour les écoles normales d’instituteurs, les IPES : nombre de jeunes ont pu devenir enseignants…
… grâce à des aides de l’État. Ces étudiants, dont je fais partie, ont passé un contrat. J’ai ainsi dû exercer mon activité pendant dix ans là où l’on a eu besoin de moi.
Madame la ministre, comptez-vous mettre en œuvre un tel dispositif ? Je sais que vous en avez l’ambition. Mais avec quels financements ? Est-il possible que l’État – je dis bien l’État, parce qu’il ne me semble pas juste que cette obligation revienne aux collectivités locales – s’engage pleinement dans une telle voie non coercitive en proposant un contrat à des jeunes à la fois pour faire leurs études et pour exercer là où l’on a besoin d’eux ? Ce serait une façon républicaine d’apporter une réponse à cette question !
Cet article vise à renforcer les leviers d’action pour réduire les inégalités de répartition des professionnels de santé.
Je vous propose de répartir les flux d’internes par spécialités, et non plus par disciplines, médicales ou chirurgicales. Chaque spécialité fera ainsi l’objet d’une prévision quinquennale des postes offerts, y compris, bien entendu, la médecine générale. Mais s’il faut s’attaquer aux flux de sortie, il convient aussi, évidemment, de s’occuper des flux d’entrée.
Cet article 15 vise ainsi, je le répète, à mieux répartir le flux d’étudiants de première année de médecine et celui des internes pour chacune des spécialités, afin de disposer, dans chaque région, du nombre de spécialistes nécessaires pour répondre aux besoins de santé de nos concitoyens.
Je souhaiterais d’ailleurs, sur la question du numerus clausus, redonner des chiffres, parce que j’ai entendu des choses étonnantes. Certains ont dit, par exemple, que la diminution drastique du numerus clausus en première année de médecine résultait des dispositions prises par le plan Juppé. Évidemment, il n’en est rien !
Alors que le numerus clausus était de 4 700 places en 1987, le gouvernement de gauche – c’était le second septennat de François Mitterrand – l’a fait passer à 3 500 places en 1993 !
Rires
Non, pas lui ! Le numerus clausus a donc baissé de 1 200 places, jusqu’à atteindre son plus bas niveau en 1993, avec 3 500 étudiants admis à la fin de la première année de médecine.
Ensuite, le mouvement s’est amorcé extrêmement lentement, et la véritable remontée coïncide avec le retour de la majorité actuelle en 2002. Le numerus clausus est alors passé à 4 100 places, et il est aujourd’hui de 7 400 places, mon objectif étant de le porter à 8 000. L’ensemble des évaluations montrent que, lorsque nous y serons parvenus, nous aurons atteint notre régime de croisière !
J’ai donc déjà augmenté le numerus clausus de 300 places pour le porter à 7 400 étudiants. J’ai, sur cette question, une vision quantitative, mais aussi qualitative : ces 300 places supplémentaires ont été exclusivement affectées dans les inter-régions où la densité médicale est inférieure à la moyenne nationale, au lieu d’augmenter le pourcentage dans toutes les régions, comme on le faisait jusque-là.
Dans le même temps, j’ai voulu – c’est une révolution culturelle ! – que des places soient supprimées dans les zones dont la densité médicale est supérieure à la moyenne nationale. J’ai ainsi diminué le nombre de places attribuées de 67 unités en Île-de-France, de 38 unités dans l’inter-région sud-est et de 28 unités dans l’inter-région sud-ouest. Et toutes ces places ont été réaffectées dans les zones défavorisées.
Ce travail de rééquilibrage de la démographie médicale sera poursuivi dans les années à venir, et je souhaite que ce principe de formation des médecins en fonction des besoins de nos concitoyens soit étendu aux internes, afin que les futurs spécialistes soient, eux aussi, répartis sur le territoire selon les mêmes critères.
Je veux appeler votre attention, mesdames, messieurs les sénateurs, sur le fait que cette démarche extrêmement volontariste est difficile à mener dans la mesure où elle se heurte – je ne vous le cache pas – à un certain nombre de fiefs.
Pour donner leur pleine mesure à ces dispositions, je souhaite toutefois déposer un amendement visant à retirer de ce texte la mention concernant les capacités de formation, retenues comme critère pour déterminer le nombre d’internes à former.
En effet, appliquer cette disposition reviendrait à reprendre d’une main ce que l’on donnerait de l’autre, puisque l’on comprend bien, évidemment, que les régions sur-dotées sont aussi celles qui disposent des plus grandes capacités de formation.
Par conséquent, si l’on détermine le nombre d’internes en fonction des capacités de formation, on revient à la case départ.
Or, ce sont vraiment les besoins de santé de la population qui doivent primer, et non les capacités de formation.
Le texte entend procéder à une simplification législative pour permettre au pouvoir réglementaire de déterminer les contenus de formation, afin de mieux les adapter aux priorités de santé publique.
Le texte vise à instituer un système de validation des acquis de l’expérience qui n’existe pas actuellement pour les médecins. Il rend en outre l’internat en odontologie qualifiant et prévoit – j’insiste sur ce point –que, après trois ans de mise en œuvre des schémas régionaux d’organisation des soins ambulatoires, les mesures incitatives mises en place feront l’objet d’une évaluation partagée entre l’ARS, les représentants des médecins libéraux et ceux des étudiants en médecine.
Le paquet de mesures qui vous est proposé est donc extrêmement puissant et – je le signale pour répondre à Jacques Blanc – incitatif. Il joue sur la formation des médecins par des dispositifs de toutes sortes sur lesquels nous reviendrons au cours de la discussion ; il intervient au moment de leur installation, de façon à l’orienter ; il porte également sur leurs modes d’exercice. Bref, encore une fois, il est très substantiel.
Mais j’ai été extrêmement sensible aux doutes de ceux qui se demandent si tout cela sera suffisant. C’est précisément pour cela qu’une évaluation doit intervenir au bout de trois ans. Si cette dernière montre que les mesures incitatives sont insuffisantes, le directeur de l’ARS pourra proposer aux médecins des zones sur-dotées de contribuer à mieux répondre aux besoins de santé de la population au moyen d’un « contrat santé solidarité ».
Je tiens à rendre hommage au rapporteur de l’Assemblée nationale, Jean-Marie Rolland, qui a effectué un travail de déminage et de concertation absolument remarquable. C’est lui l’auteur de ce dispositif, qui repose sur un principe de solidarité intergénérationnelle, puisqu’il fait peser les mêmes contraintes sur les jeunes médecins et sur leurs aînés.
Cette mesure incitative ne sera mise en œuvre que dans les territoires où elle paraît appropriée, au vu d’une évaluation menée au plus près du terrain et après la concertation la plus large possible.
Les jeunes médecins ont donné leur accord à ce dispositif, parce qu’il est équilibré.
La commission des affaires sociales du Sénat a rendu cette mesure facultative. Or je pense véritablement – et je le dis avec beaucoup de solennité à M. le rapporteur – que, si tel devait être le cas, ce ne serait pas suffisant pour organiser une réponse effective en matière de santé dans les zones sous-dotées dans l’hypothèse où le paquet, pourtant extrêmement substantiel, se serait révélé insuffisant.
De plus, le Sénat doit bien évaluer la nature du message qu’il souhaite envoyer à nos concitoyens et aux médecins, notamment les plus jeunes. Il est souhaitable de préserver l’accès aux soins dans les villes comme dans les campagnes.
Je considère que l’équilibre trouvé à l’Assemblée nationale, dans un consensus assez remarquable étant donné le caractère extrêmement délicat de tels sujets, mérite d’être préservé.
Enfin, le présent article reprend le contenu de la proposition de loi de Jacques Domergue visant à créer une première année commune aux études de santé et à faciliter ainsi la réorientation des étudiants.
À cet égard, je voudrais affirmer mon plein accord avec cette mesure importante. Mais cette proposition est encore en discussion au Parlement, et il faut à mon avis laisser plus de temps pour son examen.
Le Gouvernement a donc déposé, pour des raisons non pas de fond, mais d’opportunité, un amendement visant à supprimer le I de cet article.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
La séance, suspendue à vingt heures cinq, est reprise à vingt-deux heures, sous la présidence de M. Roland du Luart.