Intervention de Philippe Marini

Réunion du 22 juin 2011 à 21h00
Loi de finances rectificative pour 2011 — État b

Photo de Philippe MariniPhilippe Marini, rapporteur général de la commission des finances :

J’en viens à l’amendement proprement dit.

Plusieurs raisons de fond et de forme ne nous permettent pas, à ce stade, de voter les ouvertures de crédits prévues dans ce collectif budgétaire en faveur de la construction du grand auditorium dit de la « Philharmonie de Paris ».

Premièrement, des incertitudes persistent quant à l’évolution du coût global du projet. Annoncé à 203 millions d’euros dans le projet de loi de finances pour 2008, ce coût est aujourd’hui estimé à plus de 336 millions d’euros, dont 158 millions d’euros à la charge de l’État, soit une progression de 66 % en trois ans pour des raisons qui demeurent obscures. Que dirait la chambre régionale des comptes s’il s’agissait d’une ville ou d’un département ! Seul l’État, privilège régalien, peut échapper à l’opprobre.

Deuxièmement, depuis son lancement, le projet semble faire l’objet d’atermoiements permanents, ce qui a notamment conduit à une interruption du chantier au cours de l’hiver 2010. À l’époque, le Gouvernement a justifié cette interruption par le fait que les modalités de financement de la part de l’État n’étaient pas totalement « finalisées ». Il faut en déduire que certains grands chantiers culturels sont lancés avant que leur financement ne soit arrêté. Voilà qui n’est pas de nature à rassurer la représentation nationale !

Troisièmement, les retards du chantier ont entraîné des reports de crédits, parfois massifs, d’exercice en exercice. Dès lors inutilisables pour la Philharmonie, les crédits concernés ont été redéployés à des fins diverses, comme le financement de la « carte musique », les aides aux diffuseurs de presse ou encore le comblement des déficits chroniques de l’Institut national de recherches archéologiques préventives. Tous ces emplois de crédits sont parfaitement légitimes – il n’est nullement question de les contester –, mais je trouve assez étranges de tels mouvements de va-et-vient.

Quatrièmement, selon les informations dont dispose la commission des finances, le ministère a engagé la totalité des crédits correspondant à ce projet sans attendre le vote du collectif budgétaire en cours d’examen.

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