Intervention de Bariza Khiari

Réunion du 7 octobre 2010 à 21h00
Réforme des retraites — Article 5

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

Cela fait maintenant huit ans, monsieur le ministre, que votre majorité est au pouvoir – huit ans de trop ! Cela fait huit ans qu’elle dispose de tous les leviers. Le bilan est édifiant : tous nos comptes sont dans le rouge ; les déficits se creusent ; le chômage des jeunes et des seniors augmente.

Face à cette situation économique et sociale désastreuse, dont vous êtes comptables, nous pensons aussi qu’il faut agir.

Les socialistes français, tout comme la société française, savent qu’une réforme des retraites est nécessaire, et ce non pour de simples raisons démographiques, lesquelles ont néanmoins leur importance, nous ne l’avons jamais nié.

Les Français savent que cette réforme est nécessaire, mais ils veulent une réforme juste. Ils savent aussi que le seuil des 60 ans constitue pour eux un bouclier social que vous voulez dynamiter.

Qui est concerné par le report de l’âge légal de la retraite de 60 ans à 62 ans ?

Ceux qui ont commencé à travailler tôt : avec ce projet, un salarié ayant débuté dans la vie professionnelle à 18 ans va devoir cotiser 44 annuités ; ceux qui, à quelques années de la retraite, éprouvent une grande fatigue liée à la pénibilité de leur emploi.

Ces ouvriers, ces employés, vous les soumettez à la double peine. Non seulement ils vont devoir attendre deux ans de plus pour pouvoir entamer une nouvelle période de leur existence, mais rien n’est prévu pour eux en matière de pénibilité. Vous confondez pénibilité et invalidité ; c’est consternant !

Vous faites payer par les plus modestes l’essentiel de l’effort de financement ; c’est profondément injuste !

Vous mettez aussi à contribution les collectivités locales : 60 % des Français de plus de 55 ans sont en situation de chômage ; s’ils doivent attendre 62 ans pour toucher leur retraite, cela signifie qu’ils vont devoir passer par la case RMI et RSA.

L’équilibre des comptes que vous nous présentez pour 2018 est factice : c’est notamment l’assurance chômage et les collectivités locales qui vont payer une grande partie de la facture.

Ce n’est pas l’allongement de l’espérance de vie qui est une menace pour nos retraites.

Ces gains de vie, nous les devons à la mise en place de l’État providence, que vous n’avez cessé de vouloir démanteler.

Ces gains de vie, nous les devons à notre modèle social, héritage du Conseil national de la résistance, que vous ne cessez de casser.

L’issue n’est pas dans ce report infini de l’âge légal de la retraite : 62 ans aujourd’hui… Pourquoi pas 65 ans ou 70 ans demain ?

L’issue est dans une politique active en faveur de l’emploi.

Je vous entends encore dire : « Nous irons chercher la croissance avec les dents », ou encore : « Travailler plus pour gagner plus ».

Sans politique de l’emploi, sans une croissance riche en emploi, monsieur le ministre, votre réforme échouera comme a échoué la réforme Fillon de 2003.

Parce que le seuil des 60 ans constitue aujourd’hui le dernier bouclier social des plus modestes, de ceux qui se lèvent tôt pour travailler, nous refusons le report de l’âge légal de la retraite à 62 ans.

C’est pourquoi nous souhaitons la suppression de cet article 5 du projet de loi.

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