Intervention de Jean Arthuis

Réunion du 6 juillet 2005 à 15h00
Orientation budgétaire — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Jean ArthuisJean Arthuis, président de la commission des finances :

Cessons donc de demander à nos entreprises de prendre en charge la solidarité édictée par les Etats pour faire vivre la cohésion sociale et organisons un nouveau partage des tâches : aux entreprises la responsabilité de l'activité et de l'emploi, aux citoyens le financement de la solidarité. Par ailleurs, et malgré les abus récents, n'ayons pas peur d'adopter une vision européenne offensive. Il ne s'agit plus seulement de se demander comment être crédible en Europe, il faut aussi se demander comment être crédible grâce et par l'Europe !

Il faut, et j'ai déjà plaidé en ce sens à maintes reprises, mettre en place un gouvernement économique européen et nous servir de l'euro comme d'un bouclier pour nous préserver des chocs externes. Il est donc urgent de mettre en synergie politique monétaire et politique budgétaire. Il est tout aussi urgent de mettre en place ce « gouvernement économique européen ».

Si nous construisons l'Europe, c'est pour qu'elle génère elle-même sa propre croissance et mobilise tout son potentiel de ressources humaines, de créativité, de travail, de compétences diverses.

En effet, c'est en matière de gouvernance économique, d'harmonisation fiscale et de politique commerciale que l'Europe doit jouer son rôle. Les parités monétaires, notamment celle du yuan par rapport à l'euro, doivent être corrigées. C'est au moment de la négociation des accords commerciaux bilatéraux que doivent être réglées de telles questions pour que le libre échange, profondément nécessaire, ne soit pas biaisé par des taux de change inadaptés et injustes. S'il n'est pas concevable de revenir à un protectionnisme généralisé dont nous ne voulons plus, je souhaite que l'Europe puisse, quand cela est nécessaire, adopter ponctuellement des mesures d'urgence et de sauvegarde, et le secteur du textile en constitue un exemple, afin de favoriser les adaptations de nos économies et d'absorber les chocs économiques majeurs. Il est donc urgent de libérer les initiatives pour retrouver le chemin de la croissance de façon déterminée.

A nous, en accord avec le Gouvernement, de prendre notre destin en main, de tracer les orientations budgétaires et fiscales au service de la croissance de demain et des emplois d'après-demain.

Il n'est en ce domaine de pire résignation que d'évoquer la fatalité.

Tel est le sens de notre engagement, résolu et volontariste. Soyez assurés, messieurs les ministres, que nous serons toujours à vos côtés dans cette démarche de lucidité et de courage.

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