Dès mon arrivée au ministère de la santé, j'ai souhaité renforcer notre mobilisation face à ce risque.
J'ai participé à un exercice gouvernemental national le 30 juin dernier. Plusieurs questions m'ont été posées à ce sujet et je vous indique donc que cela nous a permis d'anticiper, mais aussi et surtout de bien veiller au caractère opérationnel des décisions que nous avons à prendre. Cet exercice, qui regroupait un très grand nombre d'acteurs, a été particulièrement instructif puisque nous avons pu en retirer quatre grands enseignements.
Tout d'abord, il nous faut nous doter d'une stratégie d'information adaptée à chaque étape de la crise, basée sur la transparence et la responsabilisation.
Ensuite, il nous faut former tous les responsables : politiques, administratifs, professionnels et associatifs.
De surcroît, il nous faut prévoir les moyens d'assistance et de prise en charge des ressortissants français à l'étranger.
Enfin - le Président de République l'a récemment souligné et le Premier ministre l'a appelé de ses voeux à la tribune de l'ONU -, il nous faut appeler à la coopération et à la mobilisation européenne et internationale.
Je me suis également rendu cet été sur la plate-forme de Roissy, pour m'assurer du renforcement des mesures prévues par le plan en matière de contrôle.
Des mesures d'information, notamment la distribution de plaquettes aux passagers des vols directs en direction des zones affectées ainsi que l'affichage fixe et électronique -régulièrement actualisé - dans les terminaux sont déjà mises en oeuvre.
Je souhaite que nous allions plus loin, que nous formions davantage encore les personnels navigants et les personnels au sol, mai aussi que nous puissions créer des spotsd'information à diffuser sur l'aéroport et dans les avions en cas de crise. Ce projet, en liaison avec l'INPES et les aéroports concernés, aboutira d'ici à la fin de l'année.
J'ai également demandé que soit renforcé le service de contrôle sanitaire aux frontières, qui dépend de la DDASS de Seine-Saint-Denis et qui est chargé de vérifier la mise en oeuvre des actions de prévention et de former le personnel aéroportuaire.
J'ai aussi visité l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui est l'un des hôpitaux de référence impliqués dans la prise en charge des malades en cas de menace de pandémie, voire de bioterrorisme, pour m'assurer que les mises aux normes ont été effectuées et pour dialoguer avec les différents acteurs hospitaliers.
Devant la progression de l'épizootie en Eurasie, le Président de la République a demandé au Gouvernement, le 25 août dernier, d'appliquer pleinement le principe de précaution à l'égard de la grippe aviaire afin que chaque Français soit protégé ou puisse être soigné. Il a rappelé que le renforcement de notre état de préparation ne devait rencontrer aucune sorte d'obstacle, qu'il soit de nature économique ou financière.
Il a été décidé de renforcer l'ensemble du dispositif de prévention et de surveillance de l'épizootie, et un ensemble de décisions ont été prises par le Premier ministre.
Outre la désignation le 30 août d'un délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire, en la personne du professeur Didier Houssin, les mesures visent, notamment, à porter les réserves de médicaments antiviraux et les moyens de protection individuelle au niveau nécessaire pour assurer la santé de tous les Français.
Pour répondre à la question de Nicolas About, le stock de 50 millions de masques de protection FFP2 sera porté à 200 millions d'ici au début de l'année. La capacité nationale de production de masques sera développée, en vue d'assurer l'approvisionnement dans les meilleurs délais en cas de pandémie.
Dès le mois de janvier prochain, un premier atelier débutera sa production dans le Nord. Trois autres ateliers suivront dans le courant de l'année, de façon à pouvoir produire 140 millions de masques en 2006 et 400 millions de masques dès 2007. La production mondiale, je vous le rappelle, est actuellement de 600 millions de masques par an.
Nous avons souhaité nous doter d'une telle capacité de production afin non seulement de couvrir nos besoins, mais également de nouer des contacts avec certains de nos voisins en leur faisant savoir qu'ils peuvent s'approvisionner en masques sur le territoire européen.
Quant aux vaccins contre le virus pandémique, ils ne pourront être produits qu'à partir du moment où le virus existera. Ils ne sont donc actuellement pas en cours de fabrication. Toutefois, d'après les scientifiques et les industriels, ces vaccins sont en mesure d'être produits dans un délai de six à neuf mois après la déclaration de la pandémie. Cette question leur a été posée de façon récurrente, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, et leur réponse a toujours été constante.
Le Gouvernement pense que ces délais ne relèvent en rien de l'affichage et qu'ils correspondent effectivement à des étapes très précises. Je pense notamment au vaccin pré-pandémique, que le Gouvernement français a d'ores et déjà commandé - et non réservé - et qui permettra de booster la production industrielle et pharmaceutique. Il s'agit là d'un point important.
Pour assurer, s'il en était besoin, la vaccination de toute la population, le Gouvernement souhaite aller au-delà des 40 millions de vaccins déjà réservés, soit jusqu'à 62 millions de vaccins.
En vu d'effectuer ces réservations complémentaires, le délégué interministériel, sur mes recommandations, vient d'écrire à cinq laboratoires pharmaceutiques pour obtenir leurs propositions.
Concernant les réserves de médicaments anti-viraux, elles seront portées à un niveau supérieur à celui qui existe actuellement, même si l'OMS indique que la France compte aujourd'hui parmi les pays les mieux préparés. Je n'en dirai pas plus, mais il est intéressant de noter que l'OMS juge favorablement l'action française.