Intervention de Marcel Rainaud

Réunion du 14 juin 2011 à 9h30
Questions orales — Avenir de l'éducation

Photo de Marcel RainaudMarcel Rainaud :

Madame la secrétaire d’État, le projet de carte scolaire pour 2011-2012 présente une suppression massive de postes et soulève non seulement bon nombre d’interrogations, mais aussi de l’inquiétude.

Depuis maintenant plusieurs semaines, les associations de parents d’élèves et les enseignants nous alertent, mon collègue Roland Courteau et moi-même, sur l’avenir de certains établissements scolaires de l’Aude et sur la capacité de fonctionnement de ces derniers. Pas une seule semaine ne passe sans une mobilisation de parents d’élèves, une manifestation, une occupation d’école.

Notre département enregistre la fermeture de 23 postes d’enseignant, la suppression de 174 emplois de vie scolaire affectés à l’aide administrative ; les postes affectés à l’aide aux directeurs passent de 161 à 61. À terme, certains cours seront abandonnés : ainsi, à la prochaine rentrée scolaire, le lycée Jacques-Ruffié à Limoux perdra quatre heures de cours d’occitan sur six.

Le collège Joseph-Anglade de Lézignan-Corbières, le plus grand de la région Languedoc-Roussillon avec 1 100 élèves, devra, quant à lui, faire face à cet effectif en ayant, comme moyens humains, un poste en contrat unique d’insertion au lieu de sept précédemment, un surveillant pour 150 élèves, une seule infirmière scolaire, qui a en charge au total vingt-neuf communes, et, bien sûr, un seul médecin scolaire. Enfin, le poste d’aide laborantin est supprimé. Alors, quid des travaux pratiques de physique et de chimie ?

À Montredon, hameau de Carcassonne, les parents se mobilisent pour obtenir l’ouverture d’une classe maternelle supplémentaire, une vingtaine d’enfants ne pouvant actuellement être inscrits, faute de places.

Ce plan départemental est un nivellement par le bas inacceptable.

Les décisions du Gouvernement auront de lourdes conséquences, non seulement sur la sécurité de nos enfants – les effectifs augmentent alors que les moyens humains d’accompagnement pédagogique se réduisent comme peau de chagrin –, mais aussi sur la qualité de l’offre de formation.

Madame la secrétaire d’État, en raison du manque de moyens, les conditions de travail dans une classe en surnombre creuseront les inégalités scolaires, sociales et territoriales.

Comme moi, vous savez que l’enseignement dispensé à l’école tant préélémentaire qu’élémentaire est crucial pour l’acquisition du socle de connaissances garantissant l’avenir scolaire.

Or le plan en question contredit tous les objectifs de lutte contre l’échec scolaire. Il est la suite logique du processus enclenché depuis 2002 : la priorité du chiffre et non la qualité de l’enseignement.

Je ne peux me résigner à voir appliquer un tel projet. Je ne peux me résigner à voir ruiner les démarches accomplies par les élus locaux ces dernières années pour défendre et pour maintenir des zones d’éducation prioritaires, pour faire vivre les écoles, pour pallier les désengagements de l’État. Je ne peux me résigner, enfin, à voir disparaître petit à petit l’école en milieu rural.

Ce projet affiche un souci de rentabilité et aucune préoccupation de l’avenir d’une génération sacrifiée.

Quelle vision le Gouvernement a-t-il de l’avenir de nos enfants ? Quelle ambition nourrit-il pour ces derniers ? Dans de telles conditions, quelles perspectives pouvons-nous offrir aux jeunes Audois ?

Je vous remercie de bien vouloir m’indiquer si le Gouvernement est prêt à revenir sur cette politique et à s’engager concrètement pour le futur.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion