Intervention de Jean-Paul Virapoullé

Réunion du 12 mars 2009 à 15h00
Développement économique de l'outre-mer — Articles additionnels après l'article 20, amendements 20 000 10

Photo de Jean-Paul VirapoulléJean-Paul Virapoullé :

Tout le monde a compris que la politique de logement outre-mer est au centre de nos préoccupations, le logement étant un facteur de cohésion, de paix et de justice sociales. Le manque de logements sociaux est l’un des facteurs qui expliquent l’explosion sociale outre-mer.

À ce point du débat, je voudrais apporter tout mon soutien au Gouvernement, qui a eu le courage d’orienter la défiscalisation vers le logement social. C’est, à mon avis, un choix stratégique dont nous mesurerons les effets dans les années à venir.

Mon amendement permet de répondre aux propos tenus par un des mes collègues du groupe CRC-SPG qui a cité les statistiques concernant la Réunion : la loi Girardin a contribué à développer le logement intermédiaire spéculatif alors que, dans les quatre départements d’outre-mer, nous avons un besoin extraordinairement important de logement très social, qui est financé essentiellement par la LBU, et de logement social intermédiaire, qui n’est financé par personne. Entre les très pauvres et la classe moyenne, il y a les pauvres : il faut donc tenir compte de tout l’éventail de situations. L’amendement se situe dans la droite ligne de la volonté politique du Gouvernement de développer la solidarité sans dépenser plus, mais en dépensant mieux.

Mon intervention est un peu longue, car je souhaite proposer, avec cet amendement, à l’ensemble de mes collègues de mettre en œuvre du logement intermédiaire social. Le Gouvernement devra fixer par décret les plafonds de ressources ouvrant droit à l’accession à ce type de logement, ainsi que le prix du loyer au mètre carré, afin de mettre fin à l’absence de tout dispositif entre le logement très social, et le logement intermédiaire défiscalisé, sur lequel je partage les analyses qui ont été faites. Avec cet amendement, nous allons donc créer la séquence sociale manquante dans le logement.

L’adoption de mon amendement n’entraînera pas une augmentation de la dépense, mais contribuera à mieux l’orienter. Le bâtiment est la première industrie des quatre départements d’outre-mer, comme l’est l’automobile en métropole. Si, en période de crise internationale, nationale et départementale, nous rajoutons une crise du logement, ce n’est pas la Guadeloupe que nous verrons exploser, mais les quatre départements d’outre-mer ! L’industrie du bâtiment est facteur de cohésion, parce qu’elle permet aux familles de vivre correctement, et facteur d’emplois : 20 000 emplois à la Réunion, dont 10 000 dans le seul secteur du logement, et la situation doit être la même dans les autres départements d'outre-mer.

Mes chers collègues, je vous demande de bien réfléchir en votre âme et conscience avant de vous prononcer sur cet amendement. En l’adoptant, vous poserez la première pierre d’une réorientation, d’une refondation de la solidarité entre la métropole et l’outre-mer : il s’agira non pas de dépenser plus, mais de dépenser mieux ; non pas d’augmenter obligatoirement le débit, mais de le réguler vers ceux qui en ont le plus besoin.

Voilà pourquoi je compte sur la sincérité, l’objectivité et le soutien de chacun d’entre vous pour mettre en œuvre ce que j’appelle le « Jégo social »

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