Intervention de Yves Jégo

Réunion du 12 mars 2009 à 15h00
Développement économique de l'outre-mer — Articles additionnels avant l'article 27

Yves Jégo, secrétaire d’État :

Le Gouvernement est très favorable à cet amendement.

Il s’agit là de l’aboutissement d’un long travail, engagé l’année dernière par Jean-Louis Borloo, lors de son déplacement à la Réunion, et par moi-même, à l’occasion de mes dix déplacements en dix mois sur cette île. Nous avons tous deux pu constater que la Réunion était en passe de devenir la vitrine nationale, voire internationale, en matière de développement durable et d’énergies renouvelables. Je tiens en effet à rappeler devant le Sénat que 36 % de l’énergie consommée sur l’île de la Réunion est produite à partir d’énergies renouvelables, alors que l’objectif national est seulement de 13 %. La Réunion est donc très en avance !

Parmi les sources de cette énergie figurent le solaire mais aussi la biomasse, qui représente une évolution tout à fait remarquable d’une activité traditionnelle, l’exploitation de la canne à sucre. La bagasse, c’est-à-dire ce qui reste de la canne à sucre lorsqu’on en a extrait la matière destinée à la consommation, sert en effet à alimenter deux centrales énergétiques qui fournissent à elles seules, en pleine période de production de canne à sucre, jusqu’à 40 % de l’électricité consommée dans l’île. Cette expérience spectaculaire et remarquable est exemplaire de ce que nous devons faire pour la planète, dans le cadre du développement durable.

La difficulté vient de ce que le prix du kilowattheure produit à partir de la bagasse est deux fois moins valorisé que celui du kilowattheure produit à partir du charbon, et six fois moins que celui produit à partir d’autres biomasses. Il s’agit d’une injustice absolue, que le Gouvernement, si vous adoptez cet amendement, sera en mesure de corriger.

À la Réunion, la filière de la canne à sucre représente 4 000 emplois, qui se trouveront non seulement confortés mais aussi renforcés grâce à une meilleure rémunération des producteurs. Cette production représente près de 100 millions d’euros. La filière investit également dans la recherche de nouvelles fibres de canne à sucre.

Cette expérience est la traduction très concrète de ce qu’il est possible de faire à partir des richesses naturelles de l’outre-mer. La croissance de l’outre-mer peut certes être entraînée par la production agricole traditionnelle, le tourisme, les nouvelles technologies, mais aussi par le secteur des énergies renouvelables.

Un tel exemple montre non seulement que l’outre-mer peut devenir une vitrine en matière d’énergies renouvelables, ne plus importer de pétrole, et donc ne plus dépendre des tarifs des compagnies pétrolières, mais également qu’il est possible de mieux rémunérer les producteurs locaux et de faire en sorte que les agriculteurs traditionnels trouvent des sources de revenus.

Je souhaiterais d’ailleurs que la montée de l’agitation médiatique autour de l’outre-mer à laquelle nous assistons depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois – agitation d’ailleurs provoquée par des événements douloureux ! –, soit aussi importante et récurrente s’agissant de cette expérience exemplaire. Il est certes légitime que les médias parlent de l’outre-mer lorsque cela ne va pas. Mais j’aimerais qu’ils évoquent avec la même force cet outre-mer exemplaire, la mobilisation de la Réunion autour des énergies renouvelables, ou bien encore, cher Claude Lise, le formidable effort de recherche et de prévention des aléas climatiques accompli en Martinique.

Je vous prie de m’excuser, mesdames, messieurs les sénateurs, de ne pas tous vous citer. Car dans tous les départements d’outre-mer, on retrouve cette exemplarité !

Il serait bon de valoriser cet aspect des choses, ne serait-ce que pour montrer à nos compatriotes de métropole que l’outre-mer, mesdames, messieurs les sénateurs de la commission des finances, s’il peut parfois coûter un peu d’argent, peut aussi nous apporter beaucoup face aux grands enjeux actuels.

Nous devons profiter de l’occasion offerte par un tel amendement pour valoriser le rôle si utile de l’outre-mer en tant que « vitrine » des énergies renouvelables.

Le Gouvernement émet donc un avis très favorable et souhaite que cet amendement soit largement soutenu par votre assemblée.

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