Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous débattons aujourd’hui d’un plan d’aide à la Grèce. Ce plan est déjà obsolète, comme l’a déclaré hier M. Regling, directeur général du Fonds européen de stabilité financière.
Ce plan est déjà dépassé, car comment construire une Europe solidaire lorsque les pays excédentaires le sont au détriment de leurs voisins, par conséquent déficitaires ? Lorsque la course au dumping fiscal et au dumping social aboutit à un manque de recettes pour les États ? Lorsqu’il n’y a aucune politique volontariste de lutte contre la spéculation ? Comment sauver la Grèce en l’absence d’une véritable politique de coordination et de régulation économique européenne ?
Nous vivons actuellement les derniers soubresauts d’un modèle économique qui dévaste le monde entier, aussi bien les populations que les ressources naturelles. Ce modèle néolibéral, basé sur le capitalisme d’endettement, s’est imposé depuis les années soixante-dix avec la prise de pouvoir du monde de la finance internationale sur l’économie réelle et le pouvoir politique.
Ce modèle relève d’un mécanisme simple et destructeur. L’augmentation de la productivité a conduit à un chômage endémique, à une baisse des revenus des plus modestes, voire à la misère et à l’enrichissement de plus en plus effréné des plus aisés.
La mondialisation libérale accroît les inégalités par le biais des baisses d’impôts et la mise en place d’une concurrence sociale.
La politique de dérégulation, qui a longtemps permis de maintenir une croissance artificielle par la dette, explose aujourd'hui, et c’est la crise.
Le Gouvernement a favorisé cette évolution néolibérale. Encore plus grave, une fois la crise avérée, il a été incapable d’en prendre la mesure et de s’attaquer à ses causes.
Où en est la taxe sur les transactions financières dont vous nous parlez depuis déjà trois ans ? Que faites-vous pour limiter le rôle des agences de notation, ces entreprises privées qui jugent les dettes publiques, qui ont été un des principaux catalyseurs de la crise et qui vivent de la spéculation ? Que faites-vous pour lutter contre l’évasion fiscale ? Je me souviens que Nicolas Sarkozy avait déclaré le 23 septembre 2009 au journal télévisé de 20 heures sur TF1 : « Les paradis fiscaux et le secret bancaire, c’est terminé »… Tiens donc !
Il faut une volonté politique, même lorsque les négociations internationales sont difficiles. Regardez les États-Unis, qui ont pendant longtemps été votre modèle ! Aujourd’hui, Barack Obama porte plainte contre dix-sept banques internationales, pour le rôle qu’elles ont joué dans la crise. Aujourd'hui, Barack Obama pose un ultimatum à la Suisse, pour qu’elle lui livre le nom des évadés fiscaux américains.
Sur le plan national, vous nous proposez aujourd’hui quelques mesures budgétaires hétéroclites, prises à la va-vite, uniquement pour rassurer les agences de notation. En fait, ce n’est pas seulement l’inaction mais l’obstination dans l’erreur qui prévaut. Vous suivez sans sourciller le modèle néolibéral, qui achève de se désagréger sous nos yeux. Les profits des entreprises du CAC 40 augmentent en même temps que le chômage. Les inégalités se creusent toujours davantage, comme un rapport de l’INSEE vient de le montrer. Pendant ce temps, vous avez depuis 2007 consciencieusement démantelé les services publics et baissé les impôts pour les plus riches.
Vous avez accru la dette de 40 % en quatre ans ! Et, de grâce, n’invoquez pas la crise ! La Cour des comptes a montré que seul le tiers de cette gabegie lui était imputable ! Vous avez bel et bien vidé les caisses de notre pays à la faveur de la crise ! Votre échec est patent !