Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission des finances, mes chers collègues, l’abandon de la hausse de la TVA sur les parcs à thème, qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines, est une bonne chose.
Pour cause de pouvoir d’achat en berne, de moins en moins de familles peuvent aujourd’hui s’offrir des vacances. Partir s’apparente à un luxe de plus en plus coûteux pour les familles que la crise fragilise de jour en jour. Un Français sur deux ne part pas en vacances. Il n’était donc pas judicieux de renchérir encore davantage ce qui est pour certains l’occasion de sortir, de se changer les idées, de faire autre chose.
Les parcs à thème sont importants économiquement pour certaines régions. Ce sont aussi des lieux qui offrent à ceux qui ont des difficultés l’occasion de voir autre chose l’espace d’un instant. En ces temps difficiles, ne privons pas nos concitoyens les plus modestes de cet espace de liberté. Il est des reculs, madame la ministre, que nous pouvons approuver !
Remplacer cette hausse par une taxe supplémentaire sur les hôtels de luxe, comme vous souhaitez le faire, pourrait être une intention louable. Toutefois, ces derniers ne seront pas les seuls concernés. À Paris, compte tenu du coût du foncier, certains hôtels trois étoiles seront également touchés.
Or, au risque de surprendre, je m’oppose à cette initiative que je juge dangereuse. Les hôtels de luxe sont certes réservés à une certaine clientèle – nous en sommes parfaitement d’accord –, mais ils sont nécessaires à notre économie et au prestige de notre pays. Le risque est que cette taxe aboutisse progressivement à un déclassement des hôtels concernés par cette mesure, ce qui serait néfaste pour l’économie française.
Madame la ministre, dans mes fonctions passées, j’ai eu l’occasion de constater le caractère problématique de ces déclassements pour l’attractivité de la France. Jeune fonctionnaire, j’ai dû déclasser le Ritz, le Crillon, le Plaza… En réalité, à l’exception d’un seul, ce sont tous les hôtels « quatre étoiles luxe » de la capitale qui ont à l’époque été déclassés en hôtels quatre étoiles, pour des raisons fiscales, bien évidemment.
Avec cette nouvelle taxe, l’écart entre le prix pratiqué et le prix affiché va se creuser. Je rappelle que le tourisme constitue pourtant une ressource importante pour notre territoire : tâchons donc d’être plus attractifs encore au lieu de scier la branche sur laquelle nous sommes assis !
Commencez donc, madame la ministre, par fixer un taux intermédiaire pour la TVA dans la restauration, puisque l’on voit bien que la baisse extrêmement onéreuse que vous avez opérée n’a nullement porté ses fruits. Le simple bon sens commanderait de revenir sur cette mesure, mais cela reviendrait aussi, je le répète, à frapper de plein fouet vos cibles électorales…
La droite n’aime pas beaucoup les emplois aidés, mais je rappelle que, de l’avis même de la commission des finances, ceux de la restauration coûtent à l’État 150 000 euros par an chacun.
On a le courage que l’on peut, madame la ministre, et vous avez choisi une mesure purement symbolique qui va finalement se révéler contre-productive.
Nous n’avons nul besoin de fragiliser ces lieux créateurs de richesses que sont les fleurons de notre industrie touristique. En revanche, il nous faut opérer une réelle refonte fiscale, qui fera contribuer bien davantage les plus aisés.
Cette taxe constitue de mon point de vue une atteinte à la compétitivité et à l’attractivité de l’industrie touristique française, à Paris mais aussi sur la Côte d’Azur ou dans certaines stations thermales.
Surtout, au moment où nous avons rénové le classement hôtelier et encouragé les investissements pour une montée en gamme des infrastructures hôtelières, au moment où nous créons une cinquième étoile premium pour être au diapason de la concurrence internationale, vous envoyez vraiment un mauvais signal aux opérateurs.
Alors, faites preuve d’un peu de courage, madame la ministre : il y a quelques pistoles à prendre sur la TVA applicable à la restauration. Vous pourriez là véritablement faire acte de bon sens et de bonne administration pour redresser nos finances publiques !